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    Le dernier Atlas
    Le dernier Atlas

    Le dernier Atlas [roman graphique]. Tome 1 / scénario Vehlmann & De Bonneval ; dessin Tanquerelle ; design Blanchard ; Couleurs Laurence Croix .- Marcinelle (Belgique) éditions Dupuis, 2019

    ISBN 979-10-347-3928-8 (rel.)

     

     

     

     

     

    Ismaël Tayeb est lieutenant dans un gang criminel. Son grand patron lui donne un ordre qu'il ne peut refuser : trouver une pile nucléaire... Pour cela il va devoir remettre en marche et voler le dernier Atlas, un de ces immenses robots français qui géraient des constructions titanesques jusqu'au milieu des années 70, mais qui, suite à un grave incident à Batna durant la guerre d'Algérie, ont tous été démantelés… à l'exception du George Sand. Au même moment, Françoise Halfort, ex- reporter de guerre, se retrouve confrontée dans le parc de Tassili à un phénomène écologique et sismique sans précédent qui va bouleverser l'équilibre du monde... Un récit-fleuve, intensément feuilletonnant, à lire d'urgence !

    présentation de l'éditeur


     Au fil de la presse...

    Entre science-fiction, politique et thriller, Le Dernier Atlas pose la question : et si la France de l’après-guerre avait été reconstruite grâce à des robots géants ? Cette trilogie ambitieuse, écrite et dessinée à huit mains, prend le pari de conjuguer bande dessinée d’auteur et saga mainstream.

    HERVÉ TANQUERELLE


    Hervé Tanquerelle est né le 9 août 1972 à Nantes.

    En 1998 sort son premier livre, "La Ballade du Petit Pendu" (l'Association). Depuis, il n'a de cesse de multiplier les expériences graphiques et narratives, en solo ou en collaboration avec de nombreux scénaristes.

    Son travail évolue aussi bien dans la bande dessinée dite de genre ("Le legs de l'alchimiste" avec Hubert, "Professeur Bell" avec Sfar, "Les faux visages" avec David B, "Les voleurs de Carthage" avec Appollo ) que dans l'adaptation littéraire ("Les racontars arctiques" avec Gwen de Bonneval d'après Jorn Riel), le récit de témoignage ("La Communauté" avec Yann Benoît) ou bien encore l’autofiction ("Groenland Vertigo").

    Son dernier ouvrage en date est "Le Petit Livre French pop" avec Hervé Bourhis. De 2012 à 2015, il était le rédacteur en chef de la revue de bandes dessinées et fictions numériques "Professeur Cyclope", fondée, entre autres, avec Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval.

    C'est lui qui dessine et donne vie aux personnages du "Dernier Atlas".
    Le dernier Atlas
    Le Serment du Tophet
    La Nuit de Baal-moloch
    Le Petit Livre French Pop

    FRED BLANCHARD


    Issu des rangs de l'ESAG Penninghen, Fred Blanchard a connu une carrière d'illustrateur de presse avant de devenir directeur de collection pour les Éditions Delcourt, défendant une bande dessinée de genre exigente au travers de séries comme "Jour J", "Carmen Mc Callum", "L'Histoire Secrète", "L'Homme de l'année" et "Wonderball".

    En parallèle il entame en 1991 une carrière dans le dessin animé aux côtés du réalisateur Pascal Morelli. Il supervise le département décors du studio Gangster sur diverses séries télévisées jusqu'à l'adaptation en long métrage de "Corto Maltese" en 2002. Fred Blanchard dessine la presque totalité des décors du film "Corto Maltese : La Cour secrète des arcanes" et supervise en parallèle les décors de la série télévisée.

    Fin 2007 il dessine l'album "Travis-Karmatronics", publie le artbook "Surplus Universalis" et commence à créer en parallèle des designs pour diverses séries dont "Spirou et Fantasio" (Vehlmann et Yoann), "Les Naufragés d'Ythaq" et "Sangre" (Arleston et Floch), puis "Renaissance" (Duval et Emem). Il dessine actuellement un roman graphique qui paraîtra en 2020.

    C'est lui qui donne le design général du "Dernier Atlas".
    Le dernier Atlas
    Renaissance tome 1 2 3
    Alerte aux Zorkons
    La face cachée du Z
    Dans les griffes de la Vipère
    Le grooù sniper Alley

    FABIEN VEHLMANN


    Fabien Vehlmann est comme ses héros : pétillant, engagé et plein d'humour.

    Après avoir patiemment suivi les cours d'une école de commerce nantaise, Fabien Vehlmann réalise que sa voie est ailleurs. Bien décidé à se lancer dans la bande dessinée, il se consacre à l'écriture de manière intensive durant une année entière. Il empile les projets et inonde scrupuleusement la rédaction du journal Spirou. Sa ténacité est récompensée : il y fait ses débuts dans le courant de l'année 1998. Dans les pages du beau journal, il apprend son métier en scénarisant des animations, puis ses premières séries dont le fameux "Green Manor" avec Denis Bodart.

    Curieux et enthousiaste, Vehlmann touche à tous les genres : humour, science-fiction, aventure, conte,... Il multiplie les collaborations avec des dessinateurs aux styles aussi divers que Matthieu Bonhomme ("Le Marquis d'Anaon"), Frantz Duchazeau ("Les Cinq conteurs de Bagdad"), Kerascoet ("Jolies ténèbres"), Bruno Gazzotti ("Seuls") ou Eric Sagot ("Paco les mains rouges"). En 2006, il réalise une première aventure de "Spirou et Fantasio" avec Yoann : "Les Géants Pétrifiés". Quatre ans plus tard, les deux compères reprennent en main la destinée du plus célèbre héros des Editions Dupuis.

    C'est lui qui co-scénarise "Le Dernier Atlas", avec Gwen de Bonneval.
    Le dernier Atlas
    Seuls
    Green Manor
    Spirou et Fantasio tome 51 à 56
    Wondertown

    GWEN DE BONNEVAL


    Primé au Festival International d'Angoulême 2010 pour "Messire Guillaume", en collaboration avec M. Bonhomme, Gwen de Bonneval aime diversifier les approches de la BD : tantôt auteur complet, tantôt dessinateur sur des scénarios de F. Vehlmann, ou encore scénariste pour des dessinateurs dont il se sent proche (M. Bonhomme, H. Tanquerelle, H.Micol, H.Piette...).

    En 2002, il créé, avec ses amis de L'Atelier du Coin, le magazine de bandes dessinées jeunesse Capsule Cosmique, fonde et dirige ensuite la collection BD des éditions Sarbacane, puis devient directeur éditorial du mensuel numérique Professeur Cyclope. Président du jury du festival international d'Angoulême en 2015, il co-fonde et co-préside l'association nantaise Maison Fumetti.

    En 2018 paraissent "Polaris ou la Nuit de Circé", avec Fabien Vehlmann, et l'intégrale des "Racontars arctiques", adaptation de Jørn Riel qu'il signe avec Hervé Tanquerelle. Il se consacre aujourd'hui pleinement à ses activités d'auteur.

    C'est en tant que co-scénariste qu'il intervient sur "Le Dernier Atlas".
    Le dernier Atlas
    Messire Guillaume
    Gilgamesch
    SAmedi et Dimanche
    Bonneval Pacha

    Présentation / Festival Bd d'Angoulême 2021


     

    “Le Dernier Atlas” : un feuilleton BD trépidant qui manie géopolitique et robot géant

    Le dernier AtlasUn truand nantais piste un robot mis au rebut, sur fond de géopolitique et d’étranges phénomènes en Algérie… “Le Dernier Atlas” est le premier tome haletant d’une trilogie signée à cinq – dont le scénariste Fabien Vehlmann et le dessinateur Hervé Tanquerelle.  

