• Histoire d'une vie

     

    Histoire d'une vie

    Histoire d'une vie : roman / Aharon Appelfeld ; traduit de l'hébreu (Israël) par Valérie Zenatti .- Paris : éditions de l'olivier-réédition : Editions Points, 2005 (titre original : Sippur̳ hayim̲̲, initialement publié à Jérusalem en 1999 par Keter)

     

     

     

     

     

     

     

    « Où commence ma mémoire ? Parfois il me semble que ce n’est que vers quatre ans, lorsque nous partîmes pour la première fois, ma mère, mon père et moi, en villégiature dans les forêts sombres et humides des Carpates. D’autres fois il me semble qu’elle a germé en moi avant cela, dans ma chambre, près de la double fenêtre ornée de fleurs en papier. La neige tombe et des flocons doux, cotonneux, se déversent du ciel. Le bruissement est imperceptible. De longues heures, je reste assis à regarder ce prodige, jusqu’à ce que je me fonde dans la coulée blanche et m’endorme. »

    Avec Histoire d’une vie, Aharon Appelfeld nous livre quelques-unes des clés qui permettent d’accéder à son œuvre : souvenirs de la petite enfance à Czernowitz, en Bucovine. Portraits de ses parents, des juifs assimilés, et de ses grands-parents, un couple de paysans dont la spiritualité simple le marque à jamais. Il y a aussi ces scènes brèves, visions arrachées au cauchemar de l’extermination. Puis les années d’errance, l’arrivée en Palestine, et le début de ce qui soutiendra désormais son travail : le silence, la contemplation, l’invention d’une langue. Et le sentiment de l’inachèvement lié au refus obstiné de l’autobiographie, dans son acception la plus courante : histoire d’une vie. Comme si le dévoilement de ce que chacun a de plus intime exigeait une écriture impersonnelle.

    Aharon Appelfeld est né en 1932 à Czernowitz en Bucovine. Ses parents, des juifs assimilés influents, parlaient l’allemand, le ruthène, le français et le roumain. Quand la guerre éclate, sa famille est envoyée dans un ghetto. En 1940 sa mère est tuée, son père et lui sont déportés et séparés. À l'automne 1942, Aharon Appelfeld s'évade du camp de Transnistrie. Il a dix ans. Il erre dans la forêt ukrainienne pendant trois ans, « seul, recueilli par les marginaux, les voleurs et les prostituées », se faisant passer pour un petit Ukrainien et se taisant pour ne pas se trahir. « Je n'avais plus de langue. »

    présentation de l'éditeur


     Articles au fil de la presse...

     


     

    Les fragments de souvenirs qui émaillent ce 'roman' (ainsi qualifié par l'éditeur, mais il s'agit plutôt d'un récit ?) émeuvent le lecteur, apportent un éclairage nouveau, dépouillé, sur les enfants juifs qui vécurent la Shoa en Europe, ainsi que sur la culture juive dans la diversité de sa perpétuation. L'errance de l'auteur, jeune enfant, fugitif solitaire, traversant campagne et forêts au fil des mois et des saisons, est sobrement mais précisément décrite : le lecteur partage ses heures de contemplation, à l'affût du moindre bruit, avec pour seuls compagnons les petits animaux des bois, les oiseaux... Pus tard, arrivant sur la côte italienne avant de traverser la méditerranée vers le futur état d’Israël, le récit change : les intellectuels, les poètes sont évoqués comme des compagnons, pas toujours bienveillants d'ailleurs, de l'auteur. Mais celui-ci rappelle aussi à la mémoire ceux qui furent ses compagnons de jeunesse, la plupart taiseux, d'autres plus bavards, ainsi le jeune Chiko, phénomène à la mémoire exceptionnelle, qui attirait le plublic sous l'oeil jaloux de son 'imprésario', jusqu'à ce qu'une forte fièvre lui brouille définitivement l'esprit, le laissant seul, abandonné. Ou encore le jeune Mordechaï qui fut laissé dans un monastère par ses parents, puis élevé par les moines de 5 à 9 ans, dans le silence, et à jouer aux échecs... Lu en février 2019 (collection Médiathèque de Labarthe sur Lèze, Marianne)

     

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