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    Australia

    Australia

    Film historique, drame, romance (Australie, USA, 2008, 160 min)

    Réalisation :  Baz Luhrmann

    Scénario : Baz Luhrmann, Stuart Beattie, Ronald Harwood, Richard Flanagan

    Musique : David Hirschfelder

    Image : Gale Tatersall

    Avec... Nicole Kidman, Hugh Jackman, Brandon Walters, David Wenham, David Ngoombujurra, Bryan Brown, Tony Barry, David Gulpilil

    Producteurs : Baz Luhrmann, Catherine Martin, G. Mac Brown

    Production : 20th century fox, Bazmark films, Dune entertainment, 

    Distribution :  Twentieth century fox France

     

    Synopsis :  

    Fin des années 1930, peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale. L'aristocrate anglaise hautaine Lady Sarah Ashley (Nicole Kidman), récemment veuve, hérite d'un ranch (Faraway Downs) dans le nord sauvage de l'Australie. Elle s’allie avec un cowboy local, « Drover » (Hugh Jackman) pour protéger son troupeau et sa propriété. En effet, Neil Flatcher (David Wenham), son contremaître est prêt à tout pour provoquer la chute de Faraway Downs et s’en emparer. Commence alors une expédition à travers des milliers de kilomètres de terres magnifiques et inhospitalières afin de conduire jusqu’à Darwin 1500 bêtes. Un voyage durant lequel Sarah va éprouver des sentiments qui lui étaient auparavant inconnus, notamment suite à sa rencontre avec Nullah (Brandon Walters), un jeune aborigène orphelin. A leur arrivée à Darwin, les forces japonaises ont atteint l’Australie et commencent à bombarder la ville... Sarah est alors prête à tout pour défendre ce à quoi elle tient le plus. Australia est le quatrième film du réalisateur Baz Lurhmann, connu pour sa trilogie dite du « Rideau Rouge », regroupant ses trois premiers films : Ballroom Dancing (l’histoire d’un jeune danseur qui va se rebeller contre sa Fédération en introduisant de nouvelles figures dans son programme de danse), Romeo + Juliet (une version moderne et décalée de la tragédie de Shakespeare) et Moulin Rouge ! (qui relate l’histoire d’amour entre Christian, jeune poète sans le sou et Satine, courtisane et star du célèbre cabaret le Moulin Rouge). Ces trois films font tous référence à un mythe ou un conte tout en racontant une histoire d’amour.

     

    Dans la presse... 

    " Quand Australia, le film de Baz Luhrmann, est sorti en novembre sur les écrans australiens, il a trouvé une championne aussi inattendue qu’omniprésente en la personne de Marcia Langton, professeur d’études indigènes à l’université de Melbourne. Elle ne tarissait pas d’éloges sur ce “fabuleux film hyperbolique” dans le quotidien local The Age. Baz Luhrmann a “donné aux Australiens un nouveau passé, un mythe, celui de l’origine nationale, à la fois dérangeant, exaltant, poignant, cocasse et touchant”, roucoulait-elle. Par définition, les mythes ne sont pas conformes à la réalité. Marcia Langton connaît la vérité, mais elle lui préfère un fantasme trompeur et frauduleux, sans doute parce que celui-ci vise à promouvoir l’actuelle politique gouvernementale de réconciliation, dont elle est l’un des plus ardents défenseurs. La réconciliation est le processus dans lequel les Australiens de tous bords pardonnent et oublient les infamies du passé pour devenir une nation heureuse.

    Le fallacieux film à grand spectacle de Baz Luhrmann, dont l’action se déroule en 1939, montre les Aborigènes comme un peuple participant étroitement au développement de ce “pays chanceux”. Malheureusement pour tous ceux qui voient

    dans la réconciliation le bon filon, le réalisateur ne croit pas à sa propre invention, et cela saute aux yeux. Le héros, incarné par Hugh Jackman, est un conducteur de bestiaux dont le travail consiste à rassembler les bêtes de diverses exploitations et à les conduire vers certaines destinations. Pour que le film marche, nous sommes tous priés de croire que notre homme est victime de l’ostracisme de ses pairs, simplement parce que, des années avant le début de l’intrigue, il a épousé une Aborigène qui a eu la bonne idée de mourir sans enfant. Le conducteur de bestiaux le plus respecté de l’Australie centrale à l’époque était un certain Matt Savage, dit “le Boss”, un Blanc dont le mariage avec une Aborigène a duré quarante ans et engendré une nombreuse progéniture. Pour faire plus romantique, l’histoire veut que Savage ait dit : “Je l’ai eue jeune, je l’ai maltraitée, et cela lui a fait le plus grand bien.”

