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    L'ami arménien
    L'ami arménien

    Crime et chatiment / Andreï Makine - Paris : Grasset, 2021

    ISBN 2246826578 

     

     

     

     

     

    A travers l’histoire d’une amitié adolescente, Makine révèle dans ce véritable bijou de littérature classique un épisode inoubliable de sa jeunesse.
    Le narrateur, treize ans, vit dans un orphelinat de Sibérie à l’époque de l’empire soviétique finissant. Dans la cour de l’école, il prend la défense de Vardan, un adolescent que sa pureté, sa maturité et sa fragilité désignent aux brutes comme bouc-émissaire idéal. Il raccompagne chez lui son ami, dans le quartier dit du « Bout du diable » peuplé d’anciens prisonniers, d’aventuriers fourbus, de déracinés égarés «qui n’ont pour biographie que la géographie de leurs errances. »
    Il est accueilli là par une petite communauté de familles arméniennes venues soulager le sort de leurs proches transférés et emprisonnés en ce lieu, à 5 000 kilomètres de leur Caucase natal, en attente de jugement pour « subversion séparatiste et complot anti-soviétique » parce qu’ils avaient créé une organisation clandestine se battant pour l’indépendance de l’Arménie.
    De magnifiques figures se détachent de ce petit « royaume d’Arménie » miniature : la mère de Vardan, Chamiram ; la sœur de Vardan, Gulizar, belle comme une princesse du Caucase qui enflamme tous les cœurs mais ne vit que dans la dévotion à son mari emprisonné ; Sarven, le vieux sage de la communauté…
    Un adolescent ramassant sur une voie de chemin de fer une vieille prostituée avinée qu’il protège avec délicatesse, une brute déportée couvant au camp un oiseau blessé qui finira par s’envoler au-dessus des barbelés : autant d’hommages à ces « copeaux humains, vies sacrifiées sous la hache des faiseurs de l’Histoire. »
    Le narrateur, garde du corps de Vardan, devient le sentinelle de sa vie menacée, car l’adolescent souffre de la « maladie arménienne » qui menace de l’emporter, et voilà que de proche en proche, le narrateur se trouve à son tour menacé et incarcéré, quand le creusement d’un tunnel pour une chasse au trésor, qu’il prenait pour un jeu d’enfants, est soupçonné par le régime d’être une participation active à une tentative d’évasion…
    Ce magnifique roman convoque une double nostalgie : celle de cette petite communauté arménienne pour son pays natal, et celle de l’auteur pour son ami disparu lorsqu’il revient en épilogue du livre, des décennies plus tard, exhumer les vestiges du passé dans cette grande ville sibérienne aux quartiers miséreux qui abritaient, derrière leurs remparts, l’antichambre des camps.

    présentation de l'éditeur


     Au fil de la presse...

     

     

    Emouvante évocation de l'adolescence de l'auteur, Andreï Makine, qui vécut brièvement dans un orphelinat en Sibérie, et se lia d'amitié avec le jeune Vardan, arrivé là avec sa famille arménienne. La petite communauté arménienne qui vit dans un quartier à part ('Le bout du diable'), dans l'attente du jugement de proches détenus dans la prison de la ville (qui est un ancien monastère), l'accueille avec chaleur et simplicité.
    La fragilité de la vie, l'attitude en société, le questionnement philosophique sur l'infini, sur l'amour, l'attachement, le matérialisme... sont autant de thèmes abordés avec une grande pudeur.


    Lu en février 2022, collection personnelle (Marianne)

     

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    Crash landing on you
    Crash landing on you

    Série dramatique, romantique (Corée du sud), 16 épisodes de 70 à 110 min, 2019, titre original :  사랑의 불시착 [Sarangui Bulsichak]

