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    SkySky

    (Drame, France, Allemagne, 2015, 103 min)

    Réalisation : Fabienne Berthaud

    Scénario : Pascal Arnold, Fabienne Berthaud

    Direction artistique : Christian Kastner

    Photographie : Nathalie Durand

    Son : Vincent Hazard, Andreas Hildebrandt, Matthias Lempert et Jean-Yves Munch

    Montage : Pierre Haberer

    Musique : François-Eudes Chanfrault

    Production : Gabrielle Dumon et Bertrand Faivre

    Sociétés de production : Le Bureau ; Pandora Filmproduktion et Vamonos Films (coproductions)

    Sociétés de distribution : Haut et Court (France) et Alamode Film (Allemagne)

    Avec... Diane Kruger (Romy Kellinger),  Norman Reedus (Diego), Gilles Lellouche (Richard Moreau), Lena Dunham :(Billie),  Q'Orianka Kilcher (Missy), Lou Diamond Phillips :(Duane), Joshua Jackson (l'inspecteur Ruther), Laurene Landon (Charlene)

     

    Synopsis  

    En vacances avec son mari dans l’Ouest américain, Romy décide de mettre fin à cette relation toxique et de reprendre sa vie en main. De Las Vegas aux plaines du Nevada, la route sera jalonnée de rencontres improbables, intenses et toutes porteuses d’un nouvel espoir.

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Pour Romy et Richard, son mari, c’est le voyage de la dernière chance. Mais, dans ce Grand Ouest américain où elle rêvait d’aller depuis longtemps, elle prend conscience du dégoût que Richard lui inspire. Un coup de lampe sur la tête dans la chambre du motel et Romy prend la route, n’écoutant que son instinct…

    Pour son troisième long métrage, Fabienne Berthaud s’est lancée dans son film « indé » américain rien qu’à elle, avec halte ­insolite à Las Vegas et rencontres qui changent une vie dans le désert. Elle mêle les influences (Thelma et Louise, Bagdad Café, mais surtout les grands romanciers américains comme Cormac McCarthy ou Jim Harrison) pour mieux brouiller les pistes, puis rouler vers le mélo à plein régime. Le casting surprend aussi, de Lena Dunham, créatrice de la série Girls, à Q’orianka Kilcher, jadis la Pocahontas de Terrence Malick. Quant à Diane Kruger, égérie et alter ego, la réalisatrice lui maquille les yeux en bleu pailleté pour évoquer l’autre Romy, celle de L’important, c’est d’aimer. Fougueuse et vibrante, elle se consume.

    Guillemette Odicino (Télérama)


    Entre histoire d’amour et road-movie, un récit en demi-teinte aux paysages époustouflants mais au scénario trop mince.

    Les grands déserts américains n’en finissent d’inspirer nos cinéastes. Après Depardieu/Huppert venus tenter de faire renaitre leur couple après la mort de leur fils dans Valley of Love, voici Lellouche/Krüger constatant l’explosion du leur. Il faut dire qu’ils sont fascinants ces grands espaces et assurent une ampleur visuelle et émotionnelle certaine.

    Après Frankie en 2005 et Pieds nus sur les limaces en 2009, c’est la troisième fois que Fabienne Berthaud et Diane Krüger, respectivement derrière et devant la caméra, se retrouvent. Sur fond de coucher de soleil rougeoyant, un homme et une femme se promènent sur une plage. Romantisme assuré. Pourtant, ils n’en sont plus là. Leur mésentente est palpable. Elle ira crescendo jusqu’à cette dispute violente dans leur chambre d’hôtel où Romy craint d’avoir tué son mari. Elle se terre comme une criminelle jusqu’à ce que la police lui apprenne qu’il n’est que blessé. Une dernière fois, il tente de la reconquérir. En vain ! c’en est terminé de la prestation de Gilles Lellouche, pourtant émouvant dans ce rôle d’homme poussé à bout par une femme qu’il aime malgré sa complexité et son désir d’enfant inabouti. Dommage aussi pour les spectateurs car c’est sans aucun doute la partie la plus structurée de ce long-métrage qui va désormais s’effilocher. Maintenant seule, Romy part sans calcul, ni repères. Elle ne sait pas encore vers quoi elle doit porter ses pas, elle sait seulement qu’elle est à la recherche d’un renouveau. En même temps qu’elle, le spectateur se demande, lui aussi, vers quoi où veut l’emmener.