    C’est un pavé – le premier d’une trilogie – qui se lit à vitesse accélérée, un thriller qui flirte avec le paranormal, une uchronie géopolitique. Dans Le Dernier Atlas (éd. Dupuis), Ismaël, truand mystérieux, mène son sale business dans la région de Nantes. Le voilà soudainement obligé de trouver de l’uranium. Ce qui le mène sur la piste d’un géant mécanique, le dernier Atlas, fabuleux robot abandonné par l’Etat français. Pendant ce temps en Algérie, d’étranges phénomènes ont lieu : des oiseaux se rassemblent sans raison dans le désert, puis une curieuse forme émerge du sol.

    Avec un art consommé de la narration, Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval tissent une intrigue charnue, inattendue, pleine d’angles morts intrigants. Tandis qu’Hervé Tanquerelle, Fred Blanchard et Laurence Croix lui donnent un style graphique nerveux et clair. Rencontre avec le scénariste Fabien Vehlmann (Seuls, Paco les Mains rouges…) et le dessinateur Hervé Tanquerelle (Les Voleurs de Carthage, Groenland Vertigo…).

    Qui est ce fameux dernier Atlas ?
    Fabien Vehlmann : Un robot anthropoïde géant de 40 mètres de hauteur, imaginé à la fin des années 1930, qui fonctionne au nucléaire. Il aurait aidé à reconstruire la France d’après 1945, mais aussi à mener la guerre en Algérie. C’est le symbole de la France triomphante sous de Gaulle. Un engin de construction et de répression à la fois. Ses différents exemplaires ont porté le nom d’auteurs connus : il y a le George Sand (celui qui nous occupe), l’Arthur Rimbaud, le Victor Hugo… Ces robots ont été démantelés à la suite d’un incident nucléaire en Algérie. Le George Sand gît dans une décharge en Inde, où il est en train de rouiller – je me suis inspiré du sort qu’a failli subir le porte-avions Clemenceau…

    Comment a-t-il été conçu graphiquement ?
    Hervé Tanquerelle : Il a été designé par Fred Blanchard, qui a poussé le sens du détail jusqu’à dessiner chacune de ses pièces, même celles qui ne sont finalement pas utilisées dans nos pages. Pas question de nous inspirer de Goldorak et de son fulguropoing : il s’agissait de créer un robot occupé par un équipage, actionné par des hommes.

    “Notre but était d’être divertissants et exigeants, d’offrir une BD populaire de qualité.”

    D’où est venue l’idée de l’Atlas ?
    F.V. :
     D’une image séminale vue en 2003. Pour stimuler mon imagination, je fais régulièrement des collages surréalistes. Je découpe alors dans Télérama la photo de l’arrière d’un bateau. J’y ajoute le titre « Les Géants du ciel », et l’interprète comme la tête d’un énorme robot, squattée par des familles. Cela mène à un projet de BD avec le dessinateur Juanjo Guarnido [coauteur de la série Blacksad, ndlr], qui tombe à l’eau. Sur le même thème, je travaille ensuite avec mon complice Gwen de Bonneval à une série feuilletonnante en turbomédia [BD numérique] pour le magazine numérique Professeur Cyclope, que dessine Hervé Tanquerelle. Mais on ne parvenait pas à tenir le rythme de vingt pages par mois. On a dû douloureusement laisser tomber… C’était d’autant plus difficile que le sujet du Dernier Atlas me tenait à cœur : mon père, fils d’immigrés originaires de pays baltes, a été militaire, pilote en Algérie. J’avais envie de fouiller ce trauma national qu’est la guerre d’Algérie ; elle hante encore les esprits français, comme une querelle familiale non soldée.

    Le dernier Atlas

    Comment l’histoire a-t-elle été relancée ?
    F.V. : 
    Deux ans après la fin, en 2015, de l’aventure Cyclope, Gwen de Bonneval m’a suggéré de la réactiver. Tout est venu avec facilité et fluidité…

    H.T. : De mon côté, après Groenland Vertigo, je cherchais un nouveau projet. J’ai contacté le designer Fred Blanchard, et nous avons embarqué dans l’aventure.

    Pourquoi ancrer une partie de cette uchronie dans l’ouest de la France ?
    F.V. :
     Les Atlas sont construits à Saint-Nazaire, et on navigue pour ce premier tome dans le milieu du banditisme nantais… Les quatre auteurs de départ [auxquels s’est ajoutée la coloriste Laurence Croix, ndlr] vivent à Nantes. C’était amusant de parler de notre région. Et puis c’est un facteur de crédibilité et d’incarnation important dans un récit de genre, cela permet de ne pas tomber dans la caricature. Tout l’enjeu de cette histoire est de faire oublier à quel point ce robot est grotesque ! Avec Gwen de Bonneval, mon coscénariste, nous avons fourni un gros travail de recherche afin de justifier un maximum d’éléments. Nous ne voulions pas d’une intrigue bancale, qui flottille. Notre but était d’être divertissants et exigeants, d’offrir une BD populaire de qualité. Nous avons ainsi toqué à la porte d’associations d’anciens sous-mariniers, discuté avec des ingénieurs nucléaires, des architectes… 

    “En référence à la série télé ‘Les Soprano’, on s’intéresse à des salopards.”

    H.T. : La crédibilité passe aussi par le dessin : j’ai travaillé à partir de planches très précises, qui auraient pu être des plans d’urbanistes ou d’ingénieurs. On a même fait modéliser l’Atlas en trois dimensions – j’ai utilisé des captures d’écran, décalquées et reprises à la table lumineuse. Mon trait a été ici très tenu, réaliste, bien plus que dans mes précédents albums. J’ai eu un déclic en plongeant dans l’œuvre du Japonais Naoki Urasawa (Pluto, 20th Century Boys…) qui, avec un style très fin, incarne très bien ses personnages.

    Avec le George Sand, Ismaël Tayeb, un bandit aux motivations troubles, est l’autre héros de la série…
    F.V. : J’ai habituellement une tendance verbeuse dans l’écriture : j’imagine beaucoup de protagonistes et de ramifications. Ici, je me suis forcé à une certaine économie, à « rentabiliser » certains personnages dans ce récit au long cours. Ismaël sert de guide au lecteur, c’est une forme de politesse envers lui. Il s’agit d’un antihéros qui tord le cliché du pilote héroïque, un peu chiant… En référence à la série télé Les Soprano, on s’intéresse à des salopards, plus particulièrement à ce caïd maghrébin que l’on rend touchant et complexe. Il fait à la fois des trucs héroïques et des choses dégueulasses. Né en France de parents algériens, il n’a jamais mis les pieds en Algérie.
     
    Comment avez-vous pensé la forme de cette future trilogie ?
    F.V. :
     Comme un feuilleton, en cherchant à donner un côté haletant à la narration, et envie au lecteur de lire la suite. Nous avons conçu des chapitres de vingt pages, réalisés chaque mois par Hervé, avec des rebondissements réguliers.

    H.T. : J’ai travaillé traditionnellement, à la plume et à l’encre de Chine, en reprenant ensuite les planches à l’ordinateur. Je reçois le scénario au fur et à mesure, je ne connais pas l’avenir de nos héros. L’excitation monte au fil des épisodes, je ressens grâce au Dernier Atlas des émotions très adolescentes !

