• A most violent yearA most violent year

    Drame (Etats-Unis, 2004, 123 min)

    Réalisation : J. C. Chandor,

    Scénario :  J. C. Chandor,

    Avec... Oscar Isaac : Abel Morales,Jessica Chastain : Anna Morales, David Oyelowo Lawrence, Alessandro Nivola : Peter Forente, Albert Brooks : Andrew Walsh, Elyes Gabel : Jewlian, Catalina Sandino Moreno : Luisa, Peter Gerety : Bill O'Leary

    Photographie : Tom Hollyman

    Musique : Alex  Hebert

    Producteurs : Neal Dodson, Anna Gerb

    Directeur de la photographie : Bradford Young

    Décors : Doug Huszti

    Costumes : Kasia Walicka-Maimone

    Montage : Ron Patane

    Production : Before the door pictures, Washington square films, Participant media, Imagenation Abu Dhabi FZ, Film nation entertainment,

    Distributeur France : Studio Canal

    Distribution : Warner Bros. Entertainment

     

    Synopsis :  

    Hiver 1981 à New York. Meurtres, cambriolages : la violence n'a jamais été aussi importante. Abel Morales, un immigré mexicain ambitieux qui croit au rêve américain, tente de garder les mains propres dans le milieu corrompu du pétrole new-yorkais. Alors que ses camions sont régulièrement la cible de très violentes attaques, il va tenter de conserver son business, avec l'aide d'Anna, sa femme, fille d'un truand de Brooklyn. Alors qu'il s'engage dans une guerre dont l'issue reste improbable, il met en péril sa sécurité et celle de sa famille. La police commence également à s'intéresser à lui...

     

    Dans la presse... 

    A New York, en cette année 1981, on recense plus d’un million de crimes, des centaines de meurtres, de viols. C’est dans cette violence omniprésente que se débat Abel Morales, petit patron dans le pétrole. Le mal le cerne : son fidèle avocat se qualifie lui-même de « bandit » et sa femme, fille repentie d’un ­escroc notoire, regrette, par moments, les méthodes expéditives de papa. Mais Abel ­demeure inébranlable : riche, il sera, mais honnête, il restera. Sauf que ses camions, en plein New York, se font l’un après l’autre délester de leur chargement. Quel­qu’un veut sa perte, mais qui ?

    On retrouve dans A most violent year, encore plus maîtrisé que dans Margin Call, son premier film, le talent de J.C. Chandor à dessiner un personnage en quelques traits, à dévoiler une psychologie par un détail, une intonation, un geste. Tout est cinéma dans A most violent year. Tout sert le cinéma. Tout exalte le cinéma : le manteau beige un peu voyant du héros, qui, soigneusement plié sur le canapé de son futur débiteur, ressemble à la dépouille de ses illusions. Le souffle rauque d’un employé sur le point de commettre l’irréparable. Et la beauté de New York, contemplée, dans un éclairage doré et poisseux, par Abel en route vers le succès. C’est grâce à cette foi absolue dans le cinéma que le film est magistral. (Pierre Murat, Télérama)

     

    Vu en Août 2017 (diffusion tv) 

     

     

      

     

     


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  • Colo Colo

    Drame (Portugal, 2016, 136 min)

    Réalisation : Teresa Villaverde,

    Scénario :  Teresa Villaverde,

    Montage : Rodolphe Molla,

    Avec... Alice Albergaria Borges, João Pedro Vaz (le père), Beatriz Batarda (la mère)

    Photographie : Acácio de Almeida

    Production : Alce Filmes, Sedna Films

    Productrices : Teresa Villaverde, Cécile Vacheret

    Assistant de production : Flavien Giorda

     

    Synopsis :  

    Au Portugal, la lente implosion d'une famille portugaise touchée par la crise économique.

     

    Dans la presse... 

