• Kalifat
    Kalifa

    Drame, guerre, terrorisme  (série, 8X52', Suède, 2020)

    Création : Wilhelm Behrman, Niklas Rockström

    Production :  Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

    Photographie : Stéphane Vallée

    Montage : François Gédigier, Boaz Mann et Omri Zalmona

    Musique : Rutger Hoedemaekers

    Scénario : Amit Cohen, Ron Leshem avec la participation Xabi Molia (dialogues) et de Karine Tuil

    Son : Ludovik Van Pachterbeke et Ophélie Boully

    Costumes : Catherine Marchand

    Décors : Pierre Renson

    Société de production : Arte France, Haut et Court TV, Hulu, Masha Productions, Spiro Films

    Producteurs : Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

     Avec : Gizem Erdogan (sv) : Pervin El Kaddouri, Aliette Opheim (en) : Fatima Zukic, Nora Rios : Suleikha "Sulle" Wasem, Amed Bozan : Husam El Kaddouri, Yussra El Abdouni : Lisha Wasem, Arvin Kananian : Nadir Al-Shahrani, Lancelot Ncube : Ibrahim "Ibbe" Haddad, William Legue : Omar Soudani, Simon Mezher : Suleiman Wasem, Amanda Sohrabi : Kerima, Albin Grenholm (sv) : Calle, Marcus Vögeli : Jakob Johannisson, Nils Wetterholm : Emil Johannisson, Ala Riani : Tuba Wasem, Dennis Önder : Abu Jibril, Shada Helin-Sulhav : Miryam, Marcel Khouri : Ahmed Mohamedi, Monica Albornoz : Dolores, Camilla Larsson (en) : Sara, Jonatan Qahoush : Khalaf, Caisa Ankarsparre : Nyhetsankare, Ali Jalal : Ali Chatik, Ahmad Srour : Emiren, Maria Alm Norell : Anna-Karin, Nadeem Srouji : Karwan

     

    Synopsis  

    Vertigineux récit choral entre Raqqa, capitale de l’État islamique et la Suède, à la fois thriller et quasi-documentaire.
    L'agent de sécurité nationale Fatima reçoit une information selon laquelle une attaque terroriste contre la Suède est en cours de planification. Pendant ce temps, Sulle, une adolescente de Stockholm, s'intéresse à son assistante étudiante qui ouvre les portes d'un monde nouveau et fascinant - le vrai chemin.

     

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

     

     Sur le site avoiralire :

    Résumé : Alors que l’État islamique prépare un attentat contre la Suède, les destins d’une mère en galère, d’une étudiante pleine de vie et d’une flic ambitieuse s’entrecroisent.

    Notre avis. Combinant immersion dans le quotidien à Raqqa et traque policière en Suède, Kalifat, série créée par Wilhelm Behrman et Nikolas Rockström, après une première diffusion sur la chaîne suédoise SVT, maintenant disponible sur Netflix, est clairement à ne pas manquer.

    2015. Depuis deux ans, la ville de Raqqa, tombée entre les mains de Daesh a été auto-proclamée capitale de « son » État islamique occupant une partie de la Syrie. Y affluent des « combattants » venant d’Europe et d’ailleurs, avec femmes et enfants, pour rejoindre l’organisation terroriste afin d’aider, enseigner, se former au combat, se battre sur place, faire du renseignement, préparer des attendants ou, plus grave, retourner à la case départ pour de l’infiltration et du recrutement. Une véritable pieuvre qui met sur les dents tous les services de renseignements et polices d’Occident. En particulier en Suède, où l’extrême droite commence à remporter des sièges et où les amalgames anti-islam primaires gangrènent une partie de la société.

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    Copyright Netflix

    Sur cette toile de fond, Kalifat, en forme de récit choral, évoque le destin de cinq femmes : Pervin (Gizem Erdogan), jeune maman d’une fille de quelques mois, qui a suivi son mari djihadiste à Raqqa ; elle ne supporte plus cet enfer et cherche à tout prix à retourner en Suède. Ensuite, Fatima (Aliette Opheim), agent au Säpo, la sûreté suédoise, rapidement en contact avec Pervin (nous ne spoilons rien, c’est le point de départ de la série), qui traque un mystérieux « voyageur » pour déjouer ses sinistres projets. Enfin trois adolescentes, Sulle (Nora Rios), sa petite sœur Lisha et Kerima, une fille paumée vivant seule avec un père alcoolique. Toutes les trois se découvrent un intérêt dangereusement glissant pour l’islam radical. On pourrait citer d’autres destins et personnages, à commencer par ce « voyageur », un infiltré de Daesh. On n’en dira pas plus, bien qu’il soit mis au grand jour dès le début, tout du moins pour le spectateur.

    Kalifat est une série totalement prenante. La tension, et donc sa puissance, viennent surtout de son traitement quasi documentaire. Bien sûr, pour la partie « thriller » menée par Fatima, on pense un peu à Homeland, voire à un Bureau des Légendes en moins sophistiqué, mais l’ensemble s’avère bien plus proche de Gomorra, le film de Matteo Garrone (2008), qui décrit le quotidien d’un quartier de Naples contrôlé par la mafia, zone totale de non-droit et monstrueux supermarché de la drogue. Comme dans Gomorra, c’est sur les paumés et sous-fifres commandés ou manipulés par des chefaillons de Daesh, et sa bureaucratie, que le caméra se porte. Une caméra épaule, serrant au plus près des personnages plongés dans des situations qu’ils génèrent, maîtrisent ou, inversement, qui leur échappent totalement. Les parties à Raqqa (tournées en Jordanie) sont étouffantes, car elles se déroulent essentiellement en huis-clos dans la « maison » de Pervin. On vit littéralement avec elle et sa petite famille, dans la promiscuité d’un aménagement fait de bric et de broc. On cuisine, on mange, on dort au rythme des prières ou des cris et biberons du bébé, et des rares sorties, la boule au ventre, dans une ville défigurée, où se côtoient femmes intégralement voilées, hommes et enfants armés à tous les coins de rues. Et comme Pervin, on espère fuir de cet immonde gourbi où l’ennui est la principale activité pour ces femmes recluses qui, de temps en temps, jettent un œil à travers une vitre brisée, avant de la recouvrir d’un bout de carton, chacune s’espionnant plus ou moins.

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    Copyright Netflix

    Les récits progressent en parallèle, au fil des huit épisodes, méthodiques et cliniques. Comme les souvenirs des attentats de 2015 sont définitivement ancrés dans nos mémoires, nous pensons inévitablement qu’il faut s’attendre au pire, les auteurs ne se privant pas de faire évoquer par des personnages la tuerie de Charlie Hebdo, histoire d’accroître la pression. Si le suspense semble parfois distendu, il n’en demeure pas moins oppressant. Pardon pour l’analogie, mais comme dans un Columbo, si nous savons qui sont les « coupables », la tension s’installe sournoisement dans la narration du (ou des ?) mode(s) opératoire(s), via de vicieuses et sinistres touches impressionnistes - avec tout de même quelques cliffhangers - sans qu’on n’en perçoive la finalité, son cynisme, et surtout où et quand ?