    Le dernier Atlas

    Laurence Le Saux (Télérama)

     

    Roman graphique entre banlieue parisienne et désert algérien, le scénario (uchronie) prend appui sur des éléments partiellement factuels, les essais nucléaires qui sur menés en Algérie dans les années 1950-60 par les militaires français. Imaginons que les ingénieurs français auraient développé une dizaine de robots géants (les Atlas) mus par l'énergie nucléaire capables de bâtir des immeubles. Les décennies passant, les machines sont remisées dans des usines de récupération de matériaux, tels de vieux cargos. 
    Revenons au présent, c'est à dire les années 2020... Une mystérieuse force tellurique se manifeste dans la zone qui fut autrefois le théâtre des fameux essais. Quoi d'autre qu'un Atlas remit en état pour affronter cette menace !

    Les auteurs mêlent savamment la pègre de la banlieue d'une ville de province (incarnée par l'attachant Ismaël Taïeb, le fil conducteur de cette étrange aventure) à cette énigme.

    Les Atlas font à l'évidence référencent au robot sur lequel s'achève lelong-métrage dessiné 'Le roi et l'oiseau' de Paul Grimaud et Jacques Prévert.

    Lu en mars 2021, collection personnelle (Marianne, offert par Jérôme, Noël 2020)

     

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    Le conservateur
    Le conservateur

    Le conservateur : roman / Nadine Gordimer ; traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Antoinette Roubichou-Stretz .- Paris : Grasset, 2014 (collection Les cahiers rouges)

     

     

     

     

     

    Le début du Conservateur (le cadavre d’un Noir trouvé dans la propriété agricole d’un industriel blanc nommé Mehring) ressemble à un fait divers, mais c’est encore l’occasion pour Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature en 1991, de développer une analyse spectrale de l’histoire et des mentalités de son pays. Mehring est un pur produit de la société blanche sud-africaine des années 60-70, un homme par qui la politique de l’apartheid se perpétue, à bout de souffle. A l’image d’un système schizophrénique, Mehring va sombrer sous le poids de sa propre histoire, de ses contradictions, de sa vacuité. Il verra son fils rebelle et sa maîtresse gauchiste s’éloigner de lui et le laisser avec ses fantômes. Ce roman, parmi les plus élaborés et les plus poétiques de Gordimer, a obtenu le Booker Prize en 1974. On y retrouve l’un de ses thèmes favoris : la bonne conscience, les mensonges qui aident certains à vivre et qui forcent d’autres à mourir

    présentation de l'éditeur


     Au fil de la presse...

    Il ressemble à El Gringo, celui de la publicité pour une marque de café bien connue : « Un pays, une passion » ; « Cette terre, je l’ai foulée dans tous les sens, par tous les temps... » Il est sans doute plutôt bel homme. Puissant. Son sexe évoque, selon lui, la fleur du bananier qui pousse sur sa terre à lui, celle de l’Afrique du Sud, dont il s’est arrogé plusieurs centaines d’hectares.

    Homme d’affaires prospère, il s’est en effet acheté le luxe de se muer, le temps de week-ends efficaces, en fermier craint et respecté de tous les « pauvres diables » noirs qui travaillent pour lui, pour son seul plaisir, celui d’être le maître, le seul, le seul qui puisse jouir pleinement de l’odeur de l’Afrique, de cette odeur (impression très vive à la lecture du livre) dont il serait difficile de ne pas tomber amoureux.

    Par contre, lui, Mehring, le Blanc libéral « pas tout à fait comme les autres » au dire de sa maîtresse militante et métisse et de son fils objecteur de conscience, pue. Il pue par tous les pores. Comme l’eau de Cologne (dont il s’asperge) peut puer ; comme une Mercedes conduite en souplesse, une vie de dîners en ville, cocktails, parkings au pied du bureau (on ne voit ainsi pas les Noirs), jets en première classe, etc., peuvent puer. Surtout au pays de l’apartheid. La répulsion pour ce personnage, donc pour ce qu’il incarne, est viscérale.

    Mais le dessein de Nadine Gordimer est sans doute plus sophistiqué, plus ambitieux. Elle rappelle qu’en 1974, date à laquelle son livre fut publié, puis interdit, « on n’avait pas encore envoyé l’armée contre les townships », mais qu’ « il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que c’était imminent ».

    C’est cette perception des révoltes à venir, non leur répression, bien sûr, qui empoisonne le subconscient de Mehring. C’est son refus absolu de tout changement social (il veut « conserver » la terre, donc ses privilèges) qui le mène à la paranoïa, à la folie. Car il pressent que le paradis des Blancs va se transformer en cauchemar. La terre ne lui appartient pas. Elle est « vaine » (2). Le cadavre du Noir assassiné trouvé dans sa ferme, enseveli sur place comme un chien, sans sépulture, sans enquête, va revenir polluer l’esprit et l’espace : les lambeaux de chair et d’os, charriés par les pluies diluviennes trouvent là leur revanche, préfigurant la venue d’autres corps, par milliers, qu’il faudra désormais honorer d’un cercueil. Ils semblent dire : « Je te montrerai la peur dans une poignée de poussière. » La peur de l’homme blanc.

    A l’heure où Mgr Desmond Tutu appelle à boycotter les élections municipales prévues pour le 26 octobre, la voie risque d’être plus étroite que jamais pour l’écrivain qui a choisi de « rester écrivain » tout en accomplissant son « geste essentiel  ». Il ne devra pas déchoir, tout en se protégeant de la prison ou de l’exil.

    Pourtant, lorsqu’un engagement politique est aussi hautement et clairement exprimé que celui de Nadine Gordimer, lorsque son œuvre (malgré parfois une froideur d’entomologiste), témoigne de son opiniâtreté à dénoncer sur place l’apartheid, on peut espérer qu’elle va continuer à « élever la conscience des Blancs ». C’est en effet aux Blancs, faute d’autres moyens, que cette littérature s’adresse, qui n’a pas la prétention de parler du point de vue des opprimés noirs, mais de parler contre les oppresseurs. Il faut là un courage et une ruse que nous autres, tranquillement installés dans nos fauteuils, ne sommes pas encore à même de mesurer.

     

    Marie-Françoise Allain
    article paru en octobre 1988 dans le Monde diplomatique.

     


     

    Années 1970..., Afrique du Sud... Homme d'affaire aisé, Mehring partage sa vie entre les déplacements internationaux et une ferme acquise dans la banlieue de Johanesburg. Le contraste entre son quotidien dans le monde luxueux et superficiel des affaires et les week ends passés dans sa ferme, supervisant l'activité de ses ouvriers agricoles. Les personnages sont d'abord décrits selon leur origine éthnique si déterminante dans cette société sous le régime de l'apartheid. Les Indiens tiennent de petites échoppes en famille, les Noirs, selon qu'ils détiennent ou non des papiers les autorisant à travailler sont recrutés pour des activités physiques usantes et logés dans des bidonvilles, tandis que les Blancs, Boers ou anglo-saxons disposent de domestiques et vivent dans l'aisance, voyagent...