     « Onze ans après l’intranquille Transe, la réalisatrice portugaise Teresa Villaverde filme à nouveau une très impressionnante chute sans fin. Celle d’une famille frappée de plein fouet par la crise économique: le père, a perdu son travail, tandis que la mère s’épuise à combiner deux emplois. Colo ne met pas de guillemets autour du parcours de croix de cette famille qui se retrouve à vivre comme en temps de guerre. Pourtant, Colo ne tombe pas dans un misérabilisme étouffant. Exigeant mais visuellement incroyable, le film de Villaverde ne ressemble pas du tout à l’image que l’on se fait du “cinéma social” ultraréaliste. Tant mieux. » (Grégory Coutaut, filmdeculte.com)


    Ce qui saute aux yeux dans la première scène du film de Teresa Villaverde, c’est l’arrière-plan, une rangée d’arbres qui se poursuit avec les tours d’une cité résidentielle. Comme si on assistait, spectateurs impuissants, à cette mutation, à la nature qui s’efface pour laisser place à la “civilisation”. Mais cette transformation, dans la logique des choses, n’est pas forcément un progrès. Comme le confirmeront les scènes suivantes, la cité  n’a rien d’un lieu de vie paradisiaque. La cinéaste portugaise la filme comme un désert de béton, de métal et de verre, hanté par quelques individus solitaires, presque des fantômes, déjà morts, sans le savoir. Même filmées en plan large, ces tours donnent une sensation d’enfermement, d’étouffement, comme celles que Bertrand Blier avait filmées dans Buffet froid, à la fin des années 1970. Presque cinquante ans plus tard, les choses ne se sont pas arrangées. La crise économique est passée par là. Les horizons sont bouchés. Même en montant sur le toit de la tour, on ne voit que du béton ou un ciel gris et froid, déprimant, sans oublier les déchets que des gamins ont laissé derrière eux, des emballages de burgers américains, symboliques du capitalisme sauvage qui ravage les sociétés occidentales.

    Nous sommes ensuite attirés par le visage de l’adolescente  en train de pleurer sous l’un des arbres. Nous ne le savons pas encore, mais Marta aussi a entamé sa mutation. Et elle a plutôt envie de faire le chemin inverse, quitter ces tours sordides et cet univers qui ne tourne plus vraiment rond ces derniers temps. Elle n’est pas la seule à chercher à s’échapper de ce cadre étouffant. Son père, chômeur de longue durée, peine à trouver sa place dans la société, mais aussi dans la structure familiale. Il semble de plus en plus paranoïaque, fébrile à l’idée que sa femme puisse le quitter. De son côté, celle-ci souffre en silence, lassée de devoir assumer seule toute l’économie du foyer, cumulant les emplois et les heures supplémentaires. Surtout que cela ne fonctionne plus vraiment. Dans quelques jours, l’électricité sera coupée et il faut encore payer la carte de bus de Marta, les courses, les extras… Englués dans les problèmes du quotidiens, les personnages ne communiquent plus vraiment. Ils se parlent un peu, mais ne s’écoutent plus. Leur foyer risque de s’embraser à tout moment.

    Pourtant, ces personnages ne se complaisent pas dans leur malheur. Ils sont déjà en train de chercher des moyens de fuir, de changer de vie ou de se transformer eux-mêmes pour s’adapter à leur cadre de vie et ne pas finir comme leur canari, littéralement mort d’ennui dans sa cage. Marta cherche son salut dans la vie nocturne, dans la musique, les fêtes entre amis. Son père est tenté par des actes plus crapuleux, puisque trouver un travail honnête ne semble plus possible dans cette ville, mais il n’a probablement pas l’étoffe d’un truand. La mère, quand à elle, semble la seule à tenir encore le choc, mais on se demande si elle n’a pas trouvé un amant plus fortuné, qui l’extirpera de sa condition…
    L’irruption de Julia, une camarade de classe de Marta, va ouvrir de nouvelles perspectives et offrir des possibilités de changement assez curieuses, parfois radicales, ou moralement douteuses, mais qui permettront peut-être à chacun de retrouver sa liberté, ou du moins une certaine confiance en l’avenir.

    Colo est avant tout un film d’ambiance. Teresa Villaverde capte l’air du temps, observe ses personnages comme une entomologiste ou une naturaliste. Elle dresse le portrait d’une société malade qui doit réagir si elle ne veut pas sombrer définitivement. Le monde change, pas forcément en bien, mais il est toujours possible de construire avec l’existant, d’emprunter d’autres voies, d’autres chemins, de revenir à plus de simplicité.  Surtout, il faut continuer à rêver à un avenir meilleur. C’est peut-être là le sens de la scène finale, sublime. Marta s’enferme dans la cabane de pêcheur où elle a élu domicile et s’endort paisiblement. La caméra filme alors la cabane dans la nuit, avec un mouvement de va et vient, comme une respiration. Et on a l’impression d’un visage en train de dormir – et de rêver…