    L’interprétation des cinq femmes, ainsi que celle de ce « voyageur » (Lancelot Ncube) sont impressionnantes et la réalisation, parfois faussement à l’arrache, est en fait parfaitement maîtrisée, avec notamment quelques plans-séquences de haut niveau, ceux dont on ne se rend compte qu’au cut du changement de cadre, au bout de deux minutes.

    Enfin, si la série est fermée avec un final dont on ne vous dira rien, comme dit le proverbe, le diable se cachant - hélas - dans les détails, Netflix et les scénaristes ont des options pour une possible suite. Sur un sujet hautement sensible et douloureux, Kalifat réussit ainsi l’habile et délicat assemblage, entre réalisme et pure fiction. À voir.

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    Copyright Netflix

     


     

    Fatima Zukic (rescapée de Sarajevo), agent des service de sécurité suédois, reçoit une information selon laquelle une attaque terroriste est prévue en Suède.

    L'histoire commence avec Pervin, une jeune femme suédoise qui vit à Raqqa, en Syrie, avec son mari Husam et leur bébé Latifah. Désillusionnée par la vie à Raqqa, Pervin envisage de retourner en Suède. Après avoir acheté un téléphone portable à une de ses voisines, elle contacte une amie en Suède, Dolorès, engagée dans la lutte contre la radicalisation. Dolorès met Pervin en contact avec Fatima, l'agent du service de sécurité suédois. Fatima est en désaccord avec sa hiérarchie en raison d'un incident antérieur au sujet de "Lorentz". Fatima commence à parler avec Pervin par téléphone et essaie de la contacter pour obtenir des renseignements sur une attaque terroriste planifiée en Suède en échange du retour en toute sécurité de Pervin et de sa fille en Suède.

    Pervin raconte à Fatima qu'un surnommé "Al Musafir" ou "le Voyageur", a été envoyé en Suède pour y planifier une attaque terroriste. "Al Musafir" qui s'appelle en réalité Ibrahim Haddad surnommé "Ibbe", travaille comme assistant enseignant dans un lycée musulman, tout en recrutant d'autres comme Jacob, Emil et Miryam pour la future attaque terroriste. Il essaie simultanément de radicaliser les jeunes filles du lycée en partageant des vidéos de recrutement et de la propagande. Il recrute avec succès deux jeunes adolescentes, Sulle et son amie Kerima, toutes deux âgées de 15 ans, qui commencent à porter le hijab et à prendre des cours de religion. Il montre aux filles des photos de palais et leur dit que si elles déménageaient au Califat, elles pourraient vivre dans le luxe et faire partie de quelque chose de spécial. Pervin devient le centre d'attention d'Ahmed l'un des collègues de Husam qui arrive une nuit chez elle et l'attrape en train de parler à Fatima. Il la viole et est sur le point de la tuer quand elle le poignarde. Elle jette son corps dans le puits de ses voisins. Husam est sous l'influence de somnifères et arrive dans la cuisine et voit le sang sur le sol, mais Pervin le convainc qu'il rêve. Les parents de Sulle ont pris conscience de la radicalisation de leurs filles et tentent de les arrêter sans succès.

    Fatima ne révèle pas sa source (Pervin) à ses supérieurs, mais révèle de vagues détails sur un complot terroriste. Ses supérieurs lui disent de suspendre l'enquête. N'y parvenant pas, ils la suspendent de ses fonctions avec pour motif une consommation de substance prohibée plus précisément du cannabis. Elle reste en contact avec Calle, son collègue et amant, et continue de partager des informations avec lui. Elle continue d'obtenir des informations de Pervin. Elle se met sur la piste de Jacob et Emil quand elle se retrouve dans un champ de tir abandonné d'où elle entend les deux protagonistes parler de Pervin. Jacob récupère sa plaque d'immatriculation et la retrouve.

    Dolorès et Ibbe sont à une réunion anti-radicalisation, quand Ibbe sort pour parler avec Jacob. L'animateur diffuse une vidéo de l'Etat islamique dans laquelle on voit plusieurs combattants. L'un d'entre-eux porte un tatouage sur l'avant-bras. Plus tard, dans un café, Dolorès reconnait le tatouage sur le bras d'Ibbe. Après qu'Ibbe l'ait déposée, elle appelle Fatima qui lui demande de la rencontrer à son appartement. Quand elle y va, elle est poignardée et meurt. Lorsque Fatima arrive, une alerte a été émise pour la faire entrer et elle prévoit de s'échapper. Elle se rend chez Dolorès pour obtenir de l'argent et des fournitures, mais deux policiers suédois la surprennent. Elle les enferme dans une salle de bain sous la pointe d'un pistolet, ce qui déclenche une chasse à l'homme pour elle. Elle trouve refuge chez le collègue de son père.Husam n'oublie jamais tout à fait le fait dans la cuisine et devient convaincu qu'il a tué Ahmed, jusqu'à ce que Pervin lui dise enfin la vérité.

    Fatima cherche de l'aide pour extraire Pervin et un plan est prévu pour la retirer de Raqqa. Pendant ce temps, Sulle et Kerima obtiennent des billets pour voyager en Turquie et sont récupérées par Ibbe et la femme qui leur a enseigné l'islam. À la dernière minute, la sœur cadette de Sulle, Lisha, les rejoint dans la voiture et ils partent pour l'aéroport. Sulle a menti à ses parents, prétextant qu'elle participe à un match de basket. Son père termine le travail plus tôt et décide d'aller voir son match. Le stade est vide, il appelle alors Calle qui déclenche une alerte auprès des autorités allemandes et turques. Ils croient avoir retrouvé les filles en route vers Istanbul pour se rendre compte que les passeports avaient été changés et que les filles étaient en fait à Ankara. Ils décident d'intercepter le véhicule de transport à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Ils arrivent à récupérer Sulle et Kérima. Lisha est conduite à Raqqa.

    Calle convainc Fatima de demander l'aide de Pervin pour sauver Lisha. Sur le point de quitter Raqqa, Pervin reste finalement pour tenter de sauver Lisha. Elle persuade Husam de prendre Lisha comme seconde épouse.