    Comme lors des ses précédents films, la réalisatrice s’attache à nous dresser le portrait d’une femme malheureuse qui, à force de courage, va surmonter ses démons et renaître de ses cendres, une femme qui choisit la liberté, qui prend le risque de l’inconnu et n’a plus peur. Elle nous entraîne dans son périple, à la rencontre de personnages cabossés souvent caricaturaux et auxquels il est difficile de s’attacher ou des laissés pour compte d’une Amérique à deux vitesses. A l’aune des contradictions du personnage, on passe de la magnificence de Las Vegas à l’isolement d’une réserve indienne, d’une esthétique léchée à un aspect documentaire, du charismatique Lellouche au taciturne et ténébreux Norman Reedus (le Daryl de la série Walking Dead) au rythme de scènes qui manquent cruellement de profondeur quand elles ne sont pas répétitives.

    Diane Kruger est convaincante dans ce portrait de femme à la fois tourmentée et aventurière. La caméra transcende sa beauté et son jeu tout en finesse permet de créer l’empathie avec cette femme à la fois émouvante et agaçante. L’intérêt de ce film vaut surtout par sa prestation qui, cependant, ne parvient pas à sauver un récit confus auquel on peine à croire.

    avoir-alire.com


    Alors j’avoue, au début ce qui m’a motivé c’est la présence de Norman Reedus dans le casting (souviens-toi, Daryl Dixon passion et tout et tout) mais en sortant de la salle, je suis sûre que j’aurais adoré ce film même s’il n’y avait pas joué. Laisse-moi te parler un peu du casting avant d’entrer dans le vif du sujet. Fabienne Berthaud, réalisatrice française, expatriée aux USA, a rassemblé un panel très hétéroclite d’acteurs (elle a d’ailleurs trouvé Norman Reedus sur une couverture de magasine, elle est comme ça Fabienne, elle marche au coup de cœur…) : Diane Kruger (avec qui elle est amie), Gilles Lellouche (un petit frenchy), Norman Reedus (récemment devenu célèbre grâce à la fameuse série fantastique peuplée de zombies The Walking Dead cf. #LoveDarylDixon), Lena Dunham (qui touche à la création de série, elle-même actrice américaine). On retrouve même Joshua Jackson (bon, qui est accessoirement et vérification faite, le mari de Diane Kruger mais surtout célèbre pour son rôle dans la série fleuve Dawson…). Bref, tout ce petit monde pourrait très bien faire un jolie n’importe quoi mais, un peu comme dans la vraie vie, ils sont tellement différents et attendus ailleurs que leurs rencontres prennent du sens.

    ACTEURS

    Norman Reedus, Dane Kruger, Gilles Lellouche, Lena Dunham

    Pour te remettre un peu en contexte, j’ai été voir ce chouette film à Châtelet les Halles, à la séance de 16h00 un samedi et je trépignais comme une gamine devant la Reine des Neiges. Passé le moment interminable où tu attends d’atteindre la borne pour prendre ton ticket (et où la théorie de « la file que tu choisis est toujours la plus lente » se vérifie une énième fois), j’ai enfin pu accéder à la salle. J’étais assez intriguée parce que bien qu’arrivée avec vingt minutes d’avance, l’écran affichait seulement 32 places restantes. Ne connaissant pas bien l’UGC des Halles, je ne savais pas s’il s’agissait d’une immense salle blindée ou d’une toute petite salle vide. Vu la chasse au trésor pour trouver la salle 15, tout en bas et tout au fond d’un couloir (ou devrais-je dire de plusieurs couloirs), j’ai vite compris que c’était plutôt l’option petite salle… J’ai été assez étonnée du public : hommes et femmes équitablement répartis, souvent venus seuls et en majorité de plus de 50 ans. Et avant que le film ne commence les quelques soixante-dix places étaient toutes occupées. J’ai eu un peu peur au début parce qu’à peine les bandes annonces commencées, mon voisin s’est esclaffé à une blague toute pourrie comme si c’était la plaisanterie du siècle et j’ai vu le moment où il allait nous faire le coup à la moindre pointe d’humour mais heureusement une fois le film commencé, tout le monde a été hypnotisé.