    Inutile de préciser que Colo, avec sa durée, son rythme contemplatif, ses ellipses et ses étrangetés, constitue une épreuve même pour les cinéphiles les plus exigeants, comme les films précédents de la cinéaste. Mais il s’agit assurément, pour nous, de l’un des meilleurs films de cette 67ème Berlinale. Il n’est en revanche as certain que le cinéma radical de Teresa Villaverde fasse l’unanimité au sein du jury de Paul Verhoeven… (Boustoune, Anglesdevue)


    Il aura fallu attendre le 6e jour du 67e Festival de Berlin pour que la crise économique européenne fasse son apparition dans la compétition. La réalisatrice portugaise Teresa Villaverde, qui est de retour à Berlin après avoir été sélectionnée en 1991 au Forum pour le film Alex, a en effet posé sa caméra au sein d'une famille dont le père est au chômage depuis un long moment tandis que la mère cumule plusieurs emplois en même temps pour subvenir aux besoins de la famille. Lorsque le film commence, la situation est déjà bien installée. On sent à de petites choses (notamment l'anxiété du père lorsque sa femme tarde à rentrer) que le lent processus de détérioration de la cellule familiale est bien entamé. Même si les relations entre les personnages sont en apparence normales, on sent entre eux un malaise, une fragilité fébrile qui trahit l'éloignement et surtout l'isolement de chacun. Le père est à fleur de peau, sa femme dissimule son immense fatigue derrière une gaieté de façade, et la fille adolescente fait ce qu'elle peut pour s'extirper de ce tourbillon délétère et continuer à vivre normalement sa vie.

    La réalisatrice observe ses personnages de loin, dans des plans souvent d'une grande beauté plastique et composés comme des tableaux. Elle les fige dans des encadrements de porte ou de fenêtre, individus coincés dans leur propre vie, les filme de haut, petits êtres malhabiles et perdus, les place derrière des vitres qui empêchent de les entendre parler, eux pour qui la communication est chaque jour plus ardue et moins spontanée. Chaque choix de mise en scène reflète ainsi l'empêchement des personnages, leurs aspirations ratées et leurs regrets pesants. Mais là où Teresa Villaverde est la meilleure, c'est dans sa représentation de l'errance, physique comme psychique. Ce n'est pas un hasard si chaque personnage est tenté par l'option de la disparition ou de la fuite pure et simple.

    Plus allégorique que documentaire

    La réalisatrice prend son temps pour montrer ces tentatives d'évasion, ces espoirs ténus d'échapper à l'étau de la misère et des larmes. Quitte à sembler aride (et trop long), le film accompagne les uns et les autres dans leurs déambulations désespérées, laissant respirer chaque scène et filant d'un bout à l'autre la métaphore de l'eau qui tantôt les conforte, tantôt les entraîne à la dérive. On est très clairement plus au niveau de la sensation et du non dit que dans l'explication ou l'hystérie. Les indices sont même plutôt épars : la mort de l'oiseau, la coupure d'électricité , le renoncement de la mère à maintenir l'image d'une famille unie... On a ainsi l'impression de faire face à une sensation d'étouffement larvé, comme un piège qui se referme lentement mais inexorablement sur ses victimes.

    Cette manière de laisser la réalité économique du Portugal contaminer le récit sans jamais être mentionnée permet à Teresa Villaverde de réaliser un film plus allégorique que documentaire, où la recherche formelle va toujours de pair avec le propos, et dans lequel la famille en décomposition devient la métaphore du pays lui-même. Malgré les réserves que l'on peut émettre sur le film, qui n'est pas totalement abouti dans sa démonstration, et souffre de quelques longueurs, il faut reconnaître qu'on avait grandement besoin, dans cette édition en demi-teinte d'une Berlinale où se succèdent les films anecdotiques, d'une œuvre qui allie aussi fortement l'esthétisme d'un cinéma sensoriel à la démarche résolument politique d'une cinéaste soucieuse de parler de son époque. (MpM, ecrannoir)

     

     

     

    Lisbonne, une famille confrontée à la pauvreté : les parents se déchirent, épuisés par des emplois mal payés (la mère) ou plus d'emploi du tout (le père) ; leur fille, adolescente, un peu perdue dans cette détresse qui la dépasse... Nous suivons son errance autour de Lisbonne, entre un appartement qui transpire une humiliante misère (électricité coupée : bougies, denrées périssables et batteries de téléphones confiées aux voisins) et le lycée, la rue, la plage, les bars la nuit. Nous suivons aussi l'errance du père tellement humain, attachant et désespéré, et la fuite de son épouse, qui a un besoin vital de rester du bon côté de la société : celui où l'on a une fonction et donc une position sociale.