    Création :  Lee Jeong-hyo

    Musique : Jung Jae-il

    Production :Sudio Dragon, Culture Dépot

    Avec... Hyun Bin (Lee Jeong-hyuk), Son Ye-jin (Yoon Se-ri), Kim Jung-hyun (Gu Seung-joon / Alberto Gu), Seo Ji-hye (Seo Dan), Nam Kyung-eup (Yoon Jeung-pyeong), Bang Eun-jin (Han Jeong-yeon), Choi Dae-hoon (Yoon Se-joon), Hwang Woo-seul-hye (Do Hye-ji), Park Hyung-soo (Yoon Se-hyung), Yoon Ji-min :(Go Sang-ah), Go Kyu-pil (Hong Chang-sik), Lim Chul-soo (Park Soo-chan), Jun Gook-hwan (Ri Choong-ryeol), Jung Ae-ri (Kim Yoon-hee), Ha Seok-jin (Ri Moo-hyuk), Oh Man-seok (Jo Cheol-kang), Yang Kyung-won : Pyo Chi-su Yoo Su-bin : Kim Ju-muk Lee Shin-young (Park Kwang-beom), Tang Joon-sang (Geum Eun-dong), Kim Young-min (Jeong Man-bok), Jang Hye-jin (Go Myeong-eun), Park Myung-hoon (Go Myeong-sok), Hong Woo-jin (directeur Cheon), Kim Jung-nan (Ma Yeong-ae), Kim Sun-young (Na Wol-seok), Cha Chung-hwa (Yang Ok-geum), Jang So-yeon (Hyun Myun-sook)

     

    Synopsis 

    L'histoire se base sur la relation entre Yoon Se-ri, héritière sud-coréenne d'un grand groupe industriel (un chaebol), et Lee Jeong-hyeok, membre de l'élite nord-coréenne (qui se trouve également être un officier de l'armée nord-coréenne).
    Au cours d'une courte balade en parapente à Séoul, Corée du Sud, Yoon Se-ri est prise dans une tornade qui la fait dévier de sa trajectoire et atterrir dans une forêt de la DMZ en Corée du Nord (la zone démilitarisée qui sépare la Corée du Nord et la Corée du Sud, interdite aux civils), dans laquelle elle est trouvée par Lee Jeong-hyeok. Celui-ci va l'aider secrètement à retourner en Corée du Sud. Au fil du temps, ils tombent amoureux, malgré les tensions entre leurs pays respectifs.

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Fort d’une audience qui n’a cessée de monter au fil des semaines, Crash Landing on You apparaît comme la petite pépite de drama coréen de ces derniers mois, produite par le très prolifique Studio Dragon. Avec une diffusion débutée mi-décembre, il a fallu attendre la fin février pour le voir débarquer dans nos contrées via Netflix. Au-delà du succès, c’est aussi l’occasion de retrouver Son Ye-jin (A Moment to Remember, Something in the Rain) et Hyun Bin (Rampant, Secret Garden) qui étaient déjà apparus ensemble à l’écran dans le film The Negotiation en 2018, mais aussi le réalisateur Lee Jung-hyo à qui l’on doit les très bons Heartless City et Romance is a Bonus Book, ou encore le sympathique remake de Criminal Minds. Yoon Se-ri (incarnée par Son Ye-jin), héritière d’un puissant conglomérant sud-coréen, atterri par accident en Corée du Nord après un accident de parapente. A son arrivée elle est interceptée par le Capitaine Ri Jeong-hyeok (joué par Hyun Bin) incrédule face à la situation. Conscient toutefois du danger, il va la protéger et la cacher jusqu’à ce qu’elle puisse retourner dans son pays.
    Il y a évidemment quelque chose d’invraisemblable à cette histoire : l’accident de parapente est presque surnaturel, l’arrivée en Corée du Nord sans alerter qui que ce soit à la frontière semble presque impossible tant elle est bien gardée, et la gentillesse de ce capitaine de l’armée nord-coréenne tranche avec son stoïcisme et son obéissance aux règles établies. Loin de nous l’idée de juger toutefois si la représentation nord-coréenne de la série est fidèle à la réalité ; c’est une question qui nous dépasse, bien qu’il soit impossible de ne pas remarquer le sous-texte politique de la série, foncièrement teintée d’un idéal de liberté venu du sud confronté à une société repliée sur elle-même au nord. Néanmoins ce qui permet à Crash Landing on You de dépasser cette simple confrontation entre deux mondes c’est la cohérence globale de son univers, un élément qui s’avère décisif et d’une maîtrise formidable tant le réalisateur et sa scénariste (Park Ji-eun, à qui l’on doit notamment My Love from the Star) admettent des éléments de burlesque pour contrebalancer le sérieux d’une situation désespérée. Si le drama n’évite pas les moments les plus déchirants, il montre toutefois un vrai sens de l’humour lorsqu’il met en scène des personnages parfois caricaturaux. On pense aux soldats nord-coréens de la garnison du fameux Capitaine Ri Jeong-hyeok, des hommes terriblement important dans les événements qui vont découler de l’atterrissage forcé de l’héritière au Nord. C’est aussi grâce à eux que le réalisateur opère une mise en abyme des dramas, surprenante mais particulièrement bien sentie, grâce à un soldat amateur de dramas sud-coréens (visionnés en cachette), lui permettant de raconter explicitement ce qu’il se passe habituellement dans telle ou telle situation déjà vues dans ses séries préférées. Il parle évidemment des clichés les plus évidents du genre, des clichés qui seront pour la plupart reproduits quelques minutes plus tard par les héros du drama. C’est un élément comique qu’on a vraiment aimé tant sa malice apporte une dérision forcément bienvenue alors que la situation pourrait être beaucoup plus tragique.

