• Une vie entre deux océans

    Une vie entre deux océans
    Une vie entre deux océans

    (titre original : The Light Between Oceans, Drame, Etats-unis, 2016, 130 min)

    Réalisation : Derek Cianfrance

    Scénario : d'après le roman  Une vie entre deux océans de Margot L. Stedman

    Direction artistique : Karen Murphy,

    Costumes : Erin Benach,

    Photographie : Adam Arkapaw,

    Montage : Ron Patane Musique : Alexandre Desplat

    Production : David Heyman

    Sociétés de production : DreamWorks SKG, Heyday Films et Participant Media

    Avec... Michael Fassbender (VF : Jean-Pierre Michaël) : Tom Sherbourne, Alicia Vikander : Isabel Sherbourne Rachel Weisz (VF : Déborah Perret) : Hannah Roennfeldt, Anthony Hayes : Vernon Knuckey, Caren Pistorius : Lucy adulte, Leon Ford : Frank Roennfeldt, Jack Thompson (acteur) : Ralph Addicott Elizabeth Hawthorne (VF : Marie-Martine) : Mme Hasluck

     

    Synopsis :  

    Sur une petite île sauvage perdue au large de l’Australie, peu après la Première Guerre mondiale, Tom Sherbourne, le gardien du phare, vit heureux avec son épouse Isabel. Loin du tumulte du monde, il peut enfin oublier tout ce qu’il a vécu au combat. Mais leur bonheur se ternit peu à peu : Isabel ne peut pas avoir d’enfant, et elle se désespère... Un jour, un canot vient s’échouer sur la plage, avec à son bord le cadavre d’un homme et un bébé bien vivant. Isabel supplie son mari de garder le secret, de passer outre le règlement et de ne pas signaler l’événement. Elle veut garder l’enfant et l’élever comme le leur... Par amour pour sa femme, Tom accepte. Mais la réalité va les rattraper et le secret ronger leur coeur et leur vie...

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Le phare dans la tempête

    Le phare est un personnage à part entière du film ; il a fallu du temps à l'équipe du film pour trouver le site parfait. C'est le phare de Cape Campbell, sur le Détroit de Cook, au nord-est de l'Île du Sud de la Nouvelle-Zélande qui a convaincu l'équipe. D'une hauteur de 22m, le bâtiment est pourvu d'une petite maison pour le gardien et d’un jardin, idéalement situés en contrebas. Ce phare guide les bateaux pris au piège des mers agitées et des vents violents depuis 1870 : "Après avoir sillonné deux pays du nord au sud, nous avons déniché Cape Campbell", confie le régisseur d'extérieurs Jared Connon. "Dès l'instant où Derek Cianfrance s'est installé dans le phare et s'est mis à observer la mer où il a aperçu un récif, on savait qu'on tenait notre Janus Rock. Derek a été particulièrement emballé par le point de vue car on avait vraiment le sentiment d'être à la jonction de deux océans", se souvient Connon. "Cape Campbell m'a inspiré parce que les gardiens de phare y vivent depuis très longtemps, je sentais la présence de leur esprit. Au cours de l'une de mes premières visites sur place, je suis tombé sur une vieille pierre tombale où l'on pouvait lire 'À notre fille bien-aimée, disparue bien trop tôt, août-décembre 1896'. Il s'agissait donc d'un bébé. J'ai alors senti la présence de tous ces êtres qui avaient vécu là, leurs joies et leur détresse, leur vie et leur disparition. Nous avons cherché à y puiser notre inspiration et à faire corps avec la mémoire des lieux", ajoute le réalisateur.
    source : allocine.fr

     

    Une vie entre deux océans s’articule tout entier sous le signe de Janus, dieu des commencements et des fins, des portes et de passages. Comme Michael Fassbender, qui travaille comme gardien de phare pour le Commonwealth sur une île australienne du nom de la figure mythologique, le film est polarisé entre deux versants contraires : la possibilité d’un destin idyllique et son revers dystopique pavé de tragédies. Tom (M. Fassbender) incarne à la perfection ce paradoxe, lui dont le mutisme et la sympathie cachent en réalité une douleur insoutenable provoquée à la fois par une enfance tourmentée et le trauma de la guerre. Toujours aussi obnubilé par la métaphore biblique - le titre original "The Light Between Oceans" marque bien cette généalogie -, Derek Cianfrance a pensé son personnage comme le veilleur d’un paradis perdu : un brin de nature prisonnier des flots, où la lumière du phare, toujours doit permettre au tout venant de ne pas sombrer sur ses cotes. L’image parle d’elle-même. Parce que Tom a cédé à sa femme une nuit et n’a pas veillé à alimenter la flamme du phare - allégoriquement le bien et la vie -, un cas de conscience se pose, suivi d’une série de tragédies s’abattant sur son couple - fatum annoncé par le piano désaccordé. Par amour pour elle, ses choix auront raison de leur bonheur - parce que la morale. Le personnage se veut ainsi quelque part celui accordant à tout un chacun l’accès au pardon et au salut - supplice rédempteur. À la fois dans sa mise en scène et son propos, Une vie entre deux océans rappelle Terrence Malick, qui depuis La Balade sauvage et Les Moissons du ciel joue de cette logique de souffle divin. Les océans déchaînés, la nature invincible, la focalisation interne en plans rapprochés sur les protagonistes arpentant des espaces vierges... tout ce dispositif de douce claustration suscite dans le même temps respect envers la nature et appréhension face à ses caprices. Ainsi en est-il aussi du caractère de Tom, toujours entre deux mers, chaque fois comme sur le point de s’abattre sur le monde.