    Fascinantes scènes tournées sur la terrasse de l'immeuble d'où le père, désœuvré 'contemple' la frénésie de la cité.

    Mention spéciale à la poésie qui émane des prises de vue, des cadrages, de la douceur du regard portés par la cinéaste sur ses personnages.

    Vu en décembre 2017 (festival Artekino) 

     

     

      

     

     


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  • Helle Nächte = Bright nightsBright nights

    Drame (Allemagne, 2017, 86 min)

    Réalisation : Thomas Arslan,

    Scénario :  Thomas Arslan,

    Montage : Reinaldo Pinto Almeida,

    Avec... Georg Friedrich (Michael), Tristan Göbel (Luis), Marie Leuenberger (Leyla), Hanna Karlberg (Cecilia), Aggie Peterson (mère de Cecilias), Frank Arne Olsen (père de Cecilias), Helle Goldman (pasteur)

    Musique : Ola Fløttum

     

    Synopsis :  

    Bright nights est un road-trip à travers les montagnes accidentées de la Norvège.
    Ingénieur civil, Michael apprend la mort de son père alors que lui-même n'a plus de contact avec son fils. Il décide de partir avec lui en Norvège où son père a vécu en ermite.. 

    L'ingénieur des ponts et chaussées berlinois Michael (Georg Friedrich) avait longtemps été sans aucun contact avec son fils Luis (Tristan Göbel), 14 ans, qui vit sa mère en Autriche. Ce n'est que lorsque Michael apprend la mort de son propre père, qui était aussi ingénieur et vivait depuis des années en Norvège, qu'il se rend compte qu'il doit changer sa vie. Sans plus tarder, il entreprend un voyage en voiture avec son fils, afin d'assister aux funérailles de son père dans le nord rugueux de la Norvège. Sur le chemin, le père et le fils se parlent à peine. La route emprunte petites routes désertes et pistes sinueuses le long de larges fjords, à travers le brouillard et les forêts, dans la splendeur sauvage et unique du nord montagneux de la Norvège. Michael et Luis parviennent timidement à établir un dialogue après le long silence des années de séparation : Il y a des questions qui sont urgentes, des déceptions qui doivent être expiées. Quand Michael découvre, dans la maison de son père, l'"héritage" de son propre père : un manuscrit sur l'ingénierie des tunnels,  il éprouve un sentiment d'urgence à transmettre à son tour et à sa manière, un peu de lui-même à son fils : quelques repas pris sur le pouce en pleine nature, des nuits partagées sous une tente de camping, au cours de cet atypique séjour touristique. Son fils, écorché-vif est pétri d'une incommensurable méfiance à l'égard de ce père 'prodigue'.

     

    Dans la presse... 

    Déjà auteur du surprenant «Gold», western taiseux et féministe avec l’égérie allemande Nina Hoss en cow-girl, sélectionné en compétition à Berlin en 2013, le réalisateur allemand Thomas Arslan joue à nouveau la carte d’un certain minimalisme avec ce court film sur la paternité, classique dans son déroulement mais dont la beauté réside dans les silences et la difficulté des héros à exprimer des sentiments trop longtemps refoulés. Dans «Helle Nächte», que l’on peut traduire par «Nuits polaires», le père (notez le nom de Georg Friedrich pour le prix d’interprétation masculine) et son fils ont les nerfs à fleur de peau, des bleus à l’âme qui ne guérissent pas et une incapacité à mettre les mots sur les maux pour avancer sur le chemin de randonnée d’une relation normale.