    Le drama doit également beaucoup à l’alchimie entre Hyun Bin et Son Ye-jin, deux têtes bien connues qui, du haut de leurs vingt ans de carrière, livrent ici des prestations passionnées en incarnant avec vigueur leurs personnages. Le soldat nord-coréen joué par Hyun Bin a évidemment un grand cœur, tandis que la riche héritière jouée par Son Ye-jin apparaît prétentieuse mais douce et compréhensive. Les deux incarnent leurs personnages avec un naturel qui surprend, car si l’invraisemblance de l’histoire peut intriguer, leur générosité et leur alchimie offrent en retour un vrai bon moment aux spectateurs.

    De manière plus générale, Crash Landing on You se détache par la qualité d’écriture de ses personnages. Outre les deux héros, les personnages secondaires puisent une certaine force dans leur apparente caricature, se fondant avec justesse dans les scènes où la dérision est de mise. Mais certains d’entre eux parviennent également à émouvoir, tant l’effort de caractérisation est réussi au travers de quelques scènes clés où leurs personnalités, leurs rêves et leurs peurs deviennent le centre du récit. La scénariste aborde d’ailleurs avec beaucoup plus de tendresse les personnages venus du Nord que ceux du Sud, faisant de leur simplicité et de leur « innocence » un véritable atout face au mépris caractéristique de membres d’une riche famille du Sud. Une certaine légèreté pourrait se dégager du drama, mais elle est pourtant souvent opposée à des scènes d’action, dont l’une propose une chorégraphie de combat surprenante et bien exécutée, où l’on sent l’influence d’un Hyun Bin bien habitué aux films d’action. C’est dans ces moments-là que le réalisateur Lee Jung-hyo brille le plus, faisant preuve d’un vrai sens de la mise en scène qui rappelle les belles choses qu’il a pu faire sur ses précédents dramas. Les quelques derniers épisodes rappellent d’ailleurs beaucoup son travail sur Heartless City, faisant de la ville un véritable personnage qui oppose toutes ses forces à des protagonistes qui tentent de s’en sortir. Quant aux scènes plus romantiques -car Crash Landing on You est essentiellement une comédie romantique-, le réalisateur parvient à capter les bons moments pour appuyer le rythme des échanges entre les personnages, qu’il s’agisse de dialogues, de gestes ou de regards.

    Crash Landing on You nous emballe et nous passionne. Le charme de ses protagonistes n’a d’égal que l’humour et la dérision qui en découle, face à une action maîtrisée et des enjeux qui prennent vite une tournure très captivante. On pourra pester sur une fin qui cherche la facilité, mais sa manière de mélanger le quasi-burlesque de la situation à la détermination de ses protagonistes permettent au drama de mélanger les genres et de le faire de la plus belle des manières. On rigole beaucoup, on pleure aussi un peu, on s’attache à ces soldats nord-coréens qui naviguent entre les règles édictées par leurs dirigeants, à cette héritière un peu trop prétentieuse, et finalement on est bien triste de ne plus voir tout ce beau monde une fois terminé le seizième épisode.

    Anthony F. (cine-asie.fr)

    Série coréenne qui analyse la confrontation si improbable entre Coréens du Nord et Coréens du Sud, levant le voile sur les mystères qui entourent la situation réelle des citoyens de Corée du Nord, séparés depuis le second conflit mondial (1945), narrant la romance naissant entre une jeune femme dynamique, chef d'entreprise issue d'une famille très aisée de Corée du Sud (un mystère plane néanmoins sur les raisons qui ont conduit son père, grnad patron, à connaître la prison) et un jeune capitaine de l'armée de Corée du Nord.