    Mehring, le personnage principal, arrive à un moment de sa vie où plus rien ne va de soi : il ressasse les souvenirs de ses relations (amoureuses, familiales) pour tenter de comprendre pourquoi elles aboutissent à des impasses. Ses rapports avec son contre-maître et les ouvriers sont plutôt corrects, mais une pointe de mépris à leur endroit affleure en permanence. Un fait divers (le meurtre puis la mise en terre d'un Noir inconnu sur le domaine de Mehring) va provoquer chez les ouvriers une forme de sursaut de dignité et de courage qui se traduira par l'organisation d'une cérémonie en hommage au mort en forme d'insoumission à leur 'maître'.

    Lu en février 2021 (collection personnelle (Marianne)

     

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    Les inoubliables
    Les inoubliables

     

    Les inoubliables : récits / Jean-Marc Parisis .- Paris : Flammarion, 2014

     

     

     

     

    Une photo trouvée par hasard : cinq enfants juifs réfugiés à La Bachellerie pendant la guerre, arrêtés par les Allemands puis déportés avec leur mère après l’exécution de leur père. Ce beau village en Dordogne, l’auteur le connaît bien pour y avoir passé de longues vacances chez ses grands- parents, des années plus tard. Des jours de joie cernés d’un silence : on ne lui avait rien raconté de cette rafle de mars 1944, de ces hommes fusillés au village, de ce château incendié cachant des toiles de maîtres, mystérieusement disparues. Jean-Marc Parisis revient alors sur les lieux, enquête et retrouve Benjamin Schupack. À quatorze ans, Benjamin a pu échapper à la tragédie qui emporta sa mère, son frère cadet et une grande partie de sa famille. De cette rencontre essentielle naît un récit croisant l’Histoire et l’introspection, doublé d’une réflexion sur ce qui lie les êtres et les lieux dans le temps.

    présentation de l'éditeur

     Au fil de la presse et des blogs...

    C'est un livre conçu à partir d'un silence. Pour remplir ce silence, Jean-Marc Parisis aurait pu choisir l'option du roman ; il a préféré la réalité de faits établis, notifiés noir sur blanc dans des dossiers épais, bien rangés sur les rayonnages des Archives. Une façon de rendre justice à ceux dont on ne parle plus et avec lesquels il partage une même unité de lieu : le village de La Bachellerie, niché au fin fond de la Dordogne, que l'on aurait pu croire, à tort, à l'abri des tourmentes de l'histoire.

    Lorsqu'il était enfant, dans les années 60-70, qu'il passait tous ses étés dans la maison de ses grands-parents dans ce petit coin de paradis, il n'a jamais entendu parler de la façon dont La Bachellerie avait traversé les années de guerre. Un silence plutôt répandu dans les familles à cette époque. C'est par hasard, en faisant des recherches sur un autre événement que Jean-Marc Parisis tombe sur la photo qui orne à présent la couverture de son livre : cinq enfants d'une même famille juive, victimes de la rafle du 30 mars 1944 à La Bachellerie. Il prend alors conscience de tout ce qu'il a partagé avec ces enfants, lui dont la propre enfance s'est déroulée au contact des mêmes pierres, des mêmes champs baignés de soleil, des mêmes chemins où cueillir des mûres. Il part à leur recherche à travers les nombreux écrits et témoignages disponibles, rencontre l'un des rares survivants ayant échappé à la rafle, Benjamin, âgé de 14 ans à l'époque des faits.

    Sous sa plume, surgit alors la réalité d'une époque. Celle d'un village qui, jusqu'en 1940 ignorait ce qu'était un juif. Une région qui voit soudain affluer les populations de l'Est de la France, contraintes à l'exil au moment de l'armistice. Parmi elles, de nombreuses familles juives qui vont trouver asile et travail dans la campagne, auprès d'une population accueillante et solidaire où le bon sens paysan semble prévaloir. On s'entraide, chacun à son niveau, les fermiers en offrant du travail, les gendarmes en trafiquant des rapports, aidés en cela par la bienveillance du préfet. La vie s'organise, certes précaire. Mais la gangrène gagne, sous la forme de la milice qui s'infiltre jusqu'aux endroits les plus reculés. Et les habitants qui pensaient qu'un coin aussi perdu passerait peut-être entre les mailles du filet vont être vite détrompés lorsque la division Brehmer qui remonte vers Paris avec pour mission de nettoyer les maquis sur son chemin fait étape à La Bachellerie.

    C'est un véritable objet littéraire que nous offre Jean-Marc Parisis, bien au-delà du simple récit. A travers le parallèle entre les enfances vécues à différentes époques, il met à jour des correspondances entre des individus qui ne se sont jamais connus et qui pourtant sont liés pour toujours. Et l'on se dit que les murs ne devraient pas être les seuls à se souvenir.

    Très émouvant le moment où il s'aperçoit face aux quelques survivants des camps que sa quête ne peut aller au-delà des faits vécus au village car ensuite, cela dépasse son propre entendement et cela n'est plus son propos : "Si les mots ont manqué à ceux qui ont vécu l'enfer, il n'y a rien à ajouter".

    Tout simplement magnifique. Belle ambition, belle réalisation. Indispensable.

     (Nicole Grundlingern, motspourmots.fr)


     

    A partir d'un village de Dordogne que l'auteur fréquentait pendant les vacances lorsqu'il était enfant (années 1970-1980) surgissent milles souvenirs réveillés par une photo d'enfants qui furent déportés à Auschwitz en 1944. Ces enfants, natifs d'Alsace, trouvèrent refuge avec leurs familles en 1940 parce qu'ils étaient alsaciens... et y demeurèrent tout au long de la guerre parce qu'ils étaient juifs. Les évocations de l'auteur, qui a connu de le village de la Bachellerie 30 ans après ces enfants, morts pour la plupart en déportation, tentent de ranimer le souvenir mémoriel des jeunes défunts, brassant documents d'archives, témoignages écrits et rencontres de survivants, dans une sincérité poignante.

    A hauteur de ce petit village de près de 800 âmes (La Bachellerie) le lecteur découvre les exactions des miliciens, la servilité des représentants du gouvernement de Vichy, l'arrivée de la division militaire allemande Brehmer, puis la remontée vers la Normandie de la division  Das Reich de sinistre mémoire mais aussi la bravoure de la Résistance, qu'elle s'exprime individuellement (gendarmes, cheminots, boulangère, cordonnier) ou collectivement (groupes FTP et communistes). 

    Outre l'émouvant hommage rendu aux familles juives qui furent accueillies puis, au fil de la guerre et des décisions de Vichy, progressivement humiliées*, traquées et persécutées jusqu'à l'ignoble déportation, quelques anecdotes émaillent le récit. Ainsi l'étonnante histoire du château de Rastignac, ou encore de tableaux de maîtres mis à l'abri pendant la guerre qui disparurent. 

