• Un été à Osage county
    Un été à Osage county

    Drame familial (Etats-Unis, 2013, 130 min)

    Réalisateur : John Welles

    Scénario : Tracy Letts (d'après sa pièce : 'August : Osage County')

    Décors : David Gropman

    Costumes : Cindy Evans

    Photographie : Adriano Goldman

    Montage : Stephen Mirrione

    Musique : Gustavo Santaolalla

    Production : George Clooney, Jean Doumanian, Grant Heslov, Steve Traxler et Harvey Weinstein

    Sociétés de production : The Weinstein Company, Smokehouse, Jean Doumanian Productions, Battle Mountain Films et Yucaipa Films

    Société de distribution : Wild Bunch Distribution

    Avec... Meryl Streep (V. F. : Frédérique Tirmont) : Violet Weston, Julia Roberts (V. F. : Céline Monsarrat) : Barbara Weston, Margo Martindale (V. F. : Colette Nucci) : Mattie Fae Aiken, Sam Shepard (V. F. : Georges Claisse) : Beverly Weston, Chris Cooper (V. F. : Didier Flamand) : Charles Aiken, Benedict Cumberbatch (V. F. : Jean-Christophe Dollé) : « Little » Charles Aiken, Ewan McGregor (V. F. : Bruno Choël) : Bill Fordham, Dermot Mulroney (V. F. : Arnaud Bedouët) : Steve Huberbrecht, Abigail Breslin (V. F. : Sarah Brannens) : Jean Fordham, Juliette Lewis (V. F. : Anneliese Fromont) : Karen Weston, Julianne Nicholson (V. F. : Odile Cohen) : Ivy Weston, Misty Upham (V. F. : Estelle Meyer) : Johnna Newell, Alexander : Dr Burke

     

    Synopsis :  

    En Oklahoma, au mois d'août dans le canton d'Osage. Beverly Weston est un poète alcoolique, tandis que sa femme, Violet, souffre d'un cancer de la bouche et d'une accoutumance aux médicaments. Beverly embauche une cuisinière et aide soignante amérindienne pour Violet.

    Peu après le recrutement de cette aide domestique, Beverly disparaît, ce qui amène une partie de la famille à se réunir pour le rechercher, mais son corps est retrouvé quelques jours plus tard : il s'est suicidé. Les filles du couple, Barbara, Karen et Ivy, la seule des trois filles qui vit dans la région, viennent à l'enterrement de leur père, accompagnées de leurs familles.

    Une série de conflits s'ensuit. Des secrets étouffés vont être révélés, des rancœurs accumulées vont s'exprimer et personne ne sera épargné.

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Un film fouetté par le souffle houleux des querelles familiales dont on ne ressort pas indifférent. Meryl Streep est impériale. L’argument : En famille, on se soutient. En famille, on se déchire... Suite à la disparition de leur père, les trois filles Weston se retrouvent après plusieurs années de séparation, dans leur maison familiale. C’est là qu’elles sont à nouveau réunies avec la mère paranoïaque et lunatique qui les a élevées. A cette occasion, des secrets et des rancœurs trop longtemps gardés vont brusquement refaire surface… 

    Notre avis : En Amérique, la famille, c’est sacré… ou presque. Le nouveau film de John Wells (The Company Men ) narre l’histoire des sœurs Weston. Toutes trois ont grandi ensemble, jusqu’à l’âge adulte qui les sépara. Maintenant, elles ont une vie de couple et un quotidien bien ordonné. Mais c’était sans compter sur le suicide brutal de leur père, qui marque des retrouvailles pour le moins mouvementées. Jadis, Violet, la mère de famille magnifiquement campée par Meryl Streep, était une femme très engagée dans l’éducation de ses enfants, mais pas vraiment aimante, aux dires de ses filles. Rongée par le cancer, solitaire et accro aux médicaments, elle ne semble plus capable de s’occuper d’elle-même et sombre peu à peu dans la folie. 

    Bientôt, la famille se retrouve autour de la table. Cette longue scène de déjeuner est la séquence phare du film, elle contient l’essence même du récit. C’est là que les vieilles rancœurs, les lourds souvenirs d’enfance, les secrets trop longtemps enfouis vont refaire surface. Si le deuil de Beverly, défunt mari de Violet et père des sœurs Weston, tendait implicitement à ramener un semblant de cohésion, de soutien et de fraternité au sein de sa famille, c’est finalement à sa déchirure imminente que le spectateur assiste : le repas se transforme en véritable combat de coqs. Tout le monde se cherche, se pique au vif, s’envoie des vacheries à la figure, teintées d’une sombre ironie. Face à cela, la caméra reste en retrait. En effet, en privilégiant les plans moyens aux plans rapprochés, John Wells crée une certaine distance entre les personnages et le spectateur, et le renvoie à la simple condition de témoin de l’action. Impuissant, il regarde mère et filles s’insulter et se battre. Si cette distance peut paraître frustrante, elle n’en est pas moins importante dans l’esthétique et la réception du film.