    Ce n’est pas la première fois que l’on assiste à une difficile réconciliation familiale en pleine nature – ici norvégienne -, mais Thomas Arslan ne «force» jamais son récit, ni sur la durée – 1h26 dont dix minutes sublimes sur une route de montagne bientôt envahie par un épais brouillard – ni sur la dramatisation – pas ou peu de péripéties extérieures, aucun second rôle envahissant. C’est aussi la limite du projet – la presse professionnelle américaine a d’ailleurs détesté cette «absence» d’ambition narrative. (Yannick Vély, Paris Match)


    Un père et son fils se retrouvent après des années de séparation, et à l’occasion d’un deuil dans la famille, entament ensemble un voyage qui va les mettre face à eux-mêmes. Alerte au cliché cinématographique ? Alerte au déjà vu ? Alerte au film-qu’on-devine-entièrement-avant-même-de-l’avoir-vu ? Oui mais non. Car derrière la caméra et derrière le scénario, on retrouve Thomas Arslan, réalisateur de Gold - un western qui prenait déjà des libertés habiles avec les codes du genre. Il y a une quinzaine d’années,  Arslan a été l’un des tous premiers cinéastes à donner naissance à ce qui allait s’appeler l’Ecole de Berlin. A l’heure où Maren Ade, elle aussi affiliée à ce mouvement, a conquis le monde entier avec Toni Erdmann, il est justement passionnant de voir évoluer l’œuvre de ces auteurs radicaux. Arslan ne compromet pas son exigence avec Nuits claires : à l’intérieur d’un cadre certes balisé, il déploie son talent pour une sobriété remarquable, pour un mystère subtil.

    Le pitch de Nuits claires pourrait donner lieu à bien de leçons de vie dignes d’un slogan publicitaire. Or Arslan n’est justement pas du genre à donner des réponses toutes faites : si les protagonistes ont appris quelque chose à la fin de leur voyage, on n’en saura rien. De leur passé, des raisons de leur séparation, on ne saura également pas grand-chose. Nuits claires est économe en dialogues, mais surtout économe en dialogues explicatifs et psychologiques. Cela a toujours été l’un des crédo de l’Ecole de Berlin, un réalisme intransigeant jusque dans les dialogues, qui doivent sonner comme une vraie conversation et non pas comme un manuel pour comprendre les personnages. Arslan s’approprie le genre du « film de réconciliation familiale » non pas en dynamitant, mais en le dégraissant de tout superflu. Pas de scènes de colère, pas de larmes, ce qui n’empêche pas les sentiments d’être bel et bien présents à l’écran.

    Nuits claires laisse autant de place aux secrets familiaux qu’à l’observation de la nature. Mais paradoxalement, c’est moins dans le but de créer des beaux fonds d’écran confortables que de faire là encore légèrement dérailler le film. Lors des deux scènes les plus mémorables du film, le silence se fait, le temps se dilate soudain et les personnages disparaissent carrément du champ, au sens propre comme au sens figuré. Second paradoxe : c’est là, au cœur d’une histoire familiale des plus classiques, que le film se fait le plus émouvant, en touchant du doigt un vrai mystère. Nuits claires retrouve rapidement une route sage, mais on termine le film avec l’impression étrange et grisante d’avoir eu nous aussi, une légère ivresse des sommets. (Grégory Coutaut, filmdeculte)

     

     

     

    Quand la ouateur feutrée des paysages rugueux d'une Norvège sauvage accueille la lente mais si émouvante tentative pour un père de trouver sa place face à un fils adolescent qu'il découvre.

    Vu en décembre 2017 (festival Artekino) 

     

     

      

     

     


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    Octobre blanc

    Octobre blanc

    Documentaire (France, 2017, 52 min)

    Réalisation : Christophe Raylat 

    Scénario :   Stéphane Bourguignon

    Avec... Philippe Tesson, 

    Production : ARTE - USHUAIA TV - NOMADE PRODUCTIONS - nomadeprodfilm.comt

    Diffuseur : ARTE 

     

    Synopsis :  

    En escaladant le pic "Octobre", dans le Pamir tadjik, Sylvain Tesson commémore à sa manière le centenaire de la révolution russe. Un étonnant récit de voyage, riche de découvertes.