    Fatima poursuit Jacob et Emil mais perd leur trace après avoir changé de voiture chez leur mère. Pervin révèle à Fatima les trois cibles terroristes au moment où la police l'arrête avant qu'elle ne puisse partager ces informations. Les trois attaques terroristes sont de toute façon stoppées par le Service de sécurité, qui les connaissait depuis le début. Ils ont gardé Fatima dans le noir parce qu'ils ne lui faisaient pas confiance. En échange de son silence, elle est libérée de prison. Ibbe s'échappe de justesse d'une des trois attaques.

    Fatima se rend en Syrie pour sauver Pervin, Lisha et Husam. Quelques minutes avant son arrivée, un collègue de Husam arrive pour le conduire dans un attentat-suicide. Husam essaie de gagner du temps mais Lisha, qui est complètement radicalisée et ne veut pas retourner en Suède, révèle leur plan d'évasion. Le collègue de Husam tire sur Pervin et est sur le point de tirer sur Husam lorsque Fatima le descend. Lisha refuse de venir et ils sont obligés de la laisser derrière eux. Ils quittent rapidement la ville, cependant Pervin meurt de sa blessure par balle après le poste frontière.

    Sulle et Kerima sont interrogées par les services de sécurité. Sulle livre aux autorités l'identité d'Ibbe dans un effort pour sauver sa sœur Lisha. Kerima quant à elle, tente de se suicider et est emmenée dans un établissement de santé mentale où elle met la main sur un téléphone portable et prévient Ibbe que sa couverture pourrait être grillée. Celui-ci se trouve justement à l'école où Calle l'attend. Ibbe parvient à s'enfuir.

    A sa sortie de l'établissement, Kerima rencontre Ibbe qui la convainc de participer à un nouvel attentat dans un concert. Ibbe ment à Kerima en lui disant qu'elle portera un gilet explosif tout comme Sulle et lui-même. Une fois sur place, Kerima s'aperçoit de la tromperie en envoyant un message à Sulle. Elle prévient les participants du concert qui s'enfuient. Elle ne parvient cependant pas à retirer son gilet. Ibbe déclenche la bombe.s.

    (Wikipedia)


    La minisérie “Kalifat” sur Netflix : Raqqa, celle qui en rêve, celle qui la fuit

     Cette minisérie suédoise aux allures de thriller palpitant suit le parcours croisé de deux jeunes musulmanes. En plus d’illustrer les ravages de la radicalisation, elle nous plonge dans le quotidien de la ville syrienne, terrorisée par l’État islamique. Avis aux spectateurs confinés, Kalifat, minisérie en huit épisodes, est une fiction sur l’enfermement. Celui de Pervin, jeune musulmane suédoise qui a suivi son mari, combattant de l’État islamique, pour se retrouver dans un appartement étouffant et sordide de Raqqa, en Syrie, où elle tente de survivre avec son bébé de trois mois. Celui de Sulle, jeune lycéenne qui étouffe en Suède, avec le sentiment de ne pouvoir vivre sa religion, l’islam, comme elle l’entend. Et enfin, celui de Fatima, talentueuse et ambitieuse policière, mystérieusement entravée dans sa tentative de rapatriement de Pervin. La série, qui a été diffusée sur la chaîne de télévision suédoise publique SVT et a battu des records de visionnage en replay, entrecroise avec agilité et un suspense très bien maîtrisé le destin de ces trois femmes. Alors que Pervin est prête à tout pour quitter Raqqa (y compris à risquer sa vie en collaborant avec les services secrets suédois), Sulle, elle, rêve de s’y rendre. L’adolescente, élevée dans une famille laïque, s’intéresse à la question syrienne et est peu à peu embrigadée par un assistant de son lycée. Ce criminel, dissimulé sous les traits d’un adulte bienveillant, encourage insidieusement sa radicalisation et celle de son amie Kerima ー certes, scellée en quelques épisodes à peine ー à la faveur, notamment, d’images idylliques du califat. Kalifat Kalifat © SVT 2019 Photo: Johan Paulin On suit, la peur au ventre, les appels de Pervin depuis son petit téléphone à clapet qu’elle cache dans un mur délabré. On écoute avec la même terreur les discours qui séduisent les deux copines. On assiste avec effroi à l’enfer de la vie quotidienne sous le joug de l’État islamique. Surtout, on frémit devant la préparation d’un attentat de l’ampleur de celui du 13 novembre 2015 à Paris, prévu pour décimer la ville de Stockholm. Abonné Podcast : endoctrinées par Daech, elles témoignent dans “Ma fille sous influence”, saison 2 Série documentaire Irène Verlaque Suivant le rythme d’un véritable thriller, la série, servie par un talentueux casting, trouve le ton juste pour aborder la délicate question de la radicalisation au sein d’une jeunesse qui se sent rejetée, et rendre compte du désarroi des parents et du personnel éducatif face à cette impitoyable machine de guerre. Une machine vorace, avide de nouveaux soldats prêts à se faire exploser au nom du califat.
    Caroline Besse, Télérama / Publié le 05/04/20 mis à jour le 07/12/20

     

    Mini-série suédoise qui nous plonge dans le terrorisme islamique sur le sol européen ainsi que sur le recrutement de 'combattants' européens, tant pour défendre l'Etat islamique en Syrie (Raqqah) et de futures épouses endoctrinées en Europe par des rabatteurs parfaitement bien insérés, au-delà de tout soupçon. La manipulation mentale règne en maître partout, utilisée aussi bien par les recruteurs djihadistes que par les policiers suédois en contact avec des exilés repentis qui souhaitent rentrer en Suède, effrayés par ce qu'ils vivent à Raqqah, les premiers pour nourrir leur guerre, les seconds pour obtenir des renseignements suceptibles de déjouer les attentats. C'est assez déroutant pour le spectateur : on ne sait plus trop parfois si certains policiers sont sincères ou s'ils bluffent et retournent leur veste autant de fois que nécessaire. On aurait besoin d'un décryptage à la fin de la saison !