    Lu en mai 2020 (collection Médiathèque municipale de Labarthe sur Lèze, Marianne)

     

    * Des médecins juifs furent interdits d'exercice de la médecine

     

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  • Kalifat
    Kalifa

    Drame, guerre, terrorisme  (série, 8X52', Suède, 2020)

    Création : Wilhelm Behrman, Niklas Rockström

    Production :  Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

    Photographie : Stéphane Vallée

    Montage : François Gédigier, Boaz Mann et Omri Zalmona

    Musique : Rutger Hoedemaekers

    Scénario : Amit Cohen, Ron Leshem avec la participation Xabi Molia (dialogues) et de Karine Tuil

    Son : Ludovik Van Pachterbeke et Ophélie Boully

    Costumes : Catherine Marchand

    Décors : Pierre Renson

    Société de production : Arte France, Haut et Court TV, Hulu, Masha Productions, Spiro Films

    Producteurs : Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

     Avec : Gizem Erdogan (sv) : Pervin El Kaddouri, Aliette Opheim (en) : Fatima Zukic, Nora Rios : Suleikha "Sulle" Wasem, Amed Bozan : Husam El Kaddouri, Yussra El Abdouni : Lisha Wasem, Arvin Kananian : Nadir Al-Shahrani, Lancelot Ncube : Ibrahim "Ibbe" Haddad, William Legue : Omar Soudani, Simon Mezher : Suleiman Wasem, Amanda Sohrabi : Kerima, Albin Grenholm (sv) : Calle, Marcus Vögeli : Jakob Johannisson, Nils Wetterholm : Emil Johannisson, Ala Riani : Tuba Wasem, Dennis Önder : Abu Jibril, Shada Helin-Sulhav : Miryam, Marcel Khouri : Ahmed Mohamedi, Monica Albornoz : Dolores, Camilla Larsson (en) : Sara, Jonatan Qahoush : Khalaf, Caisa Ankarsparre : Nyhetsankare, Ali Jalal : Ali Chatik, Ahmad Srour : Emiren, Maria Alm Norell : Anna-Karin, Nadeem Srouji : Karwan

     

    Synopsis  

    Vertigineux récit choral entre Raqqa, capitale de l’État islamique et la Suède, à la fois thriller et quasi-documentaire.
    L'agent de sécurité nationale Fatima reçoit une information selon laquelle une attaque terroriste contre la Suède est en cours de planification. Pendant ce temps, Sulle, une adolescente de Stockholm, s'intéresse à son assistante étudiante qui ouvre les portes d'un monde nouveau et fascinant - le vrai chemin.

     

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

     

     Sur le site avoiralire :

    Résumé : Alors que l’État islamique prépare un attentat contre la Suède, les destins d’une mère en galère, d’une étudiante pleine de vie et d’une flic ambitieuse s’entrecroisent.

    Notre avis. Combinant immersion dans le quotidien à Raqqa et traque policière en Suède, Kalifat, série créée par Wilhelm Behrman et Nikolas Rockström, après une première diffusion sur la chaîne suédoise SVT, maintenant disponible sur Netflix, est clairement à ne pas manquer.

    2015. Depuis deux ans, la ville de Raqqa, tombée entre les mains de Daesh a été auto-proclamée capitale de « son » État islamique occupant une partie de la Syrie. Y affluent des « combattants » venant d’Europe et d’ailleurs, avec femmes et enfants, pour rejoindre l’organisation terroriste afin d’aider, enseigner, se former au combat, se battre sur place, faire du renseignement, préparer des attendants ou, plus grave, retourner à la case départ pour de l’infiltration et du recrutement. Une véritable pieuvre qui met sur les dents tous les services de renseignements et polices d’Occident. En particulier en Suède, où l’extrême droite commence à remporter des sièges et où les amalgames anti-islam primaires gangrènent une partie de la société.

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    Copyright Netflix

    Sur cette toile de fond, Kalifat, en forme de récit choral, évoque le destin de cinq femmes : Pervin (Gizem Erdogan), jeune maman d’une fille de quelques mois, qui a suivi son mari djihadiste à Raqqa ; elle ne supporte plus cet enfer et cherche à tout prix à retourner en Suède. Ensuite, Fatima (Aliette Opheim), agent au Säpo, la sûreté suédoise, rapidement en contact avec Pervin (nous ne spoilons rien, c’est le point de départ de la série), qui traque un mystérieux « voyageur » pour déjouer ses sinistres projets. Enfin trois adolescentes, Sulle (Nora Rios), sa petite sœur Lisha et Kerima, une fille paumée vivant seule avec un père alcoolique. Toutes les trois se découvrent un intérêt dangereusement glissant pour l’islam radical. On pourrait citer d’autres destins et personnages, à commencer par ce « voyageur », un infiltré de Daesh. On n’en dira pas plus, bien qu’il soit mis au grand jour dès le début, tout du moins pour le spectateur.

    Kalifat est une série totalement prenante. La tension, et donc sa puissance, viennent surtout de son traitement quasi documentaire. Bien sûr, pour la partie « thriller » menée par Fatima, on pense un peu à Homeland, voire à un Bureau des Légendes en moins sophistiqué, mais l’ensemble s’avère bien plus proche de Gomorra, le film de Matteo Garrone (2008), qui décrit le quotidien d’un quartier de Naples contrôlé par la mafia, zone totale de non-droit et monstrueux supermarché de la drogue. Comme dans Gomorra, c’est sur les paumés et sous-fifres commandés ou manipulés par des chefaillons de Daesh, et sa bureaucratie, que le caméra se porte. Une caméra épaule, serrant au plus près des personnages plongés dans des situations qu’ils génèrent, maîtrisent ou, inversement, qui leur échappent totalement. Les parties à Raqqa (tournées en Jordanie) sont étouffantes, car elles se déroulent essentiellement en huis-clos dans la « maison » de Pervin. On vit littéralement avec elle et sa petite famille, dans la promiscuité d’un aménagement fait de bric et de broc. On cuisine, on mange, on dort au rythme des prières ou des cris et biberons du bébé, et des rares sorties, la boule au ventre, dans une ville défigurée, où se côtoient femmes intégralement voilées, hommes et enfants armés à tous les coins de rues. Et comme Pervin, on espère fuir de cet immonde gourbi où l’ennui est la principale activité pour ces femmes recluses qui, de temps en temps, jettent un œil à travers une vitre brisée, avant de la recouvrir d’un bout de carton, chacune s’espionnant plus ou moins.

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    Copyright Netflix

    Les récits progressent en parallèle, au fil des huit épisodes, méthodiques et cliniques. Comme les souvenirs des attentats de 2015 sont définitivement ancrés dans nos mémoires, nous pensons inévitablement qu’il faut s’attendre au pire, les auteurs ne se privant pas de faire évoquer par des personnages la tuerie de Charlie Hebdo, histoire d’accroître la pression. Si le suspense semble parfois distendu, il n’en demeure pas moins oppressant. Pardon pour l’analogie, mais comme dans un Columbo, si nous savons qui sont les « coupables », la tension s’installe sournoisement dans la narration du (ou des ?) mode(s) opératoire(s), via de vicieuses et sinistres touches impressionnistes - avec tout de même quelques cliffhangers - sans qu’on n’en perçoive la finalité, son cynisme, et surtout où et quand ?

    L’interprétation des cinq femmes, ainsi que celle de ce « voyageur » (Lancelot Ncube) sont impressionnantes et la réalisation, parfois faussement à l’arrache, est en fait parfaitement maîtrisée, avec notamment quelques plans-séquences de haut niveau, ceux dont on ne se rend compte qu’au cut du changement de cadre, au bout de deux minutes.

    Enfin, si la série est fermée avec un final dont on ne vous dira rien, comme dit le proverbe, le diable se cachant - hélas - dans les détails, Netflix et les scénaristes ont des options pour une possible suite. Sur un sujet hautement sensible et douloureux, Kalifat réussit ainsi l’habile et délicat assemblage, entre réalisme et pure fiction. À voir.

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    Copyright Netflix

     


     

    Fatima Zukic (rescapée de Sarajevo), agent des service de sécurité suédois, reçoit une information selon laquelle une attaque terroriste est prévue en Suède.