    Accompagné par son ami Cédric Gras, écrivain voyageur comme lui, le guide russe Nicolaï Taran et le photographe tadjik Surat Toimastov, Sylvain Tesson rechausse les crampons pour une expédition à travers les hauts plateaux du Tadjikistan. Partie de la capitale Douchanbé, la petite équipe avance trois jours durant sur des pistes chaotiques avant de rejoindre les premiers massifs du Pamir tadjik, à la frontière avec la Chine, le Kirghizistan et l'Afghanistan. Souvenirs du passé soviétique de ces confins extrême-orientaux, les pics qui s'y dressent jusqu'à 7 000 mètres de haut ont pour nom "Lénine", "Marx", "Engels" ou "Maréchal Joukov". Dans la ligne de mire de Sylvain Tesson et de ses compagnons, l'ascension du pic "Octobre", vers un glacier culminant à 5 600 mètres d'altitude. Les chemins de l'histoire Moins de deux ans après le grave accident dont il conserve des séquelles, Sylvain Tesson poursuit sa "rééducation" en Asie centrale, terre de ses aventures de prédilection. Géographe de formation, il part sur les traces laissées par l'ex-URSS dans les montagnes du Tadjikistan. Attaquant l'histoire par son flanc toponymique, l'écrivain voyageur creuse la symbolique par le biais de l'alpinisme, une discipline encouragée par le régime communiste pour ses valeurs de conquête, de courage et de solidarité. De la vallée de l'Amou-Daria jusqu'aux pentes enneigées du Haut-Badakhchan, l'expédition "Octobre blanc" avance au rythme de belles rencontres. Sous les yourtes de nomades kirghizes, notamment celle de Jafar Tairov, qui se joint au petit cortège avec ses ânes, ou au spectacle avec des villageois de confession ismaélienne – une branche de l'islam chiite –, la nostalgie des sovkhozes et autres "bienfaits" du collectivisme n'a pas tout à fait disparu. Égrené au rythme de la marche sur les chemins d'un passé encore proche, cet émouvant récit de voyage est joliment balisé par les commentaires de Sylvain Tesson, opiniâtre premier de cordée.


     

     Dans la presse :

    « Octobre blanc » : la révolution au sommet

    Pic Lénine, pic Karl-Marx, pic Engels, pic de la ­Révolution… Ces sommets culminant à plus de 6 500 mètres se trouvent tous dans le massif du Pamir, au Tadjikistan. Du temps de l’Union ­soviétique, les dignitaires du ­régime, à l’instar de Viatcheslav Molotov, traversaient l’empire pour gravir ces monts qu’ils avaient rebaptisés à la gloire des grandes figures et des grandes heures du communisme. L’alpinisme faisait alors partie des « réalisations du socialisme ». Fin connaisseur de l’âme russe, l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson commémore le centenaire de la révolution d’Octobre en reprenant, dans le Pamir, les sentiers de l’épopée érudite. En 2012, dans les pas de la Grande Armée, il avait roulé en side-car de Moscou à Paris pour célébrer le bicen­tenaire de la retraite de Russie, ­périple qui avait donné lieu à une aventure livresque (Berezina, Guérin, 2015). 

    Paysages à couper le souffle

    Le film Octobre blanc retrace son expédition dans le Pamir, de ­vallées en sommets, à travers des paysages à couper le souffle, de la capitale tadjike, Douchanbé, au pic Karl-Marx. Entre observations fines et réflexions de comptoir, Sylvain Tesson évoque la ­révolution de 1917, l’écriture, l’alpinisme, citant Gagarine, ­Pessoa ou Jankélévitch. Si Tesson ne ­cache pas son affection pour les villageois nostalgiques des ­sovkhozes et autres « bienfaits » du communisme, il reste lucide face aux réalisations d’une idéologie qui « mène au goulag ». Au cours de ses ascensions, l’écrivain, dont une partie du visage est restée ­paralysée après une chute de dix mètres en 2014, se révèle un opiniâtre premier de cordée, comme transcendé par « ces paysages qui n’ont pas besoin de nous ». Antoine Flandrin, Le Monde

     

    Vu en novembre 2017 (diffusion Arte TV) 

     

     

      

     

     


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    Fatale station

    Fatale station

    Série dramatique (Canada, Grèce, 2016-2017, 10X40min)

    Création : Stéphane Bourguignon

    Réalisation : Rafaël Ouellet 

    Scénario :   Stéphane Bourguignon

    Avec... Macha Limonchik, Claude Legault, Micheline Lanctôt

    Production : Joceline Genest

    Société de production : Attraction Images, avec la participation d’ARTE France et Radio Canada

    Diffuseurs : ICI Radio Canada (Canada) ARTE (France et Allemagne)

     

    Synopsis :  

    Menacée par un homme qui porte atteinte à sa vie, Sarah se réfugie dans le village de Fatale-Station.
    Mais l’arrivée de cette étrangère dans cette commune reculée et tranquille n’est pas vue d’un très bon œil par ses 1804 habitants. Peuplée de personnages mystérieux, parfois impitoyables, "Fatale-Station" s’empare avec adresse des codes du genre pour une relecture contemporaine du western.