    Vu en février 2022 (Netflix)

     

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    Les roches rouges
    Les roches rouges

     

    Les roches rouges / Olivier Adam.- Paris : éditions de Noyelles, 2021

    ISBN 978-2-298-16924-9

     

     

     

    – Faut qu’on se tire d’ici.
    – Et on ira où ?
    – Je sais pas. T’inquiète. On trouvera.
    – Et s’il revient ?
    – Eh ben il reviendra.
    – S’il s’en prend à tes parents ?
    – C’est pas après eux qu’il en a. Qu’est-ce que Leila fout avec moi ?

    J’ai tout juste dix-huit ans. Je vis chez mes parents. Je vais plus au lycée et j’ai pas de boulot. Je picole trop et je me bourre de médocs. Comment peut-elle croire que je suis capable de la protéger, de lui offrir quoi que ce soit de plus ou de mieux que son mec ?
    Depuis qu’on roule elle m’a pas posé la moindre question. Elle m’a même pas demandé où on allait exactement. Je lui ai juste dit que je connaissais un endroit où on serait pénards. Et ça a semblé lui suffire…

    Après le succès de La Tête sous l’eau, déjà en cours d’adaptation, Olivier Adam nous offre un nouveau roman bouleversant. Un de ceux qui vous marquent pour longtemps.

     

    A propos de l'auteur : 

    présentation de l'éditeur


     Au fil de la presse...

    "Les Roches rouges", c’est l’histoire de jeunes gens à la dérive : ils s’appellent Antoine et Leila. Ils ont entre 17 et 21 ans, l’âge de tous les possibles paraît-il et pourtant leur horizon leur semble bouché, les perspectives nulles, l’avenir compromis.

    Leila est devenue adulte beaucoup trop tôt, et Antoine est incapable de formuler un projet d’avenir

    Leïla 

    A 21 ans, elle est déjà maman d’un petit garçon. Il s’appelle Gabi et il a 3 ans à peine. Le père du petit, c’était son prof de volley. Elle l’a rencontré beaucoup trop jeune, et puis c’était aussi pour elle un moyen de fuir une famille défaillante. L’idylle a vite tourné au cauchemar : Alex devient violent, colérique, et excessivement jaloux.

     

    Leila se sent déjà vieille et totalement prisonnière de sa vie.

    Sa seule échappatoire s’appelle Antoine, un gamin qu’elle a rencontré à Pôle Emploi. Il a l’air un peu paumé, mais c’est la première fois qu’elle rencontre un garçon gentil. Et pour l’instant ça lui suffit.

    Antoine

    Il picole trop, glande beaucoup et, à 18 ans, il regrette déjà l’insouciance de son enfance. Pas de boulot, plus de copains, il vit encore aux crochets de ses parents. Il a bien du mal à comprendre comment une fille comme Leila peut s’intéresser à lui. Fou d’amour pour elle, il essaie de donner un peu le change avec quelques petits mensonges minables. 

    Pas vraiment un conte de fée !

    Lorsque le copain de Leila apprend qu’elle le trompe, pas le choix, il faut partir. Finalement ils se connaissent à peine, se cachent encore des choses mais ils ont un point commun : ils n’ont rien à perdre et surtout un passé à oublier, à fuir.

    C’est sur un coup de tête et dans la nuit qu’Antoine, Leila et son petit garçon décident de filer. Direction le sud, là où les roches sont rouges. Après une nuit de cavale, ils échouent dans la maison de famille d’Antoine.

    Mais lorsqu’ils débarquent dans cette maison, ils ne sont pas seuls. Ils trouvent Lise, la sœur d’Antoine qu’il n’a pas revue depuis des mois. Pourquoi Lise est-elle si en colère contre lui au point de refuser de lui adresser la parole ? Par quel secret Antoine est-il hanté ?

    Cette maison près des roches rouges abrite un drôle de trio, des vies cabossées qui tenteront de se reconstruire, chacun panse ses plaies et trouve une forme de réconfort auprès de l’autre, de compréhension au-delà des mots. Cette maison c’est un refuge, une parenthèse hors du temps, un nouveau départ. Se dessiner un nouvel avenir au son des vieux disques de jazz ?

    Olivier Adam nous offre un roman bouleversant sans pathos ni angélisme

    Mélancolie, goût pour les destins tragiques, les drames familiaux, sensibilité, l’empathie pour ses personnages. Avec un réalisme social en toile de fond : les personnages sont dignes, humains, ordinaires, des anti-héros. Olivier Adam alterne les points de vue : Leila nous livre ses confidences à travers un journal, et Antoine sa version des faits.