    affiche 2

    Pour l’histoire, et là attention SPOILERS !!! (En même temps vu le peu d’infos qui filtrent, c’est vite fait !), ça n’a pas l’air très folichon de premier abord. Romy et son mari Richard sont deux français venus en vacances aux Etats-Unis pour essayer de sauver leur couple qui malgré ses huit années au compteur bat un peu de l’aile (et c’est un euphémisme).

    Romy et Richard

    Un soir ce cher Richard rentre beurré comme un petit lu, et essaye d’abuser de Romy dont on comprend qu’elle n’a pas très envie de lui (on apprendra par la suite qu’elle a fait plusieurs fausses-couches et que son goujat de mari n’est pas très empathique… ou qu’il intériorise très bien) et elle le lui fait comprendre à coup de lampe de chevet. Le croyant mort, elle s’enfuit, achète une voiture et se retrouve en cavale pour 48h. Elle panique dès qu’elle aperçoit l’ombre d’un gyrophare et finit par se rendre en expliquant à un gentil inspecteur qu’elle a tué son mari. C’est alors qu’elle apprend que Richard n’est pas mort. Elle se sent complètement libérée et le quitte (et ça fait plaisir à tout le monde, désolé Richard). Elle marche beaucoup le long des routes caractéristiques des Etats-Unis, fait du stop et se retrouve dans des situations un peu rocambolesques pour finalement atterrir déguisée en lapin playboy bleu dans un casino de Las Vegas où Diego (aka Norman chéri) la prend pour une prostituée.

    LAS VEGAS

    Rencontre de Diego et Romy, au casino

    Il ressemble à un cowboy des temps moderne et lui propose une petite passe, puisque comme il l’expliquera plus tard, c’est le seul type de relation qu’il s’autorise avec les femmes. Elle refuse (évidemment, c’est pas son genre à Diane, non mais !). Mais dès le départ il se passe quelque chose et Diego insiste et lui propose un verre. (Toi aussi tu ne peux pas t’empêcher de penser à Dora quand tu lis « Diego » ?). Ce qui doit arriver, arrive, Romy veut être libre et elle lui tombe dans les bras (d’un côté elle s’autorise à coucher avec le premier venu, mais en même temps elle retombe illico sur un type dont il ne faut pas être devin pour comprendre qu’il n’est pas tout blanc). Ils passent une nuit mémorable mais au matin pfut, plus de Diego, il a laissé de l’argent et un mot.

    ROMY LIBRE

    Romy le lendemain de sa première nuit avec Diego (tu remarqueras que la photo est pudiquement petite;) )

    Romy toute contente (parce qu’elle est libre, je te le rappelle, pas parce que Diego l’a payée, et puis parce que c’est Norman Reedus, mais ça, ça paraît évident) rentre chez celle qui l’hébergeait et se fait mettre à la porte (la dame est un peu susceptible et n’a pas trop apprécié que Romy découche… en même temps elle avait une bonne excuse, c’était pour Norman…). Du coup elle est un peu perdue et essaye de recontacter Diego à l’hôtel mais c’est une femme qui répond (il n’y a pas besoin de nous faire un dessin, Diego est à Las Vegas pour ça, il ne chôme pas). Le lendemain il glisse un mot sous la porte de la chambre de Romy avec son adresse. Elle s’y rend et l’attend… longtemps. Il rentre finalement un peu très pompette et l’envoie balader mais comme elle n’a nulle part où aller, elle reste chez lui (et, je te rassure, il devient plutôt sympa, du moins pendant un temps).