    Vu en décembre 2020 (Arte)

     

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  • No man's land
    No man's land

    Drame, guerre et espionnage  (série, 8X45', France, Belgique, Israël,  2020)

    Création : Amit Cohen, Ron Leshem, Maria Feldman et Eitan Mansuri

    Production :  Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

    Photographie : Stéphane Vallée

    Montage : François Gédigier, Boaz Mann et Omri Zalmona

    Musique : Rutger Hoedemaekers

    Scénario : Amit Cohen, Ron Leshem avec la participation Xabi Molia (dialogues) et de Karine Tuil

    Son : Ludovik Van Pachterbeke et Ophélie Boully

    Costumes : Catherine Marchand

    Décors : Pierre Renson

    Société de production : Arte France, Haut et Court TV, Hulu, Masha Productions, Spiro Films

    Producteurs : Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

     Avec : Félix Moati : Antoine Habert, Mélanie Thierry : Anna Habert, Souheila Yacoub : Sarya Dogan, James Krishna Floyd : Nasser Al-Shammri, Dean Ridge : Paul Wilkins, Jo Ben Ayed : Iyad Bel Tagi, James Purefoy : Stanley / Stuart, Kamal Cadimi : Cheikh Abu-Yasser, François Caron : Philippe Habert, Céline Samie : Marie Habert, Julia Faure : Lorraine, Roda Canioglu : Commandante Adar, Simon Harrison : Ryan Carson, Enja Saethren : Eva Haas, Luke Hornsby : Luis Quintero, Laura Vörtler : Paulina Gacek, Sam Kalidi : Kadir Aktas, Hajar Dardiri : Lale, Djemel Barek : le père de Sarya, Kenza Mouahidi : une combattante, Frédéric Clou : l'employé d'ambassade au Caire, Mark Joyce Wolf : Luke, Nisrine Adam : Helan, Sonia Okacha : Gilia, Fabrice Adde : le professeur d'archéologie, Xabi Molia : Jacob Ash Goldeh : Navid Mark Irons : le père de Paul, Florian Lutz : garde du corps de Stanley, Adam Hussain : Nasser Al-Shammri jeune, Freddie Thompson : Paul Wilkins jeune, Joseph Heppel : Iyad Bel Tagi jeune

     

    Synopsis  

    La vie d'Antoine bascule le jour où il croit apercevoir sa soeur, qu'il pensait morte, sur une vidéo de combattantes kurdes en Syrie. En partant à sa recherche, il rejoint cette unité de femmes et va voyager avec elles à travers le territoire syrien.

     

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Anna Habert, une archéologue française, est déclarée morte lors d'un attentat survenu en Égypte en 2012. Cependant, son frère Antoine, architecte, croit la reconnaitre en 2014 lors d'un reportage télévisé sur un bataillon international engagé aux côtés des troupes de combattantes kurdes des Unités de protection de la femme (YPJ) luttant contre Daesh dans une Syrie en pleine désagrégation. Persuadé qu'il s'agit de sa sœur, il part à sa recherche dans la région de la frontière entre la Turquie et la Syrie. Livré par son passeur à un groupe de Daesh, il ne doit la vie sauve qu'à une intervention d'opportunité des YPJ, qui le font cependant prisonnier, pensant qu'il s'apprêtait à rejoindre les rangs des djihadistes. Il parvient peu à peu à convaincre les membres de l'unité sous la responsabilité de Sarya Dogan qui le retiennent qu'il est là pour retrouver sa sœur. Il leur apporte une aide décisive dans la destruction d'un pont et, gagnant progressivement leur confiance, va s'intégrer à leur groupe et rester en Syrie pour poursuivre son enquête. Il est alors plongé au cœur des opérations contre Daesh et s'immerge dans la guerre. Par ailleurs, Nasser, Paul et Iyad – trois amis d'enfance anglais, issus des quartiers populaires de Londres – arrivent en Syrie pour participer au djihad. Paul et Iyad sont particulièrement motivés et enthousiastes à l'idée de combattre les infidèles et de contribuer à l'établissement du califat autoproclamé. Le trio se retrouve rapidement confronté aux troupes kurdes. L'expérience de Nasser, qui a combattu en Afghanistan avec les troupes britanniques, pousse ses supérieurs à lui confier le commandement d'une katiba, puis à lui confier des fonctions importantes dans la hiérarchie militaire de l'État islamique. Mais certaines de ses actions apparaissent néanmoins étranges, en particulier à Paul, converti à l'islam et profondément endoctriné par la doctrine du djihadisme. Nasser est en contact avec un étrange personnage du nom de Stanley, ce même personnage ayant également connu Anna, en Égypte, en s'étant présenté comme un membre d'une ONG défendant les Printemps arabes.

    (Wikipedia)


    Mélisande Queïnnec - franceinfo Culture
    France Télévisions  Rédaction Culture
     
    Publié le 01/10/2020 15:00Mis à jour le 01/10/2020 18:36
     Temps de lecture : 3 min.
    Félix Moati et Mélanie Thierry dans "No Man's Land" (capture d'écran arte.tv) (ARTE)Félix Moati et Mélanie Thierry dans "No Man's Land" (capture d'écran arte.tv) (ARTE)

    Tout part du plus anodin des mouvements. Celui d'une femme qui noue ses cheveux en chignon, et qui attire l'attention d'Antoine (Félix Moati) dans une vidéo virale d'explosion en Syrie. "Ce petit geste, c'est incroyable", admet Marie, sa mère (Céline Samie), les yeux brillants, lorsque son fils lui fait part de sa folle théorie : Anna, sa soeur (Mélanie Thierry), disparue en Egypte deux ans plus tôt (la série, déjà disponible sur Arte TV et sur la chaîne le 26 novembre, se passe en 2014), pourrait être encore en vie. 

    Une obsession : trouver des réponses

    Seuls renseignements, glanés auprès d'un militaire américain blessé par l'explosion : la soldate s'appellerait Shamaran, se serait engagée auprès des combattantes kurdes (YPJ) en guerre contre l'Etat Islamique et se trouverait dans un rayon de 300 kilomètres autour de la frontière avec la Turquie, une aiguille dans une botte de foin, donc. Mais pour Lorraine, compagne d'Antoine (Julia Faure), la ressemblance entre Shamaran et Anna est une "coïncidence". Le corps a été identifié. Compatibilité ADN : 96%. Identification dentaire : 95%. 

     

    Anna (Mélanie Thierry) a été tuée dans un attentat au Caire, deux ans auparavant. (ARTE)Anna (Mélanie Thierry) a été tuée dans un attentat au Caire, deux ans auparavant. (ARTE)

     

    Pourtant, trop de questions restent en suspens. Comment expliquer qu'Anna, simple archéologue au Caire, ait été la seule visée lors de l'attentat terroriste qui a provoqué sa mort ? Pourquoi avoir laissé une lettre à l'attention d'Antoine et supprimé le mot de passe de son ordinateur pour le rendre accessible ? Et cette montre qu'elle ne portait jamais, pourquoi l'avoir arborée le jour de l'incident, comme un indice laissé à son frère pour comprendre ?

    Ces cheveux, entortillés autour d'un élastique, cette silhouette si proche de celle d'Anna, ces gestes, profondément ancrés dans sa mémoire, ravivent tous les espoirs d'Antoine. Il se lance alors dans la plus grande quête de sa vie, une quête obsessionnelle : trouver la mystérieuse inconnue du bataillon d'Alep.