    L'histoire commence avec Pervin, une jeune femme suédoise qui vit à Raqqa, en Syrie, avec son mari Husam et leur bébé Latifah. Désillusionnée par la vie à Raqqa, Pervin envisage de retourner en Suède. Après avoir acheté un téléphone portable à une de ses voisines, elle contacte une amie en Suède, Dolorès, engagée dans la lutte contre la radicalisation. Dolorès met Pervin en contact avec Fatima, l'agent du service de sécurité suédois. Fatima est en désaccord avec sa hiérarchie en raison d'un incident antérieur au sujet de "Lorentz". Fatima commence à parler avec Pervin par téléphone et essaie de la contacter pour obtenir des renseignements sur une attaque terroriste planifiée en Suède en échange du retour en toute sécurité de Pervin et de sa fille en Suède.

    Pervin raconte à Fatima qu'un surnommé "Al Musafir" ou "le Voyageur", a été envoyé en Suède pour y planifier une attaque terroriste. "Al Musafir" qui s'appelle en réalité Ibrahim Haddad surnommé "Ibbe", travaille comme assistant enseignant dans un lycée musulman, tout en recrutant d'autres comme Jacob, Emil et Miryam pour la future attaque terroriste. Il essaie simultanément de radicaliser les jeunes filles du lycée en partageant des vidéos de recrutement et de la propagande. Il recrute avec succès deux jeunes adolescentes, Sulle et son amie Kerima, toutes deux âgées de 15 ans, qui commencent à porter le hijab et à prendre des cours de religion. Il montre aux filles des photos de palais et leur dit que si elles déménageaient au Califat, elles pourraient vivre dans le luxe et faire partie de quelque chose de spécial. Pervin devient le centre d'attention d'Ahmed l'un des collègues de Husam qui arrive une nuit chez elle et l'attrape en train de parler à Fatima. Il la viole et est sur le point de la tuer quand elle le poignarde. Elle jette son corps dans le puits de ses voisins. Husam est sous l'influence de somnifères et arrive dans la cuisine et voit le sang sur le sol, mais Pervin le convainc qu'il rêve. Les parents de Sulle ont pris conscience de la radicalisation de leurs filles et tentent de les arrêter sans succès.

    Fatima ne révèle pas sa source (Pervin) à ses supérieurs, mais révèle de vagues détails sur un complot terroriste. Ses supérieurs lui disent de suspendre l'enquête. N'y parvenant pas, ils la suspendent de ses fonctions avec pour motif une consommation de substance prohibée plus précisément du cannabis. Elle reste en contact avec Calle, son collègue et amant, et continue de partager des informations avec lui. Elle continue d'obtenir des informations de Pervin. Elle se met sur la piste de Jacob et Emil quand elle se retrouve dans un champ de tir abandonné d'où elle entend les deux protagonistes parler de Pervin. Jacob récupère sa plaque d'immatriculation et la retrouve.

    Dolorès et Ibbe sont à une réunion anti-radicalisation, quand Ibbe sort pour parler avec Jacob. L'animateur diffuse une vidéo de l'Etat islamique dans laquelle on voit plusieurs combattants. L'un d'entre-eux porte un tatouage sur l'avant-bras. Plus tard, dans un café, Dolorès reconnait le tatouage sur le bras d'Ibbe. Après qu'Ibbe l'ait déposée, elle appelle Fatima qui lui demande de la rencontrer à son appartement. Quand elle y va, elle est poignardée et meurt. Lorsque Fatima arrive, une alerte a été émise pour la faire entrer et elle prévoit de s'échapper. Elle se rend chez Dolorès pour obtenir de l'argent et des fournitures, mais deux policiers suédois la surprennent. Elle les enferme dans une salle de bain sous la pointe d'un pistolet, ce qui déclenche une chasse à l'homme pour elle. Elle trouve refuge chez le collègue de son père.Husam n'oublie jamais tout à fait le fait dans la cuisine et devient convaincu qu'il a tué Ahmed, jusqu'à ce que Pervin lui dise enfin la vérité.

    Fatima cherche de l'aide pour extraire Pervin et un plan est prévu pour la retirer de Raqqa. Pendant ce temps, Sulle et Kerima obtiennent des billets pour voyager en Turquie et sont récupérées par Ibbe et la femme qui leur a enseigné l'islam. À la dernière minute, la sœur cadette de Sulle, Lisha, les rejoint dans la voiture et ils partent pour l'aéroport. Sulle a menti à ses parents, prétextant qu'elle participe à un match de basket. Son père termine le travail plus tôt et décide d'aller voir son match. Le stade est vide, il appelle alors Calle qui déclenche une alerte auprès des autorités allemandes et turques. Ils croient avoir retrouvé les filles en route vers Istanbul pour se rendre compte que les passeports avaient été changés et que les filles étaient en fait à Ankara. Ils décident d'intercepter le véhicule de transport à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Ils arrivent à récupérer Sulle et Kérima. Lisha est conduite à Raqqa.

    Calle convainc Fatima de demander l'aide de Pervin pour sauver Lisha. Sur le point de quitter Raqqa, Pervin reste finalement pour tenter de sauver Lisha. Elle persuade Husam de prendre Lisha comme seconde épouse.

    Fatima poursuit Jacob et Emil mais perd leur trace après avoir changé de voiture chez leur mère. Pervin révèle à Fatima les trois cibles terroristes au moment où la police l'arrête avant qu'elle ne puisse partager ces informations. Les trois attaques terroristes sont de toute façon stoppées par le Service de sécurité, qui les connaissait depuis le début. Ils ont gardé Fatima dans le noir parce qu'ils ne lui faisaient pas confiance. En échange de son silence, elle est libérée de prison. Ibbe s'échappe de justesse d'une des trois attaques.

    Fatima se rend en Syrie pour sauver Pervin, Lisha et Husam. Quelques minutes avant son arrivée, un collègue de Husam arrive pour le conduire dans un attentat-suicide. Husam essaie de gagner du temps mais Lisha, qui est complètement radicalisée et ne veut pas retourner en Suède, révèle leur plan d'évasion. Le collègue de Husam tire sur Pervin et est sur le point de tirer sur Husam lorsque Fatima le descend. Lisha refuse de venir et ils sont obligés de la laisser derrière eux. Ils quittent rapidement la ville, cependant Pervin meurt de sa blessure par balle après le poste frontière.

    Sulle et Kerima sont interrogées par les services de sécurité. Sulle livre aux autorités l'identité d'Ibbe dans un effort pour sauver sa sœur Lisha. Kerima quant à elle, tente de se suicider et est emmenée dans un établissement de santé mentale où elle met la main sur un téléphone portable et prévient Ibbe que sa couverture pourrait être grillée. Celui-ci se trouve justement à l'école où Calle l'attend. Ibbe parvient à s'enfuir.

    A sa sortie de l'établissement, Kerima rencontre Ibbe qui la convainc de participer à un nouvel attentat dans un concert. Ibbe ment à Kerima en lui disant qu'elle portera un gilet explosif tout comme Sulle et lui-même. Une fois sur place, Kerima s'aperçoit de la tromperie en envoyant un message à Sulle. Elle prévient les participants du concert qui s'enfuient. Elle ne parvient cependant pas à retirer son gilet. Ibbe déclenche la bombe.s.