    En vérité, derrière cet humour noir – qui saura, à coup sûr, provoquer les éclats de rire – se cachent des personnages fortement tragiques, une famille fatiguée de tant se déchirer et dont l’été passé ensemble à Osage County ne parvient pas à resserrer – ou plutôt ressouder – les liens. Ainsi, cette comédie dramatique est une enquête remarquable sur le deuil et cette notion complexe qu’est le lien familial. Au-delà de la dramaturgie, c’est à notre propre condition d’homme, de mère, de père, de fille, de fils que nous renvoie cette histoire grave et touchante qui délivre un véritable hymne à l’amour et à la fraternité. En famille, on se fait du bien, en famille, on peut se faire mal. Mais la douleur, bien que vive, est superflue tant qu’en famille on s’aime.

    blog avoir-alire.com


     

    Vu en mai 2018 (Netflix) (Marianne)

     

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  • Only lovers left alive
    Only lovers left alive

    Drame, romance (Grande-Bretagne, 2014, 123 min)

    Réalisateur : Jim Jarmusch

    Scénario : Jim Jarmusch

    Directeur de la photographie : Yorick Le Saux

    Montage : Affonso Gonçalves

    Musique : Jozef van Wissem et Jozef van Wissem 

    Producteur: Zakaria Alaoui, Jeremy Thomas et Reinhard Brundig

    Production : Recorded picture compagny, Pandora fim, Snow wolf

    Tom Hiddleston (V. F. : Loïc Corbery) : Adam, Tilda Swinton (V. F. : Catherine Wilkening) : Eve, Mia Wasikowska (V. F. : Juliette Allain) : Ava, John Hurt (V. F. : Georges Claisse) : Marlowe, Anton Yelchin (V. F. : Matthieu Sampeur) : Ian, Jeffrey Wright (V. F. : Alex Descas) : Dr Watson, Slimane Dazi : Bilal, Maxence Herrmann : Vince, Wayne Brinston : Mirror Man, Yasmine Hamdan : Elle-même

     

    Synopsis :  

    Adam et Eve forment un couple de vampires cultivés et fragiles. Leur idylle dure depuis plusieurs siècles. Dans le port marocain de Tanger, Eve compte sur Christopher Marlowe, le concurrent malheureux de Shakespeare, pour l'approvisionner en poches de sang sain. De loin, elle reste en contact avec son compagnon Adam, qui vit à Detroit. Punk aristo lassé par la médiocrité des humains, Adam a des idées suicidaires. Animée d'un obscur pressentiment, Eve prend l'avion pour Detroit. Mais les retrouvailles du couple sont perturbées par l'arrivée d'Ava, la jeune soeur d'Eve, une éternelle adolescente, incontrôlable, qui préfère encore s'abreuver à la source...

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Après avoir vécu plusieurs siècles et influencé les carrières de nombreux musiciens et scientifiques connus, Adam est devenu un musicien reclus. Il passe ses journées à enregistrer des albums avec un équipement démodé et à se lamenter sur l'état du monde actuel tout en boudant dans une maison délabrée dans un quartier déserté de Detroit. Il est devenu convaincu que l'humanité est condamnée et se réfère sans cesse aux hommes comme des « zombies ».

    Adam survit grâce à des dons de la banque du sang revendus illégalement par le Docteur Watson, qui est heureux de prendre l'argent d'Adam sans poser de question. Ayant acquis de nombreuses connaissances scientifiques au fil des années, le vampire a réussi à construire un engin pour alimenter à la fois son domicile et sa voiture de sport avec la technologie inventée par Nikola Tesla. Malgré sa nature solitaire, il est immensément riche et reste un musicien populaire. Ses nombreux fans spéculent sans cesse sur son sort et sa vraie identité. Adam est horrifié quand quelques-uns d'entre eux sonnent à sa porte un soir après avoir trouvé son adresse. Il les ignore et ils disparaissent.

    Le vampire paye aussi Ian, un humain naïf, pour qu'il lui apporte diverses guitares vintages et du matériel d'enregistrement. Un soir, Adam lui demande de lui trouver une balle en bois pour, comme il le dit, un « projet d'art secret ». Ian répond à sa demande et Adam charge la balle dans un petit pistolet. Il envisage de se suicider mais un appel de sa femme, Eve, le convainc de ne pas aller au bout de ses plans.