     

    En Syrie, Antoine (Félix Moati) tente de retrouver sa soeur, qu'il croit engagé auprès des combattantes kurdes. (ARTE)En Syrie, Antoine (Félix Moati) tente de retrouver sa soeur, qu'il croit engagé auprès des combattantes kurdes. (ARTE)

     

    La série nous embarque ainsi aux côtés d'Antoine au-delà des frontières montagneuses de la Turquie et de la Syrie, dans une fresque familiale intime à l'esthétique léchée. La musique, signée Rutger Hoedemaekers (Trapped, Premier contact) et utilisée avec une grande parcimonie, contribue un instiller un climat terriblement tendu. Antoine a une idée fixe : trouver des réponses, au péril de sa vie. Mais le chemin sera semé d'embûches, et le jeune Français se retrouve malgré lui au coeur d'un conflit géopolitique qui le dépasse.

    Le conflit syrien en arrière-plan

    On peut dire que Félix Moati aura parcouru un long chemin depuis LOL - Laughing Out Loud de Lisa Azuelos, film qui a révélé le comédien de trente ans. Dans No Man's Land, il incarne un homme porté par ses convictions, naïf de prime abord, qui va au fil de son périple mieux comprendre la complexité du monde qui l'entoure, entouré des femmes fortes du YPJ.

     

    Sarya (Souheila Yacoub) fait partie des femmes engagées au YPJ.  (ARTE)Sarya (Souheila Yacoub) fait partie des femmes engagées au YPJ.  (ARTE)

     

    La série pourrait, par facilité, céder à l'écueil du manichéisme. Ce n'est pas le cas, grâce à une habile utilisation des flashbacks. On saisit des instants de la vie de chacun des personnages - celle d'Antoine, mais aussi celles des combattantes kurdes et des djihadistes de l'Etat Islamique. 

    Sarya, kurde (Souheila Yacoub), a grandi à Paris avant de sillonner les routes sablonneuses de Syrie sous la bannière du YPJ. De l'autre côté, Iyad (Jo Ben Ayed) garde un souvenir plein de dégoût de ses années de piano qui le détournaient de sa conception de l'Islam, enfant, tandis qu'il écumait sa cité avec ses copains, Nasser (James Floyd) et Paul (Dean Ridge). 

     

    Félix Moati dans "No Man's Land". (ARTE)Félix Moati dans "No Man's Land". (ARTE)

     

    Les trois sont désormais là, en Syrie. Et Paul se sent tiraillé, entre les responsabilités familiales laissées au Royaume-Uni et ce combat qu'il s'est juré de mener contre l'Occident et auquel il est désormais impossible d'échapper. Cette narration non linéaire permet d'aborder un sujet toujours tabou - les motivations des combattants de Daesh, aveuglés par la foi, prêts à tuer "pour le bien du califat" mais dont les convictions sont parfois ébranlées par les doutes, et celles de leurs opposants...


    En huit épisodes de cinquante minutes, en plus de son intrigue principale, la mini-série propose des portraits d'hommes et de femmes engagés dans le conflit, sans jamais sombrer dans les clichés ni se targuer de raconter la guerre. Une violence souvent crue, un suspense insoutenable, un jeu d'acteurs très juste et un scénario bien ficelé en font une mini-série à côté de laquelle il serait dommage de passer en cette rentrée.

     

     

    Belle série entre France, Egypte et  Syrie où l'on découvre l'engagement des femmes kurdes dans le conflit syrien d'une part et l'extrême cruauté qui règne dans les territoires occupés par les combattants de l'Etat islamique d'autre part, à travers la présence de jeunes gens et jeunes femmes enrôles depuis le monde occidental (France, Royaume-Uni). 

    Vu en décembre 2020 (Arte)

     

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  • Le temps des égarésLe temps des égarés

    Drame  (90', France, 2018)

    Réalisatrice : Virginie Sauveur

    Productrice : Caroline Adrian

    Photographie : David Chambille

    Montage : Diane Logan

    Musique : Nathaniel Méchaly

    Scénario : Virginie Sauveur, Gaëlle Bellan

    Société de production : Delante cinema, Arte

     Avec : Claudia Tagbo (Sira Diabate), Hadja Traore (Assa), Amer Alwan (Abdul Yassin), Biyouna (Rada), Azoul Dembele (Modibo), Géraldine Martineau (Audrey), Jean-Pierre Lorit (Jean-Paul Miller)

     

    Synopsis  

    Sira travaille pour l'organisme en charge du droit d'asile en France. Bien qu'issue elle-même de l'immigration, c'est sans scrupules et à prix d'or qu'elle vend aux migrants des odyssées mensongères. Alors qu'une série de rencontres aura raison de son cynisme, Abdul, un Irakien qui a fui Daech, débarque en France...

     

    Le temps des égarés

    Dans la presse et au fil des blogs...

     Par Stéphanie Guerrin Le Parisien)

    Le 24 mai 2018 à 18h57, modifié le 24 mai 2018 à 18h59

    Dix ans de gestation pour un film en plein dans l'actualité. « Le Temps des égarés », diffusé sur Arte ce vendredi soir à 20 h 55, aborde la question de l'accueil des migrants en France avec une force et une subtilité remarquables. Imaginée au départ comme une série il y a des années par la scénariste Gaëlle Bellan (« Engrenages », « Le Bureau des légendes »), cette fiction réalisée par Virginie Sauveur (« Virage nord », « Engrenages ») a pour héroïne Sira, incarnée par Claudia Tagbo.Interprète à l'OFPRA, l'organisme qui attribue le droit d'asile en France, cette femme cynique n'a aucun scrupule à vendre chèrement aux migrants des récits inventés pour faire pencher la balance en leur faveur. Autour d'elle, les destins d'une fillette malienne, d'un professeur irakien et d'une jeune avocate vont se croiser.

    Extrêmement documenté, le scénario de Gaëlle Bellan a été primé en février au Festival de Luchon. « Le Temps des égarés » y a également reçu les prix de la meilleure fiction et de la musique ainsi que le prix du public au Fipa, festival de la création audiovisuelle internationale en janvier à Biarritz.
    «On a été refoulés de pas mal d'endroits à cause du sujet»

     

    La puissance de l'écriture est sublimée par une mise en scène inspirée et des comédiens tous plus intenses et touchants les uns que les autres. L'humoriste Claudia Tagbo d'abord, dans un rôle à contre-emploi, mais également la petite Hadja Traore, 10 ans. « C'est son premier film et j'espère qu'elle en fera d'autres », souligne Virginie sauveur, impressionnée.L'acteur Amer Alwan, en réfugié irakien, est tout aussi épatant. « On cherchait un Irakien qui parlait français et c'est le destin qui nous a l'amené, assure la réalisatrice. J'étais dans un café et je l'ai entendu parler au téléphone. Je lui ai demandé s'il était comédien, il m'a dit Je suis réalisateur-comédien et quand je lui ai demandé son origine il m'a répondu Irakien. J'ai eu un frisson. J'ai pris son numéro et c'est parti comme ça. »Si les hasards de la vie rendent l'histoire encore plus belle, il y a eu aussi quelques difficultés. « On a été refoulés de pas mal d'endroits à cause du sujet, regrette Virginie Sauveur. Il y a certains arrondissements de Paris ou des cités qui n'ont pas voulu de nous. Mais j'aime aussi trouver des solutions, donc on a fait autrement. »Au final, « le Temps des égarés » s'impose comme un conte plein d'humanité, ancré dans la réalité, sans tomber dans le pathos ou le misérabilisme. Une œuvre importante.