    Avec ce récit, on a l’impression que l'auteur rétablit une forme de justice pour ses personnages que la vie et la société n’ont pas épargnés

    La vérité, c’est peut-être ça : croiser les points de vue, entremêler les témoignages et laisser le lecteur libre d’en tirer ses conclusions.

    Delphine Maillard (France inter)


    À peine majeurs et déjà mal partis, de jeunes amoureux fuient la banlieue pour la Grande Bleue. Le portrait délicat de deux perdants magnifiques.

    La langue est à vif, charnelle, directe, le ton juste et abrupt. Olivier Adam travaille la matière romanesque au couteau. Il cherche à chaque instant la ­vérité de l’émotion, saisit son lecteur et l’emporte dans un récit âpre et urgent. Car c’est d’un roman noir qu’il s’agit, la cavale d’un très jeune couple, de la banlieue parisienne à la côte méditerranéenne, pour fuir la poisse d’une vie déjà mal emmanchée. Leila tente d’échapper, avec son petit garçon, à l’emprise d’un mari violent. Antoine, 18 ans, fou amoureux, garçon fragile et blessé, la conduit vers la maison de ses grands-parents au bord de la mer. « Comment peut-elle croire que je suis capable de la protéger, de l’emmener quelque part, de la mettre à l’abri, de lui offrir quoi que ce soit de plus ou de mieux que son mec ? » Olivier Adam brosse avec une infinie tendresse le portrait de ces deux perdants magnifiques, qui tentent de survivre à cha­que jour qui passe. Il dit magnifiquement la violence sociale et l’acide des blessures intimes, mais aussi la puissance des paysages, la mer et le ciel à perte de vue, comme une promesse d’ailleurs et d’autrement. Son roman, tragique et lumineux, qui paraît dans une collection « jeune adulte », touchera autant les ados que leurs parents, tant les sentiments qu’il mêle et met en scène sont universels.

    Michel Abescat (Télérama)

     

    Lu en novembre 2021, collection Papa et Maman (Sorgeat)

     

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    7. Koğuştaki MucizeMaid7. Koğuştaki Mucize

    Film, drame (Turquie), 132 min, 2019

    Réalisation : Mehmet Ada Öztekin

    Scénario : Özge Efendioglu et Kubilay Tat

    Musique : Hasan Özsüt

    Direction artistique : Hakan Yarkın

    Photographie : Torben Forsberg

    Montage : Ruşen Dağhan

    Production : Saner Ayar et Sinan Turan

    Production déléguée : Cengiz Çağatay

    Société de production : O3 Turkey Medya

    Société de distribution : CJ Entertainment Turkey

    Avec... Aras Bulut İynemli : Memo, Nisa Sofiya Aksongur : Ova, Celile Toyon : Fatma, İlker Aksum : Askorozlu, Mesut Akusta : Yusuf, Deniz Baysal : Öğretmen Mine, Yurdaer Okur : Yarbay Aydın, Sarp Akkaya : Müdür Nail

     

    Synopsis 

    Memo, un berger souffrant d'un handicap mental, vit avec sa fille et sa mère dans un village de la côte égéenne turque au début des années 1980, pendant la période du coup d’État. Un beau jour, en 1983, la vie de Memo se voit subitement bouleversée quand la fille du commandant, un haut responsable durant la loi martiale meurt. Memo est accusé à tort du meurtre et est condamné à mort. Il se retrouve en prison dans la cellule numéro sept. Il est peu probable qu'il y survive mais alors que tous ceux qui peuplent la cellule sept l'avaient d'abord accueilli avec haine, ils commencent progressivement à être convaincus de son innocence en témoignant de son grand cœur. Avec le temps, tous ceux que Memo touche se mobilisent pour lui sauver la vie.

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

     

    Vu en octobre 2021 (Netflix)

     

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    Variations sauvages

    Variations sauvages / Hélène Grimaud .- Paris : éditions France Loisirs, 2004

    ISBN 2-7441-7435-1 (rel.)