    (Wikipedia)


    La minisérie “Kalifat” sur Netflix : Raqqa, celle qui en rêve, celle qui la fuit

     Cette minisérie suédoise aux allures de thriller palpitant suit le parcours croisé de deux jeunes musulmanes. En plus d’illustrer les ravages de la radicalisation, elle nous plonge dans le quotidien de la ville syrienne, terrorisée par l’État islamique. Avis aux spectateurs confinés, Kalifat, minisérie en huit épisodes, est une fiction sur l’enfermement. Celui de Pervin, jeune musulmane suédoise qui a suivi son mari, combattant de l’État islamique, pour se retrouver dans un appartement étouffant et sordide de Raqqa, en Syrie, où elle tente de survivre avec son bébé de trois mois. Celui de Sulle, jeune lycéenne qui étouffe en Suède, avec le sentiment de ne pouvoir vivre sa religion, l’islam, comme elle l’entend. Et enfin, celui de Fatima, talentueuse et ambitieuse policière, mystérieusement entravée dans sa tentative de rapatriement de Pervin. La série, qui a été diffusée sur la chaîne de télévision suédoise publique SVT et a battu des records de visionnage en replay, entrecroise avec agilité et un suspense très bien maîtrisé le destin de ces trois femmes. Alors que Pervin est prête à tout pour quitter Raqqa (y compris à risquer sa vie en collaborant avec les services secrets suédois), Sulle, elle, rêve de s’y rendre. L’adolescente, élevée dans une famille laïque, s’intéresse à la question syrienne et est peu à peu embrigadée par un assistant de son lycée. Ce criminel, dissimulé sous les traits d’un adulte bienveillant, encourage insidieusement sa radicalisation et celle de son amie Kerima ー certes, scellée en quelques épisodes à peine ー à la faveur, notamment, d’images idylliques du califat. Kalifat Kalifat © SVT 2019 Photo: Johan Paulin On suit, la peur au ventre, les appels de Pervin depuis son petit téléphone à clapet qu’elle cache dans un mur délabré. On écoute avec la même terreur les discours qui séduisent les deux copines. On assiste avec effroi à l’enfer de la vie quotidienne sous le joug de l’État islamique. Surtout, on frémit devant la préparation d’un attentat de l’ampleur de celui du 13 novembre 2015 à Paris, prévu pour décimer la ville de Stockholm. Abonné Podcast : endoctrinées par Daech, elles témoignent dans “Ma fille sous influence”, saison 2 Série documentaire Irène Verlaque Suivant le rythme d’un véritable thriller, la série, servie par un talentueux casting, trouve le ton juste pour aborder la délicate question de la radicalisation au sein d’une jeunesse qui se sent rejetée, et rendre compte du désarroi des parents et du personnel éducatif face à cette impitoyable machine de guerre. Une machine vorace, avide de nouveaux soldats prêts à se faire exploser au nom du califat.
    Caroline Besse, Télérama / Publié le 05/04/20 mis à jour le 07/12/20

     

    Mini-série suédoise qui nous plonge dans le terrorisme islamique sur le sol européen ainsi que sur le recrutement de 'combattants' européens, tant pour défendre l'Etat islamique en Syrie (Raqqah) et de futures épouses endoctrinées en Europe par des rabatteurs parfaitement bien insérés, au-delà de tout soupçon. La manipulation mentale règne en maître partout, utilisée aussi bien par les recruteurs djihadistes que par les policiers suédois en contact avec des exilés repentis qui souhaitent rentrer en Suède, effrayés par ce qu'ils vivent à Raqqah, les premiers pour nourrir leur guerre, les seconds pour obtenir des renseignements suceptibles de déjouer les attentats. C'est assez déroutant pour le spectateur : on ne sait plus trop parfois si certains policiers sont sincères ou s'ils bluffent et retournent leur veste autant de fois que nécessaire. On aurait besoin d'un décryptage à la fin de la saison !

    Vu en décembre 2020 (Arte)

     

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  • No man's land
    No man's land

    Drame, guerre et espionnage  (série, 8X45', France, Belgique, Israël,  2020)

    Création : Amit Cohen, Ron Leshem, Maria Feldman et Eitan Mansuri

    Production :  Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

    Photographie : Stéphane Vallée

    Montage : François Gédigier, Boaz Mann et Omri Zalmona

    Musique : Rutger Hoedemaekers

    Scénario : Amit Cohen, Ron Leshem avec la participation Xabi Molia (dialogues) et de Karine Tuil

    Son : Ludovik Van Pachterbeke et Ophélie Boully

    Costumes : Catherine Marchand

    Décors : Pierre Renson

    Société de production : Arte France, Haut et Court TV, Hulu, Masha Productions, Spiro Films

    Producteurs : Caroline Benjo, Carole Scotta, Simon Arnal, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Jonathan Doweck

     Avec : Félix Moati : Antoine Habert, Mélanie Thierry : Anna Habert, Souheila Yacoub : Sarya Dogan, James Krishna Floyd : Nasser Al-Shammri, Dean Ridge : Paul Wilkins, Jo Ben Ayed : Iyad Bel Tagi, James Purefoy : Stanley / Stuart, Kamal Cadimi : Cheikh Abu-Yasser, François Caron : Philippe Habert, Céline Samie : Marie Habert, Julia Faure : Lorraine, Roda Canioglu : Commandante Adar, Simon Harrison : Ryan Carson, Enja Saethren : Eva Haas, Luke Hornsby : Luis Quintero, Laura Vörtler : Paulina Gacek, Sam Kalidi : Kadir Aktas, Hajar Dardiri : Lale, Djemel Barek : le père de Sarya, Kenza Mouahidi : une combattante, Frédéric Clou : l'employé d'ambassade au Caire, Mark Joyce Wolf : Luke, Nisrine Adam : Helan, Sonia Okacha : Gilia, Fabrice Adde : le professeur d'archéologie, Xabi Molia : Jacob Ash Goldeh : Navid Mark Irons : le père de Paul, Florian Lutz : garde du corps de Stanley, Adam Hussain : Nasser Al-Shammri jeune, Freddie Thompson : Paul Wilkins jeune, Joseph Heppel : Iyad Bel Tagi jeune

     

    Synopsis  

    La vie d'Antoine bascule le jour où il croit apercevoir sa soeur, qu'il pensait morte, sur une vidéo de combattantes kurdes en Syrie. En partant à sa recherche, il rejoint cette unité de femmes et va voyager avec elles à travers le territoire syrien.

     

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Anna Habert, une archéologue française, est déclarée morte lors d'un attentat survenu en Égypte en 2012. Cependant, son frère Antoine, architecte, croit la reconnaitre en 2014 lors d'un reportage télévisé sur un bataillon international engagé aux côtés des troupes de combattantes kurdes des Unités de protection de la femme (YPJ) luttant contre Daesh dans une Syrie en pleine désagrégation. Persuadé qu'il s'agit de sa sœur, il part à sa recherche dans la région de la frontière entre la Turquie et la Syrie. Livré par son passeur à un groupe de Daesh, il ne doit la vie sauve qu'à une intervention d'opportunité des YPJ, qui le font cependant prisonnier, pensant qu'il s'apprêtait à rejoindre les rangs des djihadistes. Il parvient peu à peu à convaincre les membres de l'unité sous la responsabilité de Sarya Dogan qui le retiennent qu'il est là pour retrouver sa sœur. Il leur apporte une aide décisive dans la destruction d'un pont et, gagnant progressivement leur confiance, va s'intégrer à leur groupe et rester en Syrie pour poursuivre son enquête. Il est alors plongé au cœur des opérations contre Daesh et s'immerge dans la guerre. Par ailleurs, Nasser, Paul et Iyad – trois amis d'enfance anglais, issus des quartiers populaires de Londres – arrivent en Syrie pour participer au djihad. Paul et Iyad sont particulièrement motivés et enthousiastes à l'idée de combattre les infidèles et de contribuer à l'établissement du califat autoproclamé. Le trio se retrouve rapidement confronté aux troupes kurdes. L'expérience de Nasser, qui a combattu en Afghanistan avec les troupes britanniques, pousse ses supérieurs à lui confier le commandement d'une katiba, puis à lui confier des fonctions importantes dans la hiérarchie militaire de l'État islamique. Mais certaines de ses actions apparaissent néanmoins étranges, en particulier à Paul, converti à l'islam et profondément endoctriné par la doctrine du djihadisme. Nasser est en contact avec un étrange personnage du nom de Stanley, ce même personnage ayant également connu Anna, en Égypte, en s'étant présenté comme un membre d'une ONG défendant les Printemps arabes.