    Copyright 2016 Constantin Film Verleih

    Cette histoire métaphysique filmée avec application - la belle photographie donne à penser des océans gouvernant les sentiments et destins de tous - va de pair avec un sens inouï du paysage mental, principal ressort du film. Cianfrance ne cache pas non plus sa sensibilité pour le cinéma classique : la trame, adaptée du roman de M. L. Stedman, ressemble notamment à l’un des plus beaux mélodrames de Joseph L. Mankiewicz, L’Aventure de madame Muir, dont le cinéaste singe la silhouette fantomatique finale en surimpression du générique de clôture, de même que le montage des instants de grâce du couple pour conjurer la fatalité et la séparation. Belle définition romantique d’un cinéma capable de racheter jusqu’à l’amour, bien qu’il s’agisse d’une citation. Néanmoins, le film de Cianfrance n’est pas sans failles, à commencer par un récit parfois lourdaud et un rythme un peu mono-maniaque. Tout en intériorité et en tension rentrée, le personnage de Tom s’avère le noeud de Une nuit entre deux océans, son énigme. Celui matérialisant dans la chair le courroux et la honte d’un monde tempêtueux et décimé par la noirceur de l’Homme. Au-delà de ce rôle et de celui de sa femme - fragile et passionnée Alicia Vikander -, être sous influence bouleversé par la nature organique, et par-delà aussi la désespérée Rachel Weisz, le long métrage de Cianfrance ne trouve pas toujours le mouvement intérieur qui le ferait passer à la postérité. Bien que brillante, la musique d’Alexandre Desplat ne réussit pas à faire agir le sortilège. L’on cherche par moment le débordement, et ce bien que l’émotion et le drame soient souvent palpables, derrière la simplicité du maillage discursif. Quand par ailleurs le film s’autorise au contraire des instants de pure suspension, ne serait-ce que lorsque Tom ou Isabel avancent guidés par un son étrange - le chant d’une femme éplorée pour l’un, les pleurs d’une enfant pour l’autre. Le surnaturel, dès lors, n’est pas loin de fissurer l’édifice, et atteint l’espace de quelques secondes la transe qu’il cherchait jusqu’alors. Il faut cependant composer avec des péripéties lancinantes - le hochet en argent, bien trop prévisible - et peut-être un peu trop appuyée, déjouant aussitôt les espérances que l’on plaçait en l’œuvre. Pas de quoi pour autant nier le talent de Derek Cianfrance, qui confirme, sans remporter la manche, un certain génie à peindre les fresques tragiques, à dévoiler l’obscurité larvé sous la lumière, la monstruosité tapie sous la bonté. Deux visages, évidemment, Janus que nous sommes. Reste à savoir ce que le réalisateur vaudrait une fois délesté de son mimétisme religieux et mystique, et de son écriture moraliste.

     source : avoir-alire.com


     

    Un ancien combattant de la Première Guerre Mondiale, Tom (Michael Fassbender), accepte un poste de gardien de phare sur une île déserte afin d’essayer d’oublier ce qu’il a vécu. Il rencontre Isabel (Alicia Vikander) avec qui il débute une belle histoire d’amour. Leur seul problème est que cette dernière ne peut pas avoir d’enfant. Heureusement, la mer amène à eux une barque dans laquelle se trouve un homme mort et un bébé, vivant. L’occasion est trop belle : ils s’emparent de l’enfant.