     


    L’OFPRA est l’Office Français pour la protection des réfugiés et apatrides. Sur son site internet, l’Office indique qu’il est chargé de l’application des textes régissant le droit d’asile. Le slogan accompagnant son logo est « à l’écoute du monde ». C’est toute la difficulté de ses agents : se mettre à l’écoute de personnes qui souvent ne partagent pas notre culture et ne parlent pas notre langue ; et appliquer avec rigueur des textes qui aboutissent au rejet d’une grande partie des demandes. 

    Justement, une fonctionnaire de l’OFPRA reçoit Abdul Yassim (Amer Alwan), un homme qui a fui l’Irak où sa famille qui, dit-il, a été assassinée par Daech. Elle ne croit pas en son histoire, se dit lasse de s’entendre raconter des boniments.

    Le temps des égarés

    Sira Diabate (Claudia Tagbo) est interprète multilingues à l’OFPRA. Mais surtout, l’office lui offre l’opportunité d’un business lucratif : elle fabrique, moyennant finances, de belles histoires aux candidats au droit d’asile. Elle a même réussi à transformer un milicien turc d’extrême droite en Kurde victime du régime d’Ankara.

    Sira a elle-même fui sa famille et son pays lorsque, petite fille, une sorcière était sur le point de l’exciser. Elle a décidé de ne se jamais laisser émouvoir. Lorsqu’arrive sur le pas de sa porte Assa (Hadja Traore), une pétillante petite fille d’une douzaine d’années dont le père est en cours d’expulsion, Sira n’a qu’une idée : se débarrasser de l’intruse. Mais celle-ci, dans sa rage de vivre, lui rappelle trop sa propre histoire.

    Dernier personnage clé : la jeune avocate Louise Elaouidi (Alice Belaïdi), spécialiste de droit pénal mais qu’une suite de rencontres convertira à la défense des migrants.

    Le temps des égarés

    Le film de Virginie Sauveur mène le spectateur de rebondissement en rebondissement. Les acteurs sont remarquables, à commencer par Claudia Tagbo et la petite Hadja Traore. Des scènes sont empreintes de poésie, comme l’évocation de la fuite et de l’exil de Sira, ombres chinoises à l’appui.

    Ce qui ressort le plus, c’est l’embarras de la société française face à l’immigration. Les fonctionnaires de l’OFPRA doivent prendre des décisions qui touchent de plein fouet la vie d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont tout perdu, croire ou ne pas croire leurs récits, utiliser au mieux leur marge restreinte d’interprétation des règlements. Un Français accueille à bras ouverts Abdul, qui un jour lui a sauvé la vie en Irak ; mais son hospitalité s’arrête lorsqu’il faut libérer la chambre pour un membre de sa famille. Abdul sera meurtri par ce lâchage et par son combat contre l’administration du pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. La dernière image du film le montre regardant avec envie les ferrys qui quittent Calais pour l’Angleterre.

     


    Lauréat du Pyrénées d’Or de la Meilleure Fiction Unitaire, Le Temps des Égarés arrive enfin sur Arte. Écrit par Gaëlle Belland (Engrenages), co-écrit et réalisé par Virginie Sauveur (Kaboul Kitchen), le film se penche sur le fonctionnement interne de l’OFPRA (l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides) en mettant en lumière ceux qui, jour après jour, dossier après dossier, font et défont les destins des migrants arrivés en France pour y demander asile. Un film en plein dans la Zeitgeist donc, à l’heure où l’Europe a toujours du mal à gérer l’une des plus grandes crises de migration de l’Histoire, et qui plutôt que de tracer son intrigue à grands traits, prend le parti de plonger directement dans l’intimité du système, en explorant le cynisme des uns, l’espoir des autres et la procédure bureaucratique de longue haleine et parfois déshumanisante qui les réconcilie.

    L’arrivée en France n’est que la première étape du voyage. Après avoir tout laissé derrière eux, biens, amis, famille, carrière, espoirs, les réfugiés se doivent de faire une demande d’asile en bonne et due forme, et se confronter au plus grand dragon qui soit : l’administration française. C’est là qu’intervient Sira (Claudia Tagbo). Elle-même ancienne réfugiée, polyglotte et désormais traductrice, pour L’OFPRA, elle sert d’intermédiaire entre les demandeurs et les employés. Et puisqu’il est si compliqué d’obtenir un statut de réfugié en France, Sira a lancé son propre business : pour une somme d’argent conséquente, elle aide les nouveaux venus à polir leurs dossiers, à mentir s’il le faut, bref, à rendre leur histoire crédible, et suffisamment valable aux yeux de la loi pour que la République leur accorde leurs papiers. Mais sous ses apparences d’Olivia Pope à la française, Sira à une règle à laquelle elle ne faillit jamais : pas d’argent, pas de dossier. Elle n’aide personne gratuitement, enfermée dans un cynisme glaçant et dans une colère qui semble, du moins au début du film, complètement injustifiée. Et puis un jour, le destin frappe à sa porte, sous la forme d’un homme malien et de sa fille, qu’il a enlevée pour lui éviter l’excision, une situation que Sira va, en dépit d’elle-même prendre à cœur. Autour de Claudia Tagbo, magnifique de justesse et de courage dans son interprétation d’une protagoniste à priori pas si facile à rendre sympathique, virevolte une galerie d’acteurs peu connus, mais complètement habités, parmi lesquels on prendra le temps de nommer Amer Alwan, extraordinaire dans la peau d’un réfugié Irakien, et Alice Belaïdi, l’avocate “schizophrène” comme elle dit, à cheval entre deux cultures. Une mise en scène de la France dont on entend très peu parler, filmée avec beaucoup de pudeur par la caméra de Virginie Sauveur.

