• 99 homes

    99 homes
    99 homes

    (Drame social,  USA, 2014, 112 min)

    Réalisateur : Ramin Bahrani

    Scénario : Ramin Bahrani, Bahareh Azimi et Amir Naderi

    Production : Ashok Amritraj, Ramin Bahrani, Andrew Garfield, Justin Nappi et Kevin Turen

    Société de distribution : Broad Green Pictures

    Photographie : Bobby Bukowski

    Montage : Ramin Bahrani

    Musique : Antony Partos

    Avec... Andrew Garfield (VF : Olivier Brun ; VQ : Gabriel Lessard) : Dennis Nash, Michael Shannon (VF : Jean-Michel Fête ; VQ : Louis-Philippe Dandenault) : Rick Carver ,Laura Dern (VF : Jeanne Savary ; VQ : Anne Bédard) : Lynn Nash, Noah Lomax (VF : Elie Cohen ; VQ : Sam-Éloi Girard) : Connor Nash, Tim Guinee (VQ : Antoine Durand) : Frank Greene, Cynthia Santiago : Mme Greene Manu Narayan (en) : Khanna, Cullen Moss : Bill, Judd Lormand : M. Hester, Jonathan Vane : Adam Bailey, Alex Aristidis : Alex Greene, Jeff Pope (VF : Loïc Houdré ; VQ : Pierre-Étienne Rouillard) : l'homme expulsé, Richard Holden (VF : Michel Voletti ; VQ : Frédéric Desager) : le juge, Christopher Berry (VF : Yann Guillemot) : le voisin

     

     

    Synopsis :  

    Un père lutte pour récupérer la maison dont sa famille a été expulsée après avoir été dupé par un agent immobilier véreux.

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Présenté en Compétition à la Mostra de Venise en 2014, 99 HOMES s’intéresse aux conséquences de la crise des subprimes en mettant en scène un cas concret de saisie immobilière et l’expulsion qui en résulte. Partant d’une situation individuelle, Ramin Bahrani questionne le devenir d’une société malade régie par la cupidité et une corruption généralisée – voire légalisée. Son approche est-elle duale – à la fois très réaliste et mécaniquement artificielle – que le casting, emporté par Andrew Garfield, Michael Shannon et Laura Dern, nous saisit.

    Lorsque sa maison est saisie, Dennis Nash se retrouve à habiter dans une chambre de motel avec sa mère et son jeune fils. Leur vie bascule du jour au lendemain. Ouvrier débrouillard, Dennis pactise avec l’agent immobilier qui l’a mis à la rue dans le but de récupérer la propriété familiale. Il se retrouve bientôt à expulser à son tour des familles entières. Une réalité dont il se garde de faire part à ses proches.

    « Don’t get emotional »

    L’ouverture du film est saisissante. Ramin Bahrani nous plonge dans l’horreur d’une situation pourtant banale aux Etats-Unis depuis la crise financières des subprimes. Nous découvrons la « figure » de Rick Carver (Michael Shannon) alors qu’une saisie vire au carnage. Homme d’affaires intraitable, l’homme applique sans scrupule la loi. Il n’a que faire de la réalité des gens dont le destin bascule. Après tout, le surendettement qui est la cause de leur malheur est la source de son bonheur et de sa fortune.

    D’entrée de jeu, le réalisateur nous confronte aux conséquences concrètes et antagonistes de la crise financière. Toutefois, Rick Carver se révèle rapidement être le personnage secondaire de l’intrigue qu’il met alors en place, se concentrant sur Dennis Nash (Andrew Gardfield) qui reçoit bientôt sa visite. Nous rencontrons le protagoniste dans l’agitation du désespoir alors qu’il tente de faire valoir son droit et de reporter la saisie de la maison où il vit avec sa mère Lynn (Laura Dern) et son fils (Noah Lomax). En vain. Le combat mène à l’expulsion, l’expulsion à encore plus d’agitation. C’est alors le concret des situations qui guide l’écriture, conduisant Dennis, pourtant acerbe à l’égard des hommes de main de Rick, à accepter malgré lui un premier boulot pour l’homme d’affaires sans se rendre compte qu’il signe alors un pacte avec le diable.

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    Efficace et intelligente, quoique symbolique et exemplative, l’écriture nous emporte dans une plurielle spirale du mensonge où Dennis, conscient d’être passé de l’autre côté, ment à sa famille et où les « affaires » se concluent non sans manipulation… Ramin Bahrani nous immerge dans la folie assassine de l’économie capitaliste contemporaine qui trouve dans la loi ses fondements – s’agit-il de la faire appliquer quitte à ne pas toujours la respecter.

    « When you work for me, you’re mine »

    Accorde-t-il un soin particulier à la séquence d’ouverture, pour mieux nous saisir, que le réalisateur opte pour une mobilité du cadre, le plus souvent serré, pour exacerber l’agitation des personnages. Nous faisons paradoxalement corps avec Dennis qui demeure tout au long du film l’objet notre attention. Cette confrontation n’aura cesse de se moduler selon l’évolution du personnage et son ressenti, à mesure que nous voyageons d’une sphère à l’autre ; d’une réalité à l’autre (mesure et démesure dont témoignent les décors).

    A la maîtrise de l’approche visuelle, répond un montage habile et un emploi dual de la musique. Celle-ci sera en effet platement conditionnante voire larmoyante – ancrant ce faisant le misérabilisme des situations et devenant une réelle prise au piège – tout en exacerbant a contrario l’effervescence et la fébrilité des personnages. Elle permettra également d’acter avec force le basculement de Dennis.

    Quelque fois trop soulignée par cet emploi artificiel, mécanique de la musique, l’ébranlement de Dennis est parfaitement transcendé par l’interprétation impeccable d’Andrew Garfield. Est-il transformé en figure exemplaire par le réalisateur – la séquence finale est sans doute trop « héroïque » et symbolique – qu’il nous foudroie tant il apparaît porter en lui la complexité de la situation qui dépasse alors la sphère individuelle. Si la mécanique du film est quelques fois trop apparente, l’ensemble du casting impressionne proprement nos sens devenant le socle d’une tragédie moderne tristement commune.

    (Nicolas Gilson, ungrandmoment.com)

    Vu en juillet 2018 (Netflix) (Marianne)

     

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