    Romy et Diego

    Je ne vais pas te gâcher la fin et je vais la résumer beaucoup beaucoup (ne te sens pas obligé de la lire si tu veux garder la surprise, parce que pour moi l’essentiel du film est là) : elle reste un temps mais Diego souffle le chaud et le froid, entre indifférence et marques d’affection. Romy tombe vraiment amoureuse de lui et le jour où elle essaye de lui montrer que c’est réciproque et d’établir une vraie relation, il la fiche à la porte. Elle rencontre des indiens (les vrais, avec des plumes et qui font brûler de la sauge) qui la rebaptisent Sky et lui apprennent qu’elle attend un enfant. Elle qui ne pensait pas pouvoir un avoir elle est partagée entre la joie d’enfin porter la vie et la triste réalité de sa relation avec Diego. (Bon et là, est-ce que comme moi tu te dis « elle rencontre un type qui se tape ouvertement et exclusivement des prostituées et elle ne se protège pas ? Pire, ledit Diego, si sexy soit-il, change de fille tous les soirs et ne se protège pas non plus ?!  Elle est chanceuse d’être seulement enceinte, la syphilis c’est vachement moins glamour !) En parallèle de tout ça, Diego tousse depuis le début mais on met ça sur le compte des nombreuses cigarettes qu’il suçote (et peut-être d’une allergie à la poussière, le Nevada étant un Etat plutôt désertique, oui, on n’y pense pas assez à l’allergie à la poussière).

    DIEGO FUME

    Fumer tue (être irradié à l’uranium aussi…)

    On apprend finalement qu’il a fait la guerre (d’Irak ? et surtout la question que tout le monde se pose : il s’est vraiment rasé les cheveux pour être militaire ? Parce qu’on a du mal à imaginer ses longs cheveux – crados, il faut bien l’avouer- réduits à de petits picots de 5 mm) et qu’il a été irradié.

    CHEVEUX CRADO

    Head & Shoulders et Herbal essence n’ont qu’à bien se tenir…

    Son déclin est plutôt moche à voir, il s’affaiblit à vue d’oeil (mais, Dieu merci, les muscles de ses bras résistent jusqu’au bout …) et crache du sang comme un tuberculeux. Quand Romy lui apprend qu’elle est enceinte, il lui demande d’avorter. Elle ne peut pas s’y résoudre, et mène la grossesse à terme. Evidemment Diego meurt avant la naissance de l’enfant. Mais ce dernier est en bonne santé et avant de mourir Diego avoue à Romy qu’il l’aime et qu’elle a été la seule (bon un peu cliché certes mais tellement romantique).

    Personnellement, le scénario me fait penser à un téléfilm pas terrible de l’après-midi pour ménagère de moins de 50 ans. Et pourtant ce n’est pas du tout l’impression que j’ai eu en regardant le film. Là, je fais des petites blagounettes parce que j’ai ressassé le film pendant 2 jours mais, en vrai, sur le coup, je faisais moins la maline ; j’étais juste envoûtée, subjuguée et ensorcelée…

    D’abord je pense que cela tient beaucoup au jeu des acteurs. Diane Kruger est tout simplement excellente, elle a l’air tellement « humaine ». Ok, c’est pas une extraterrestre à la base mais le personnage est très bien mené. Ensuite Gilles Lellouche renvoie lui aussi très bien l’image du mari un macho et complètement coupé de sa femme. C’est un couple qui souffre et qui ne se comprend plus. Norman Reedus, a l’habitude de ce genre rôle de gars un peu solitaire et perturbé et c’est presque troublant de le voir passer des zombies au drame romantique aussi facilement, mais l’effet est réussi. C’est un peu son domaine de prédilection et le tandem Romy/Diego fonctionne très bien. Pour ce qui est de autres acteurs, ils ne sont que de passage, c’est plus difficile de donner un avis. Cependant Lena Dunham est plutôt convaincante dans le rôle de l’américaine un peu écervelée, mère pondeuse du fond de la campagne.