    Eve a passé ces dernières années à vivre à Tanger où elle achète son approvisionnement en sang à un autre vampire, Christopher Marlowe. Craignant pour la vie d'Adam, elle s'envole pour Detroit. Les amoureux sont réunis et heureux, appréciant la compagnie de l'autre, buvant des verres de sang, jouant aux échecs, dansant sur de la musique, et conduisant dans la ville la nuit. Peu de temps après, la sœur d'Eve, Ava, arrive de Los Angeles et brise l'isolement idyllique du couple. Après être sorti un soir, dans un club local, Ava tue Ian, le vidant de son sang et se fait chasser de la maison d'Adam.

    Adam et Eve se débarrassent du corps de Ian dans une usine abandonnée. L'attitude impulsive d'Ava, ainsi qu'un nombre grandissant de fans d'Adam venant sonner chez lui, oblige le couple à revenir en hâte à Tanger. Étant en manque de sang, ils découvrent que leur ami de longue date et mentor Marlowe est tombé malade en raison d'un lot de sang contaminé. Après avoir révélé qu'il a secrètement écrit la plupart des pièces de Shakespeare, il meurt. A court d'argent et en manque de sang, le couple repère un autre couple de jeunes adolescents qui s'embrassent. « Est-ce que nous avons le choix ? » fait remarquer Adam avant qu'ils ne s'approchent du couple avec leurs crocs dehors.

    wikipedia (synopsis développé)


     

    Avec le mythe du vampire, Jim Jarmusch peut projeter sa solitude noctambule et dandy, mais aussi gagner en suspense : ses héros sont assoiffés de sang, ­selon les codes du genre. Elle, c’est Tilda Swinton, plus égérie que jamais. Lui (Tom Hiddleston) vit reclus au ­milieu de ses guitares de collection. Ils sont tellement civilisés qu’ils se fournissent en hémoglobine dans les stocks hospitaliers, autant que possible…

    Jarmusch répond donc à Twilight (la saga blockbuster) ou à True Blood (la série télé) en redonnant aux vampires un cachet littéraire. Ses personnages ont croisé Shakespeare, Schubert, Einstein… Comment vivre quand on a déjà eu plusieurs vies ? Telle est l’interrogation qui hante leurs voyages immobiles ou transatlantiques — Jarmusch, ex-prince de l’avant-garde new-yorkaise, se posait déjà la question dans Broken Flowers. Mais les balades des deux héros dans Tanger et Detroit, ville fantôme, célèbrent aussi la transformation inéluctable des choses. Et disent la beauté des ruines, viviers de nouveauté en sommeil.

    L’autre antidote au désenchantement, c’est l’idéal du couple. Regarder passer les époques à deux, depuis le balcon de leur bizarrerie, voilà le hobby préféré des « seuls amants restés en vie », comme dit le titre. Mais attention, le grand amour selon Jim, ­vécu en partie à distance, est anticonformiste. Il peut et doit se régénérer par l’accident, la transgression. A cet égard, Jarmusch, qui prend toujours son temps, nous réserve le plus saignant pour la fin.

    Louis Guichard, Télérama


    Mal accueilli au dernier Festival de Cannes, Only lovers left alive est un échec sur toute la ligne. La première raison de cet échec réside sans aucun doute dans le fait que Jim Jarmusch n'a pas pris la peine d'écrire une histoire pour ses personnages appelés Adam et Eve. Le réalisateur américain s'est contenté de créer un univers plutôt underground. En effet, les personnages ont beau être âgés de plusieurs siècles, le réalisateur ne s'embarrasse pas de leur passé et ne nous livrera jamais le moindre élément sur Adam et Eve. Ainsi, on ne saura jamais pourquoi ils vivent dans deux pays différents alors qu'ils sont éperdument amoureux l'un de l'autre. On ne saura jamais ce qui s'est passé il y a 87 ans à Paris avec Ava, la sœur d'Eve. Sans intrigue, le film est une longue errance qui se transforme rapidement en une longue agonie pour le spectateur.