     

     

     

    « Je n’ai aucune nostalgie de l’enfance. » Dès les premiers mots, Hélène Grimaud donne le ton de son étonnant récit. L’itinéraire de cette pianiste française de renommée internationale emprunte mille chemins buissonniers ; on la suit, de son adolescence prodige jusqu’à cette nuit où son regard croise celui d’Alawa, la louve d’où viendra la renaissance.
    Éloge des mains, profils inattendus d’artistes et de musiciens dessinent le fil rouge de ce livre dont l’éclat des facettes forme le portrait unique d’une rebelle absolue.
    Variations sauvages est un hymne vibrant à la musique et à la liberté, un plaidoyer pour la reconnaissance des loups et la sauvegarde de la nature.

    « Une passionnante autobiographie beaucoup plus romanesque que la plupart des romans de l'année. » Bernard Pivot – Le JDD

    présentation de l'éditeur


     Au fil de la presse...

    L'ambition de ce petit article est d'envisager l'ouvrage de la pianiste Hélène Grimaud d'un point de vue littéraire, de considérer Variations sauvages comme une œuvre de littérature, ce qui peut étonner de prime abord : ne s'agit-il pas de simples mémoires, comme beaucoup d'autres artistes, comme Placido Domingo, ont pu en écrire, également vingt ans seulement après leurs débuts de carrière ? Mais justement, il semble difficile d'assimiler ces Variations aux ouvrages traditionnellement écrits par des musiciens. Ni autobiographie d'artiste, ni traité d'interprétation, ni pures réflexions sur l'expérience musicale, l'ouvrage de l'ancienne élève de Pierre Barbizet se caractérise par un mélange des genres évident et par une dimension littéraire voire fictionnelle qui l'est peut-être moins.
    L'entremêlement des discours est l'élément le plus manifeste de l'originalité du récit : la pianiste voit dans cette alternance de souvenirs personnels, de considérations générales sur la musique et d'anecdotes ou d'exposés sur le monde animal, en particulier sur les loups, un phénomène d'oxygénation interne au récit, un chapitre étant la respiration de l'autre, comme si raconter ou penser l'essoufflait trop vite, comme si elle avait besoin de se reprendre, de passer rapidement à autre chose pour ne pas se trouver trop prisonnière de sa narration, emballée comme un cheval au galop. Les chapitres respirent donc entre eux, mais ils font également respirer la plume de l'écrivain, et le lecteur lui-même. Celui-ci peut pourtant en avoir également le souffle…coupé : le passage de certains chapitres à d'autres produit un effet saisissant de contraste. Ainsi, le début du second chapitre, qui commence par cette phrase surprenante : " Pour se transformer en loup-garou, il faut, impérativement… ". L'auteur semble familière de ces brouillages des repères d'énonciation. Autre exemple, le premier " blanc " (p.18), après une évocation du cadre familial à Aix-en-Provence dans les années 1970, introduit à une anecdote historique dont le lieu est également Aix, et dont la date, 1532, laisse pantois le lecteur, qui n'est pas prévenu du schéma d'écriture choisi, et provoque en lui un état de tension, d'attente aux aguets, bref, l'empêche de se laisser bercer par un flumen orationis régulier et apaisant. Les dosages de continuité (ici, le cadre topologique, ailleurs la chronologie ou l'association d'idées) et de discontinuité (ici la chronologie, ailleurs la topologie…) assurent donc l'unité du livre, qui n'est qu'en apparence disloqué. Cela sera confirmé par le progressif estompement des frontières entre les trois types de propos : au fur et à mesure que la petite Hélène grandit, la musique et sa vie, puis les loups et sa vie, coïncident de plus en plus, et naturellement les divisions typographiques et narratives s'effacent.
    Cette façon de ciseler le discours n'est pas sans incidences sur sa nature elle-même, et la forme semble transformer le fond, fondant ainsi la littérarité de l'ouvrage. Il y a tout d'abord certaines références littéraires ou parodies plus ou moins délibérées, qui peut-être surgissent naturellement et sans le vouloir sous la plume d'une grande lectrice, comme ces clins d'œil à Marcel Pagnol (p.23 " ma mère ne manquait jamais une occasion de m'instruire "), à un autre Marcel, Proust (p.48 " longtemps je n'ai pu m'endormir que dans l'ivresse du vide… "), à Rimbaud (p.171 : " j'avais presque dix-sept ans. N'étais-je pas sérieuse ? ") ou à Céline, avec une arrivée à New York (p.257 sqq.) qui n'est pas sans évoquer celle de Bardamu, non pas stylistiquement cette fois, mais thématiquement.