    CAMPAGNE

    Diego, Romy et la belle-soeur de Diego, à qui il manque une dent

    Ensuite, les paysages sont tous simplement magnifiques. J’ai trouvé le style très poétique, tantôt du point de vue des personnages, tantôt des plans larges et calmes. On retrouve totalement les images de l’imaginaire américain (les indiens, les motels, le désert, Las Vegas, …).

    RENCONTRE AVEC FABIENNE

    Fabienne Berthaud, la réalisatrice (au cas où ce serait pas écrit assez gros sur a photo !)

    Je ne sais pas si la réalisatrice est engagée, je ne me suis pas assez renseignée pour ça mais il y a beaucoup de thèmes dans son film. A un moment, on frise presque l’overdose de clichés et de thématiques sensibles puis tout devient cohérent et prend du sens. En fait, tout s’emboîte parfaitement (sans mauvais jeu de mots sur la relation de Diego et Romy… héhé) et comme dans la vraie vie on réfléchit sans cesse (en tout cas, moi, ça m’a fait cogiter). Par exemple, le thème de la maternité, Romy a eu recourt à l’IVG puis elle a fait plusieurs fausses couches pour finalement parvenir à tomber enceinte (d’un homme mourant, merci pour l’ironie du destin…) et elle doit même affronter la belle-sœur de Diego qui tombe enceinte rien qu’en regardant son mari et n’a pas l’air de vraiment désirer ses gosses. Diego a été irradié pendant la guerre (si ça ce n’est pas polémique…) et il se retrouve face à l’amour alors qu’il le fuit, il se sait condamner puis il apprend qu’il va laisser un enfant qu’il ne connaîtra jamais. Tu saisis la richesse de ce film ? Guerre, maladie, maternité difficile, amour, etc.

    Le thème premier je pense que c’est quand même l’émancipation de Romy qui en bave carrément (et ce jusqu’au bout avec la mort de Diego) mais qui arrive à prendre sa vie en main, à larguer l’autre idiot et parvient à une forme de bonheur malgré les épreuves. En fait le destin est joueur, des propres mots de Romy « je ne sais pas où je vais, mais je sais que j’y arriverai ».

    DIEGO ET ROMY 2

    Comme dit l’adage, « aimer, ce n’est pas se regarder l’un-l’autre… »

    Comme j’ai déjà beaucoup parlé et que tu as eu le courage de lire jusqu’ici, je ne te barberai pas avec d’interminables analyses que les différentes situations m’ont inspirées, d’autant plus que tu as déjà compris que j’avais particulièrement accroché, j’en frissonnais encore bien après la fin de la séance… Je me contenterai de te donner trois citations (imparfaites parce que je n’ai pas pris de notes sur le coup et que je ne me souviens plus de la formulation en anglais) :

    • A un moment Romy et son mari se retrouvent dans un bar et il est déjà bien imbibé (Richard, pas le bar, hein ?). Il montre le ventre de Romy et dit à deux filles qu’il draguait « ma femme ne peut pas faire d’enfant. Tout est mort là-dedans »
    • La deuxième citation est une phrase prononcée par Romy alors qu’elle a voulu embrasser Diego, pendant qu’il déposait illégalement de l’eau dans le désert pour des gens qui meurent de soif. Alors qu’il la repousse (en refusant son contact mais aussi en mettant plus métaphoriquement de la distance entre eux, d’ailleurs un peu plus tard il la fiche à la porte), elle lui dit : « La vie n’a pas toujours besoin d’avoir du sens »
    • Pour finir, c’est Diego mourant qui n’a presque plus la force de bouger qui prononce la dernière phrase que j’ai retenue. Elle est d’autant plus belle qu’il caresse de ventre déjà bien rond de Romy, revenue car elle a été avertie de son état, et qu’elle se met à pleurer en le berçant : « Tu lui diras que tu as été la seule femme de ma vie »