     

    Dans la presse...

    CHRONIQUE / Sarah Dembski n'arrive pas à Fatale-Station pour rien. Mais pourquoi au juste cette fugitive a-t-elle choisi précisément ce petit village perdu pour élire domicile? C'est l'une des questions que pose Fatale-Station, la nouvelle série de Stéphane Bourguignon, le génial auteur de La vie la vie et de Tout sur moi. L'oeuvre de 10 épisodes est disponible dès aujourd'hui sur l'Extra d'ICI Tou.tv, mais ICI Radio-Canada Télé en diffuse le premier épisode ce soir à 21h, pour vous appâter. Après, faudra payer l'abonnement à l'Extra.
    L'amoureuse et muse de l'auteur, Macha Limonchik, incarne cette mystérieuse femme pourchassée par un homme dangereux. Son arrivée dans ce village fictif ne passe pas inaperçue. Premier arrêt au Beijing Palace, hôtel-restaurant d'inspiration chinoise, tenu par un certain Eddy (Claude Legault), qui ne dissimule pas son intérêt pour la visiteuse. Comme plusieurs de ses concitoyens, Eddy semble traîner un lourd passé. Très lourd dans son cas.
    Toujours excellente, Micheline Lanctôt joue la détestable Jean O'Gallagher, propriétaire d'à peu près tout le village, et qui tire les ficelles avec la délicatesse d'un bulldozer. Son pouvoir est si énorme que la simple évocation de son nom fait trembler les citoyens. Elle ne voit pas l'arrivée de Sarah d'un bon oeil et fera tout pour la chasser, y compris en refusant de lui louer les deux seuls logements disponibles. La lutte entre les deux s'annonce épique.
    Denis Bernard, si bon dans Feux, revient en maire désabusé, François Lemieux, tenu de suivre à la lettre les directives d'O'Gallagher. Quand Jean-Pierre Langevin (Alexis Martin) se propose pour lui succéder à la mairie, la matriarche s'engage à faire réélire son pantin pour lui barrer la route. En plus de prendre soin de sa femme catatonique, Lemieux doit freiner les ardeurs de manifestants atikamekws, qui barrent la principale route menant à Fatale-Station pour protester contre les compagnies forestières.
     
    Tout dans cette série devrait nous inciter à rester captifs : une prémisse intrigante, des personnages singuliers, une solide distribution de comédiens, une réalisation impeccable. Les deux premiers épisodes n'ont pourtant pas réussi à m'emballer. L'auteur met beaucoup de temps à installer son histoire et l'aura d'inquiétude qui devrait entourer ce village m'apparaît bien mince. À Fatale-Station, tout le monde possède une arme à la maison, la moitié des citoyens conduisent sans permis, et il n'y a pas de policiers, sauf le vendredi, «le jour de la police». Or, ce village n'a rien de bien mystérieux ni de lugubre; la gare a l'air flambant neuve, les maisons sont charmantes, et même les chambres de l'hôtel sont hospitalières. Hormis quelques exceptions, on n'a finalement raison de se méfier de personne.Le réalisateur Rafaël Ouellet (Nouvelle adresse) a voulu se tenir loin du terroir et du côté pittoresque de certaines oeuvres se déroulant en région, pour s'installer plutôt dans la modernité, et c'est réussi. Fatale-Station n'est pas une oeuvre fantastique comme Grande Ourse ; les personnages ne jettent pas de sorts et n'ont pas de pouvoirs. La présence au village d'un personnage à cheval, lourdement maquillé et portant une coiffure étrange, peut cependant laisser croire le contraire.
    Les plus accros devront se contenter des cinq premiers épisodes sur l'Extra, puisque la seconde moitié de la série, pas encore tout à fait prête, ne sera disponible que dans un mois. On voulait profiter de la période des Fêtes pour accrocher le public. N'attendez pas une diffusion de la série complète à la télé avant un bon bout de temps. La productrice Louise Lantagne chez Attraction Images et ancienne directrice générale de Radio-­Canada affirme que la série atteint son apogée dans les trois derniers épisodes. Espérons qu'il ne faille pas attendre jusque-là pour embarquer dans cette histoire hélas un peu tiède.
    Richard Therrien, lesoleil.com

     

    Vu en octobre 2017 (diffusion Arte TV) 

     

     

      

     

     


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