    La persistance du discours enfantin dans le discours rétrospectif, au début du livre, permet à l'auteur de manier les changements de focalisation avec habileté et naturel. Ainsi, quand Hélène Grimaud parle des enfants de son âge, à Aix, elle écrit (p.14) : " Je les trouvais lamentables. Je me sentais absolument différente d'eux. Et je l'étais, n'est-ce pas ? " C'est à la fois la petite fille qui parle et la jeune femme d'une trentaine d'années. Ce type de détails, dont on retrouve tant d'illustrations dans Variations Sauvages, s'allie à un soin apporté au langage, comme matière, pour donner au livre le statut d'œuvre littéraire : citons par exemple la phrase suivante : " le temps cuirassé, inattaquable, inoxydable, le temps mitonné par une mère aimante, le temps sous la haute surveillance des armées de pendules était de retour. " (p.33). Ici, c'est non seulement le rythme qu'il est intéressant d'analyser, mais aussi les jeux de sonorité. La phrase dénote une maîtrise certaine des dosages de rythme, avec la séquence suivante : groupe sujet ternaire (" le temps… " à trois reprises), développé lui-même, pour le premier " temps " de cette tripartition, en trois temps (les trois adjectifs), le tout dans une progression en longueur des éléments, en une cadence majeure qui se termine brusquement mineure avec le groupe verbal, final et bien plus court. Les sonorités accroissent l'effet d'unité des membres de phrase : le premier temps est uni par les gutturales sèches (Kuirassé, inattaKable, inoKsydable), alors que la douceur maternelle est rendue par les M des mots " Mitonnés ", " Mère aiMante ". Enfin, et toujours au service du sens, la hauteur de la " surveillance " des horloges est traduite par l'élévation rythmique de la phrase.
    Mais au-delà de ces qualités littéraires, le texte de Variations sauvages présente également des aspects fictionnels inattendus. C'est le mélange ou plutôt l'entrecroisement déjà évoqué qui le fait pressentir, puisqu'il amène sous la plume d'Hélène Grimaud certaines formules surprenantes comme : "Adulte, j'adorais m'infliger d'autres épreuves. "(p.235). L'écrivain en vient ici à parler d'elle avec un tel recul que cette adulte, qu'elle est bien évidemment encore, et non pas qu'elle était, se conjugue, comme adulte, au passé, comme si elle survolait une histoire sienne et autre à la fois. Mais cet exemple ne serait qu'anecdotique s'il n'était corroboré par une série d'éléments inclinant son ouvrage du côté de la fiction : le portrait tracé du personnage de Dennis en est un exemple frappant. La description de la première rencontre, au crépuscule (entre chien et loup !), fait de lui un personnage pittoresque et romanesque, de ceux que l'on ne s'imaginerait pas rencontrer un jour dans la rue, aussi entouré de mystère : " Je scrutais sa silhouette dans l'obscurité.(…) Par instants, les verres de ses lunettes lançaient de petits éclats dans la nuit. " (p.239). La mort réelle de cette personne la fait d'autant plus appartenir au livre seul, lui donne le statut d'être de papier, d'être qui revient à la vie par la littérature. Et c'est la façon de le présenter au sein du récit qui est à l'origine de cet effet de dé-réalisation, de fiction. Dennis est, avant son apparition, l'homme dont on parle (p.230/231), celui dont l'existence est d'abord rapportée, annoncée, comme celle d'un héros de roman qui ne vit que dans le langage. Autre exemple de cet effet de fiction, éprouvé par le lecteur comme un sentiment diffus : la familiarité instinctive et immédiate avec la louve, décrite comme si elle n'avait pas été vécue, mais rêvée par une enfant, moment de grâce qui n'appartient pas à la réalité mais à l'imaginaire.
    Variations sauvages est donc un livre qui donne plus qu'on ne s'attend à y trouver, un livre qui ferait mentir le dictionnaire, puisqu'on peut lire dans le Larousse : " Grimaud : n.m. (du francique) Litt. Mauvais écrivain. "

    J.L.R. (Jérémie Leroy-Ringuet)

     

    Récit autobiographique de la pianiste Hélène Grimaud : l'auteur laisse entrevoir la magie qui transforme une toute jeune adolescente dotée d'un tempérament fort en une musicienne accomplie. Sa personnalité, un peu déroutante, est fréquemment associée par Hélène Grimaud elle-même au caractère à la fois sauvage et grégaire des loups qu'elle nous apprend à découvrir.

    Lu en octobre 2021, collection Papa et Maman (Sorgeat)

     

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