    L’un des atouts majeurs de ce film, c’est son scénario, qui manie habilement les contrastes, que ce soit dans le portrait des personnages, leurs points de vue, leurs idéologies ou leurs situations, qui tournent parfois à l’absurde, comme cet homme arrivé d’Irak qui se voit refuser l’asile parce que personne n’arrive à croire qu’il ait réussi à passer la frontière turque sans payer le passeur. Il est aussi dans le privilège apparent des natifs de France, qui fument à la fenêtre en se demandant pourquoi ils viennent chez nous, ces gens qui arrivent d’ailleurs et ne semblent pas comprendre la portée des traumatismes des voyageurs, trop ancrés dans leur quotidien confortable pour imaginer ce que vit autrui. C’est un très beau script qu’ont co-écrit Gaëlle Belland et Virginie Sauveur, tout en nuances, en finesse, sans jugement aucun en dépit de ses opinions, qui oscille constamment entre l’espoir et l’affliction, offrant à ses acteurs de grands moments, parfaitement dévastateurs tant ils sont anodins. Un film porté par tout ce qu’il y a de plus remarquable et de détestable dans la nature humaine et qui se positionne solidement dans le camp de la solidarité, sans pourtant condamner ceux trop faibles, trop égoïstes, ou trop blessés pour faire de même.

    Par Marine Sialelli (https://leschroniquesdecliffhanger.com/)

     

     

    Film à la lisière du documentaire qui suit le parcours de réfugiés arrivant en France, confrontés à la lâcheté de notre république incarnée par une administration sèche, blasée voire indifférente... Des portraits sensibles, subtils, sont esquissés au fil du récit qui ne tombe jamais dans le pathos, préservant la dignité de ces êtres bousculés par la guerre, les traditions archaïques en leur accordant la parole, qui face à un juge, qui face à une avocate, peu à peu, quelques courageux magistrats tentent de 'rattraper' des décisions iniques. L'OFPRA ne sort pas grandi de ce témoignage. Ouvrons les yeux !

    Vu en novembre 2020 (Arte)

     

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    Le lac aux oies sauvagesLe lac aux oies sauvages

    film : drame (Chine, France), 113 min, 2019, titre original : 南方车站的聚会, Nán Fāng Chē Zhàn De Jù Huì

    Réalisation, scénario : Diao Yi'nan

    Direction artistique : Liu Qiang

    Photographie : Dong Jingsong

    Sociétés de production : Green Ray Films (Shanghai), Heli Chenguang International Culture Media (Beijing), Omnijoi Media Corporation, Shanghai Tencent Pictures Culture Media

    Coproduction : Memento Films (Paris), Arte France Cinéma

    Producteur : Li Li

    Coproducteur : Alexandre Mallet-Guy

    Producteur exécutif : Yang Shen

    Distributeur d'origine : Memento Films Distribution

    Directeur de la photographie : Jinsong Dong

    Ingénieur du son : Yang Zhang

    Compositeur de la musique originale : B6

    Décorateur : Qiang Liu

    Costumiers : Qiang Liu, Hua Li

    Maquilleurs : Qiang Liu, Hua Li

    Monteurs : Jinlei Kong, Matthieu Laclau

    Avec... Liao Fan : l'inspecteur, Hu Ge : Zhou Zenong, Kwai Lun-mei : Liu Aiai, Regina Wan : Yang Shujun

     

    Synopsis / présentation (seuilcritiques.com)

    Et donc dans le nouveau film de Diao Yinan, il y a un truand en cavale, il y a un gang de malfrats et des flics à ses trousses, il y a une épouse complètement à l’ouest et il y a une prostituée au grand cœur qui semble avoir tapé dans l’œil des critiques du monde entier parce qu’elle tient sa cigarette de façon inhabituelle. Et donc toutes et tous font la gueule, parlent comme si parler nécessitait un effort quasi surhumain, anéantissait chaque parcelle d’énergie du corps, et toutes et tous (sur)vivent dans une Chine des bas-fonds où grouillent miséreux, voyous et "baigneuses" aux largesses tarifées. Où l’on fait des flashmobs sur Boney M et où l’on trucide à coups de parapluie.

    Nous sommes à Wuhan, capitale tentaculaire de la province de Hubei aux nombreux lacs, dont celui aux oies sauvages sur les rives duquel le destin finira par rattraper Zhou Zenong, ce truand en cavale. Pluvieux et nocturne, illuminé de néons et autres lueurs phosphorescentes, Le lac aux oies sauvages promettait un grand film néo-noir mariant les figures du genre à la contemporanéité d’un pays socialement à la dérive. Yinan a d’ailleurs sorti le grand jeu : structure narrative éclatée flottant entre flashbacks et temps présent, esthétique très travaillée, violence omniprésente s’autorisant deux ou trois dérapages gore, mise en scène au cordeau alternant courses poursuites et instants au ralenti, stases suspendues, voire oniriques (la scène du zoo ou celle du cirque).

    Il y avait, de fait, tout pour plaire dans Le lac aux oies sauvages, sauf qu’aspirations et volontés s’emboîtent mal, qu’enjeux et personnages restent sans attrait, étrangement désincarnés (Zhou Zenong par exemple donne l’impression de faire du surplace plutôt que de fuir, de ne jamais redouter quoi que ce soit, vivant les évènements comme s’ils n’avaient même pas lieu). Du début à la fin, il n’y a simplement pas d’autres mots : on s’ennuie ferme, on ne ressent rien (à la rigueur quelques émerveillements, parfois quelques attentions) et on se moque bien de ce qui pourra advenir des un(e)s et des autres. Yinan se perd dans sa propre ambition comme le scénario se perd dans des circonvolutions trop flagrantes, nous perdant également tout au long d’un film au rythme décousu dont l’intérêt peine à dépasser celui d’un exercice de style cachant mal son insignifiance.

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Une intrigue à tiroirs autour d’un chef de gang et d’une prostituée. À la fois satirique et spectaculaire, ce polar intense dresse le portrait d’une Chine à la dérive. Virtuose.

    Black Coal, le précédent film de Diao Yinan, racontait une enquête sombre et languide. L’obscurité, têtue, s’impose à nouveau dans Le Lac aux oies sauvages, aux trois quarts plongé dans un univers nocturne, pluvieux, poisseux. Mais s’il réserve encore de longues plages sans aucun dialogue, le polar est cette fois plus nerveux. Il est surtout plus ample : davantage de protagonistes, de destins entrecroisés, d’orchestration dans la mise en scène. Au bout de quinze minutes, on sait que ce quatrième long métrage est le plus ambitieux de son auteur.