    On comprend rien qu’à la lecture du synopsis ce qui a bien pu attirer Derek Cianfrance dans le roman éponyme de M.L. Stedman pour qu’il veuille l’adapter au cinéma. Les liens avec ses deux précédents projets (le bouleversant Blue Valentineet le très beau The Place Beyond The Pines) sautent d’emblée aux yeux puisque ce nouveau long-métrage remet en lumière des questions et thématiques qui semblent passionner le réalisateur américain : la création et destruction d’un couple, la filiation, les secrets familiaux enfouis et un goût prononcé pour le tragique.

    image de UNE VIE ENTRE DEUX OCÉANS

    Ainsi l’île sur laquelle vit le couple est nommée Janus, en référence au dieu romain des choix, du début et de la fin. Possédant deux têtes, une vers le passé et une vers le futur, il symbolise bien UNE VIE ENTRE DEUX OCÉANS qui est un film scindé en deux parties, où chacune dialogue avec l’autre. Derek Cianfrance a prouvé depuis le début de sa carrière son attirance pour la manipulation temporelle, trouvant toujours le moyen de faire apparaître au sein de sa construction narrative de brillants échos pour mieux expliciter toute la bouleversante fatalité de la situation. En plus de venir nous confirmer l’aisance avec laquelle le réalisateur de 42 ans sait manipuler l’ellipse, UNE VIE ENTRE DEUX OCÉANS n’est jamais aussi beau que lorsqu’il fait dialoguer deux couches temporelles, comme ce magnifique enchaînement où le regard d’Hannah (Rachel Weisz, la vraie mère de l’enfant disparu) se raccorde sur la nouvelle vie de sa progéniture. Ou lorsqu’avec un fondu enchaîné, il fait cohabiter sur l’île les deux protagonistes principaux, alors qu’ils sont physiquement éloignés. Ces raccords merveilleux nous rappellent la maestria avec laquelle était construit Blue Valentine, sans pourtant en atteindre pleinement la même grâce émotionnelle.

    “On comprend ce qui a pu attirer Derek Cianfrance dans cette histoire tant elle rejoint ses obsessions thématiques”

    Cependant, en empruntant avec un premier degré assumé la voie du mélodrame, tout était à la disposition du réalisateur pour nous tirer bien comme il faut les larmes. C’est un souci formel qui fait déjouer le film la plupart du temps, dans sa façon parfois surannée de filmer cette tragédie. Cianfrance abuse des plans sur la mer, le ciel ou les étoiles pour tenter de nous faire assimiler toute la portée mythologique de son récit. Puis l’aplomb avec lequel il cadre le couple, le soleil bien centré entre leurs visages, peut prêter à ricaner. Jusqu’au final il ne dénote pas de cette périlleuse ligne directrice, le film s’achevant sur Tom regardant le soleil se coucher face à lui, avec apaisement. On sent pourtant toute la sincérité du metteur en scène dans l’imagerie qu’il déploie, entre recherche d’empathie maximale et hommage à un genre que David Lean ou Jane Campion ont tant sublimé. Ce qu’on ne peut pas lui reprocher, en revanche, c’est sa capacité à être un formidable directeur d’acteurs. Dans un premier temps il sait s’entourer de talents et dans un second temps, il les sublime. Alicia Vikander, souvent créditée de bonnes performances, n’a jamais été aussi grandiose que devant sa caméra. Elle porte toute une charge émotionnelle sur son dos, alors que Fassbender, certes bon, reste dans une partition en intériorité.

    image de UNE VIE ENTRE DEUX OCÉANS

    On commence à cerner, en 3 films, les mécanismes du modus operandi de Derek Cianfrance. Et UNE VIE ENTRE DEUX OCÉANa parfois des allures de patchwork de ses deux précédents essais, faisant surgir quelques réminiscences de merveilleux moments que l’on a vécu par le passé en découvrant son cinéma. Le final cite celui de The Place Beyond The Pines, la relation amoureuse et sa dégradation ne peuvent qu’évoquer Blue Valentine, le couple formé par les têtes d’affiches aimerait succéder dignement à celui composé par Ryan Gosling et Michelle Williams. Si l’on est parfois séduit de retrouver le style propre à Cianfrance, le film soulève quelques doutes sur le futur de sa carrière. Saura-t-il sortir de ses codes narratifs ou les prolonger avec intelligence ? Sa démarche d’auteur n’a-t-elle pas atteint ses limites ? On attend avec impatience la suite pour savoir si, à l’image d’une tragique histoire d’amour commençant à se détériorer, on n’a pas adoré passionnément Derek Cianfrance un peu rapidement et excessivement.

    Maxime Bedini, leblogducinema.com

     

    De beaux portraits d'hommes et de femmes minés par des questions morales : faut-il révéler des secrets familiaux, au risque de briser le bonheur quotidien enfin trouvé... De magnifiques paysages, austères, sauvages, battus par les vents, et des personnalités qui se révèlent au gré des caprices de leur destin.

    Vu en août 2018 (DVD, collection personnelle, Agathe, Jérôme et Marianne)

     

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