    (Wikipedia)


    Mélisande Queïnnec - franceinfo Culture
    France Télévisions  Rédaction Culture
     
    Publié le 01/10/2020 15:00Mis à jour le 01/10/2020 18:36
     Temps de lecture : 3 min.
    Félix Moati et Mélanie Thierry dans "No Man's Land" (capture d'écran arte.tv) (ARTE)Félix Moati et Mélanie Thierry dans "No Man's Land" (capture d'écran arte.tv) (ARTE)

    Tout part du plus anodin des mouvements. Celui d'une femme qui noue ses cheveux en chignon, et qui attire l'attention d'Antoine (Félix Moati) dans une vidéo virale d'explosion en Syrie. "Ce petit geste, c'est incroyable", admet Marie, sa mère (Céline Samie), les yeux brillants, lorsque son fils lui fait part de sa folle théorie : Anna, sa soeur (Mélanie Thierry), disparue en Egypte deux ans plus tôt (la série, déjà disponible sur Arte TV et sur la chaîne le 26 novembre, se passe en 2014), pourrait être encore en vie. 

    Une obsession : trouver des réponses

    Seuls renseignements, glanés auprès d'un militaire américain blessé par l'explosion : la soldate s'appellerait Shamaran, se serait engagée auprès des combattantes kurdes (YPJ) en guerre contre l'Etat Islamique et se trouverait dans un rayon de 300 kilomètres autour de la frontière avec la Turquie, une aiguille dans une botte de foin, donc. Mais pour Lorraine, compagne d'Antoine (Julia Faure), la ressemblance entre Shamaran et Anna est une "coïncidence". Le corps a été identifié. Compatibilité ADN : 96%. Identification dentaire : 95%. 

     

    Anna (Mélanie Thierry) a été tuée dans un attentat au Caire, deux ans auparavant. (ARTE)Anna (Mélanie Thierry) a été tuée dans un attentat au Caire, deux ans auparavant. (ARTE)

     

    Pourtant, trop de questions restent en suspens. Comment expliquer qu'Anna, simple archéologue au Caire, ait été la seule visée lors de l'attentat terroriste qui a provoqué sa mort ? Pourquoi avoir laissé une lettre à l'attention d'Antoine et supprimé le mot de passe de son ordinateur pour le rendre accessible ? Et cette montre qu'elle ne portait jamais, pourquoi l'avoir arborée le jour de l'incident, comme un indice laissé à son frère pour comprendre ?

    Ces cheveux, entortillés autour d'un élastique, cette silhouette si proche de celle d'Anna, ces gestes, profondément ancrés dans sa mémoire, ravivent tous les espoirs d'Antoine. Il se lance alors dans la plus grande quête de sa vie, une quête obsessionnelle : trouver la mystérieuse inconnue du bataillon d'Alep.

     

    En Syrie, Antoine (Félix Moati) tente de retrouver sa soeur, qu'il croit engagé auprès des combattantes kurdes. (ARTE)En Syrie, Antoine (Félix Moati) tente de retrouver sa soeur, qu'il croit engagé auprès des combattantes kurdes. (ARTE)

     

    La série nous embarque ainsi aux côtés d'Antoine au-delà des frontières montagneuses de la Turquie et de la Syrie, dans une fresque familiale intime à l'esthétique léchée. La musique, signée Rutger Hoedemaekers (Trapped, Premier contact) et utilisée avec une grande parcimonie, contribue un instiller un climat terriblement tendu. Antoine a une idée fixe : trouver des réponses, au péril de sa vie. Mais le chemin sera semé d'embûches, et le jeune Français se retrouve malgré lui au coeur d'un conflit géopolitique qui le dépasse.

    Le conflit syrien en arrière-plan

    On peut dire que Félix Moati aura parcouru un long chemin depuis LOL - Laughing Out Loud de Lisa Azuelos, film qui a révélé le comédien de trente ans. Dans No Man's Land, il incarne un homme porté par ses convictions, naïf de prime abord, qui va au fil de son périple mieux comprendre la complexité du monde qui l'entoure, entouré des femmes fortes du YPJ.

     

    Sarya (Souheila Yacoub) fait partie des femmes engagées au YPJ.  (ARTE)Sarya (Souheila Yacoub) fait partie des femmes engagées au YPJ.  (ARTE)

     

    La série pourrait, par facilité, céder à l'écueil du manichéisme. Ce n'est pas le cas, grâce à une habile utilisation des flashbacks. On saisit des instants de la vie de chacun des personnages - celle d'Antoine, mais aussi celles des combattantes kurdes et des djihadistes de l'Etat Islamique. 

    Sarya, kurde (Souheila Yacoub), a grandi à Paris avant de sillonner les routes sablonneuses de Syrie sous la bannière du YPJ. De l'autre côté, Iyad (Jo Ben Ayed) garde un souvenir plein de dégoût de ses années de piano qui le détournaient de sa conception de l'Islam, enfant, tandis qu'il écumait sa cité avec ses copains, Nasser (James Floyd) et Paul (Dean Ridge). 

     

    Félix Moati dans "No Man's Land". (ARTE)Félix Moati dans "No Man's Land". (ARTE)

     

    Les trois sont désormais là, en Syrie. Et Paul se sent tiraillé, entre les responsabilités familiales laissées au Royaume-Uni et ce combat qu'il s'est juré de mener contre l'Occident et auquel il est désormais impossible d'échapper. Cette narration non linéaire permet d'aborder un sujet toujours tabou - les motivations des combattants de Daesh, aveuglés par la foi, prêts à tuer "pour le bien du califat" mais dont les convictions sont parfois ébranlées par les doutes, et celles de leurs opposants...


    En huit épisodes de cinquante minutes, en plus de son intrigue principale, la mini-série propose des portraits d'hommes et de femmes engagés dans le conflit, sans jamais sombrer dans les clichés ni se targuer de raconter la guerre. Une violence souvent crue, un suspense insoutenable, un jeu d'acteurs très juste et un scénario bien ficelé en font une mini-série à côté de laquelle il serait dommage de passer en cette rentrée.

     

     

    Belle série entre France, Egypte et  Syrie où l'on découvre l'engagement des femmes kurdes dans le conflit syrien d'une part et l'extrême cruauté qui règne dans les territoires occupés par les combattants de l'Etat islamique d'autre part, à travers la présence de jeunes gens et jeunes femmes enrôles depuis le monde occidental (France, Royaume-Uni). 

    Vu en décembre 2020 (Arte)

     

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