    Sur un quai de gare, sous un déluge crépitant, un homme amoché reste caché derrière un pilier. Une femme aux cheveux courts s’approche, lui demande du feu. Elle lui annonce qu’elle vient à la place de sa compagne. Lui se méfie, se demande s’il s’agit d’un piège. Après plusieurs flash-back, on en sait davantage : l’homme est un chef de gang traqué à la fois par une bande rivale et par la police. Elle est une prostituée (de celles que l’on surnomme, curieusement, « baigneuses »), prête à tout pour échapper à son triste sort. Une très grosse récompense promise par la police est en jeu. Le fugitif le sait, prêt à se sacrifier pour que cet argent, avec la complicité de la prostituée, revienne à sa femme et à son fils. Sauf que l’arrangement est empêché, obligeant les deux à s’enfuir, chacun de son côté. Juste avant, en guise d’œillade joliment paradoxale, la fille a lancé : « Reviens au lac, je te dénoncerai là-bas. »

    Entre loyauté et traîtrise, le film ne cesse d’osciller. Il faut parfois s’accrocher car l’intrigue est tortueuse. Les adversaires peuvent devenir des complices d’un instant et tout le monde se surveille. Même entre le fugitif et la courtisane, les deux protagonistes principaux, on ne sait qui manipule qui. Le cinéaste ne cesse de brouiller les pistes. Exemple : dans une grande salle, un homme donne une sorte de cours magistral où il explique les différentes façons de voler des motos avant d’ordonner, plan de la ville à l’appui, le quadrillage des quartiers. Des policiers ? Non, une assemblée de la pègre, qui va dégénérer et aboutir à une insolite compétition — le gangster taciturne, sur le point de déchoir, la qualifie avec ironie de « jeux Olympiques du vol ». Autant dire qu’il y a de l’humour et de la satire dans ce polar distancié, qui ne se prend pas au sérieux, même s’il décrit une réalité violente. Au passage, c’est aussi un état des lieux de la Chine contemporaine.

    On traverse un pays envahi de poubelles, gangréné par le mal, le vice et le goût du pouvoir. On sillonne des bas-fonds dédaléens et un zoo, on dérive sur l’eau. Lentement ou à la vitesse de l’éclair, l’action se partage entre observation et fureur de vivre. De filatures en courses-poursuites, Le Lac aux oies sauvages est une vaste partie de cache-cache mortel, portée par une mise en scène virtuose. Le cinéaste synchronise des ballets, des mouvements de caméra opératiques, des jeux de couleurs fluides (indigo, fuchsia, mauve), d’ombres et de lumières expressionnistes. On devine un hommage aux maîtres américains d’antan (Orson Welles), mais inscrit dans la lignée du meilleur cinéma asiatique, surtout hongkongais, de Tsui Hark à Johnnie To.

    Des motos vues du ciel filent comme un essaim d’abeilles ; un parapluie transperce une victime avant de s’ouvrir comme une fleur de sang ; des phares de voitures tracent des « z » flamboyants dans la descente d’une montagne : autant de séquences qui frappent par leur beauté métaphorique. Dans ses échappées réalistes comme oniriques, le film reste spectaculaire, au risque parfois d’une démonstration un peu gratuite de maestria. Heureusement, de manière souterraine, le cinéaste suggère une forme de justice et de revanche des plus humiliés — d’abord les femmes. Deux d’entre elles laisseront derrière elles l’abîme de la nuit, ses turpitudes. On les voit alors en plein jour, affichant une confiance synonyme de dignité retrouvée.

    Jacques Morice (Télérama)

     

     

     Étrange vision de Wuhan, film d'atmosphère, personnages taiseux... Des gangs s'affrontent, impitoyables, experts dans le vol de motos : la haute technologie utilisée pour neutraliser les alarmes côtoie l'extrême misère : vision de courses-poursuite dans des ruelles et des bâtiments industriels vaguement en ruine qui traversent la misère sous toutes ses formes. Le lac apparaît comme une respiration nécessaire, un refuge.

    Vu en avril 2020 (Canal VOD)

     

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  • Le cœur a ses raisons : journal d'une institutrice

    série, drame familial, western  ( Etats-Unis, Canada, 2014-,  6 saisons, 60 épisodes de 42', titre original : When calls the heart )

    Création : Michael Landon Jr.

    Scénario basé sur la série de romans éponyme par Janette Oke

    Producteurs executifs : Michael Landon Jr., Jimmy Townsend, Roman Viaris, Francisco Gonzalez, Brian Bird, Brad Krevoy, Alfonso H. Moreno, Vicki Sotheran, Greg Malcolm, Neill Fearnley, Susie Belzberg Krevoy, Michael Shepard, Eric Jarboe

    Producteurs : Vicki Sotheran, Greg Malcolm, Lori Loughlin

    Lieux de tournage : Vancouver, Colombie britannique

    Sociétés de production : Believe Pictures, Brad Krevoy Television, Jordan Films

    Diffusion : Hallmark Channel (U.S.) Super Channel (Canada), Netflix

     Avec : Erin Krakow (VF : Audrey d'Hulstère) : Elizabeth Thatcher, Thornton Jack Wagner (VF : Robert Guilmard) : Bill Avery, Martin Cummins (VF : Maurice Decoster [saisons 1 à 4], Daniel Nicodème [saisons 5 et 6]) : Henry Gowen, Pascale Hutton (en) (VF : Séverine Cayron) : Rosemary LeVeaux Coulter (depuis la saison 2), Kavan Smith (VF : Éric Missoffe [saisons 2 à 4], Tony Beck [saisons 5 et 6]) : Leland Coulter (depuis la saison 2), Eva Bourne (VF : Marie Du Bled) : Clara Stanton (depuis la saison 2), Andrea Brooks (en) (VF : Marielle Ostrowski) : Faith Carter (depuis la saison 2), Aren Buchholz (VF : Maxime Donnay) : Jesse Flynn (depuis la saison 3), Paul Greene (en) (VF : Simon Duprez) : Dr Carson Sheperd (depuis la saison 4), Daniel Lissing (VF : Axel Kiener [saisons 1 à 4], Marc Weiss [saison 5]) : Jack Thornton (saison 1 à 5),Lori Loughlin (VF : Emmanuelle Bondeville [saisons 1 à 4], Colette Sodoyez [saisons 5 et 6]) : Abigail Stanton (saisons 1 à 6), Carter Ryan Evancic (VF : Achille Dubois) : Cody (saison 3 à 6)

     

    Synopsis  

    C'est l'histoire d'Elizabeth Thatcher, un jeune professeur, habituée à sa vie dans la haute société, qui reçoit son premier poste dans une ville de la Frontière Occidentale. Elle est déterminée à prouver à sa famille qu'elle est assez courageuse pour vivre toute seule, mais elle a ses propres peurs et doutes. L'amour de Jack Thorton, un "mountie" (gendarme de la Garde montée), l'aide à trouver sa place.

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

     

     

    Série historique présentant quelques analogies avec La petite maison dans la prairie : les personnages font l'objet de beaux portraits. L'histoire se déroule  dans une petite ville imaginaire (Oak Valley, devenue Hope Valley quand une scierie vient remplacer la mine après un accident dans lequel périssent de nombreux mineurs) située au Canada.

    Vu en mars 2020 (Netflix)

     

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