    lecontebleu.wordpress.com


    L'Amérique fait rêver. Ses routes s'allongeant à perte de vue, ses paysages désertiques ou ses grandes villes éclairées par des millions de néons sont autant de ravissements pour les yeux et d'invitations au voyage. À l'image du personnage de Romy incarné par Diane Kruger (elle-même un ravissement pour les yeux), la française Fabienne Berthaud a sans doute réalisé un de ses rêves en allant tourner là-bas. Pour ce voyage, elle est accompagnée par son actrice fétiche Diane Kruger avec qui elle a déjà travaillé à deux reprises (Frankie et Pieds nus sur les limaces que je dois m'empresser de voir) et Gilles Lellouche, ici en parfait représentant de la beaufitude à la française. Du côté des ricains, on croisera beaucoup de têtes issues de séries télévisées, principalement Norman Reedus (The Walking Dead) et Lena Dunham (Girls) ainsi que Joshua Jackson en couple avec l'actrice-mannequin allemande au moment du tournage. Tous sont formidables mais Diane reste le centre du film et sa grande force, les autres ne sont là que pour multiplier les rencontres improbables durant son périple initiatique. Hormis peut-être celui de Norman Reedus dont le personnage plus travaillé servira de love interest à l'héroïne comme nous le montre l'affiche du film. Il est encore ici, à l'instar d'un Daryl, l'image du redneck badass et grognon qui dissimule un grand cœur.

    Les personnages peuvent sembler caricaturaux et la romance un peu facile mais justement l'une des plus grandes réussites de Sky réside dans son traitement des clichés. Si l'Amérique fait tant rêver c'est parce qu'on l'associe à un "fantasme américain" basé sur de nombreux clichés. Je pense d'ailleurs que le public européen sera bien plus réceptif à cette vision de l'Amérique que le public américain qui se sentira attaqué par des préjugés en tout genre. Le film reflète notre idéal américain, un idéal vu par des étrangers et s'amuse à le démonter pièce par pièce. L'homme parfait rencontré sur un coup de foudre a lui aussi son lot de problèmes, Las Vegas n'est pas le paradis sur Terre pour tout le monde (si vous voulez voir Diane Kruger en lapine sexy, ce film sert aussi à ça...) et l'Amérique profonde n'est pas aussi sympathique qu'on ne le croit. Au fil du film, Romy dépasse sa condition de touriste pour s’immerger dans cette Amérique dont les clichés s'atténuent au fur et à mesure qu'elle découvre la réalité.

    Le travail de réalisation de Fabienne Berthaud est à souligner. La première partie aux allures de thriller est saisissante avec des passages envoûtants dignes d'un David Lynch puis le film tourne davantage au drame à la Wim Wenders. Comme tout bon road movie, les paysages deviennent des personnages à part entière et il serait facile de citer Terrence Malick comme référence. D'ailleurs on retrouve aussi l'actrice Q'Orianka Kilcher repérée dans Le Nouveau Monde. Ce qui frappe également c'est la parfaite alchimie entre la réalisatrice et sa muse. Fabienne sait comment utiliser la beauté et le jeu de Diane pour en tirer le meilleur. Les deux femmes sont artistiquement complémentaires et cela donne des images sublimes sur lesquelles une belle B.O se fait entendre notamment signée par Rover. Le clip de la chanson Some Needs est d'ailleurs réalisé par Fabienne Berthaud et met une nouvelle fois en avant la beauté de Diane Kruger : https://www.youtube.com/watch?v=odfWhNVYBko

    Sky n'est donc peut-être pas original mais ce n'est pas ce qu'on lui demande. On lui demande surtout d'être efficace et de nous émouvoir, ce qu'il fait très bien. On pourrait lui reprocher un manque de rythme sur la dernière partie alors que le début est assez mouvementé mais j'ai l'impression que le film se calme lorsque la vie de l'héroïne s'apaise. Un portrait de femme très humain, sensible dans lequel on peut facilement se reconnaître. Ce sentiment, cette envie de tout quitter et de tout recommencer ailleurs sous un nouveau ciel, guidé par de nouvelles étoiles, on l'a tous connu. En bref, c'est plus un film qui se ressent, qu'un film qui s'explique. C'est sombre mais aussi beau et plein d'espoir.

    senscritique.com - BigMacGuffin

     

    Vu en janvier 2019 (ARTE)

     

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