    Marcia Langton a aussi félicité Baz Luhrmann pour sa présentation de Darwin, ville multiraciale débordant de vitalité. C’est comme si on pouvait voir à travers le prisme du cinéaste que les Aborigènes recevaient un salaire équivalent à un huitième de ce que toucheraient les Blancs pour un travail comparable, ou que les autorités administraient un véritable système d’apartheid. De 1913 à 1938, tous les soirs, les Aborigènes de Darwin étaient tenus de quitter les lieux où ils travaillaient comme ouvriers et domestiques et de rentrer à Kahlin Compound, un complexe de cabanes de tôle sans fenêtres situé à plus de 3 kilomètres de la ville.

    Australia a coûté aux studios Fox environ 90 millions de dollars [62 millions d’euros], moins une astronomique ristourne fiscale. Les 40 millions de dollars restants ont été apportés par le Conseil australien pour le tourisme et les exportations. Aussi décevant que soit le film, en ce sens qu’il ne fouille aucun des rôles d’Aborigènes et qu’il ne donne à aucun de ces personnages une existence propre, le pire est encore le traitement réservé au grand-père non métissé de Nullah, le jeune métis au coeur du film.

    De ce grand-père, on ne connaît que le surnom méprisant donné par les Blancs – King George [Roi George]. La société noire n’a ni monarque ni chef. L’homme blanc a surnommé “Roi” un Noir âgé et lui a donné une plaque de bronze sur laquelle était gravé le faux titre. King George n’avait droit ni à son propre nom ni à la moindre personnalité. Au lieu de quoi, on nous le montre doté de pouvoirs surhumains. King George n’a rien de mieux à faire que de traîner, exécutant de petits rituels et chantant, ne vivant évidemment que d’eau fraîche.

    Les Australiens se sont précipités en masse pour voir le film lors de sa sortie, mais le bouche-à-oreille a été mauvais. “Il n’y a qu’une seule explication rationnelle à l’existence d’Australia, l’obèse film à grand spectacle de Baz Luhrmann, qui a pour décor l’arrière-pays”, écrit avec désespoir Luke Buckmaster dans le magazine spécialisé Film Australia. “C’est une plaisanterie raffinée. Une ruse. Une farce. Un gag… Un quelconque ivrogne taré a mis le réalisateur au défi de battre des records au box-office en réalisant le film australien le plus incroyablement mauvais de tous les temps.” Il faut du courage pour se faire ainsi arnaquer. Compte tenu de l’énorme investissement de fonds publics dans le film, le vouer aux gémonies reviendrait à provoquer une panique bancaire. Outre de l’argent, beaucoup d’espoirs ont été placés dans l’histoire de l’enfant volé pour qu’il serve de scénario à la réconciliation. Le jeune métis fait le lien entre ses deux héritages, le noir et le blanc, et il les aime autant l’un que l’autre. La façon dont il pourra réconcilier ces irréconciliables va au-delà de la portée d’un film, quel qu’il soit.

    Brandon Walters, le garçon de 12 ans qui interprète Nullah, représente le meilleur atout d’Australia. La production ne fournit guère d’informations sur le jeune acteur, mais il viendrait de la commune aborigène de Bidyadanga, sur la côte septentrionale de l’Australie-Occidentale. Selon le dernier recensement, la population de Bidyadanga appartient à cinq groupes linguistiques différents. On y trouve 70 maisons pour 800 habitants, aux prises avec les habituels problèmes des communautés aborigènes, notamment des taux élevés de maladies rénales et cardiaques chroniques, ainsi que le diabète et une faible résistance aux infections dues à un des carences alimentaires.

    Si la famille Walters rentre à Bidyadanga, elle devra partager sa nouvelle richesse avec ses voisins moins chanceux. Prions pour que Brandon Walters échappe au sort d’autres stars aborigènes. Gulpilil, qui fut la vedette du film Walkabout quand il n’était pas beaucoup plus âgé que Walters, a aujourd’hui 55 ans. Il a une dizaine de films à son actif, mais il vit dans une cabane de tôle à Ramingining, un village du Territoire du Nord. Pour son rôle dans Crocodile Dundee, le film australien le plus rentable de tous les temps, il a reçu 10 000 dollars. Des années durant, il a été en proie à l’alcoolisme et à la dépression, et il a fait de la prison. " (Germaine Greer, The Guardian)

     

     

     Édifiant, instructif, ce récit rend hommage aux paysans britanniques qui surent s'organiser pour défendre leur dignité face à des propriétaires terriens qui les affamaient et les réduisaient à l'état d'esclaves, cela au milieu du XIXe siècle. Dans cette expression de la volonté de chaque homme d'être libre, courageux et digne, qui passe ici par une forme de confrérie clandestine par nécessité on pense à l'émergence des loges maçonniques qui ne sont pas l'apanage des classes supérieures de la société.

    Le mode de narration, les choix esthétiques, jusqu'à l'accent très heurté des personnages, les nombreuses ellipses qui jalonnent le film sont autant d'éléments qui bouleversent le spectateur.

    Vu le 6 février 2017 (diffusion France 3-tv) 

     

     

      

     

     


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