    Les vampires de Jarmusch reprennent la figure classique du vampire. Ainsi, Adam et Eve sont des vampires aristocrates qui se complaisent dans la beauté de l'art et qui méprisent l'espèce humaine qu'ils surnomment « les zombies ». Afin d'accentuer l'attitude bobo de ses vampires, le réalisateur a choisi de les alimenter sans passer par le meurtre. Jarmusch propose donc une vision très pessimiste de l'espèce humaine. L'homme apparaît comme un être inintéressant et en pleine perdition qui évolue dans une société qui court à sa perte. L'homme apparaît également comme une menace pour les vampires mais aussi pour eux-mêmes. Ainsi, Adam est terrifié à l'idée d'être connu et reconnu. Il ne supporte pas que des jeunes, admirateurs de sa musique viennent frapper à sa porte pour le rencontrer. De plus, les rares humains dont il est question se mettent en danger ou mettent les autres en danger. C'est le cas d'Ian qui n'écoute pas les conseils d'Adam et qui sera bu par Ava. C'est également le cas des vendeurs de drogue dans les rues de Tanger ou encore de Kit, qui est en fait Christopher Marlowe qui aurait écrit la plupart des pièces de William Shakespeare. Enfin, le sang des hommes est potentiellement dangereux pour les vampires, comme en témoigne la mort de Kit, intoxiqué par du sang contaminé. Bref, les êtres humains sont peu reluisants. Afin de se préserver, Adam et Eve évitent au maximum le contact avec les hommes et mettent en pratique la doctrine « pour vivre heureux, vivons cachés ».

    On comprend aisément que Jarmusch prenne du plaisir à filmer l'errance mais cela ne justifie en rien l'ennui que provoque son film. On sait que Jim Jarmusch aime la musique et en particulier la musique rock et il n'hésite pas à dévoiler sa playlist du moment dès que l'occasion se présente. Utilisée à outrance, on finit par se lasser. Enfin, on ne parvient à comprendre où le réalisateur veut en venir. Le sang fait ici clairement allusion à la drogue. Ainsi, à chaque prise, les personnages sont en pleine extase. Le manque les affaiblit et les pousse à convertir un couple en vampires. Faut-il y voir une réflexion sur la drogue ? Sur notre société moderne ? Un élément de réponse est donné à la fin du film mais ne parvient pas à convaincre. Ainsi, les personnages discutent du manque d'eau qui ne va pas tarder à toucher l'humanité. Faut-il y voir une critique sur notre société de consommation qui détruit tout sur son passage ?

    erin, www.odysseeducinema.fr


     

     Entre Detroit et Tanger, l’amour multiséculaire et les errances d’un couple de vampires dandy, comme une réflexion mélancolique sur le déclin de l’humanité... Un Jarmusch envoûtant avec un duo magistral, Tilda Swinton et Tom Hiddleston, en couple éternel qui regarde les hommes tomber...

    À Detroit, Adam, vampire et rocker glam désenchanté, sombre dans le désespoir et songe à se suicider. Intuitivement alertée par son état malgré les milliers de kilomètres qui les sépare, Eve, son amour depuis des siècles, longue silhouette se glissant la nuit dans les ruelles de Tanger, prend aussitôt l’avion pour le sauver. Une fois encore, les amants se retrouvent avec la même évidence. Mais Ava, l’épuisante sœur cadette d’Eve, tout aussi vampire, vient les perturber.

    Anges noirs vagabonds
    Dans ce film de vampires qui néglige, avec une feinte désinvolture, les codes du genre, Jim Jarmusch met en scène une histoire d’amour absolu et d’immortel désir, sur fond – et fin – de monde gangrené par un capitalisme dévoyé. Anges noirs vagabonds, unis par les liens du sang, qu’en héros raffinés ils prennent soin d’acquérir dans des centres hospitaliers, Adam et Eve, esthètes dans l’âme, traversent les siècles avec une sombre élégance. Ils déambulent la nuit dans deux cités fantomatiques : Detroit, l’industrieuse assassinée, et la mystérieuse Tanger, filmées l’une et l’autre avec une grâce inouïe. Lui, nostalgique assumé, est harassé de se survivre, retranché dans sa maison envahie de guitares électriques et de sofas sans âge. Elle, avec une classe impériale, s’emploie à le sauver en douceur : au fil des siècles, on apprend à se connaître... En couple éternel qui regarde les hommes tomber, Tilda Swinton et Tom Hiddleston composent un duo magistral. Pourquoi continuer à vivre ? Pour aimer, souffle encore le romantique Jarmusch, qui signe une réflexion mélancolique sur le déclin de l’humanité d’une inoubliable beauté.

    Arte

     Film d'atmosphère : la photo et la bande-son sont très soignées. On se laisse porter par l'étrangeté du thème, si l'on veut bien faire abstraction de tout réalisme, en particulier les scènes tournées à Tanger, tournées dans des ruelles de nuit, entre onirisme et cauchemar. Vu en mai 2018 (Arte) (Marianne)

     

     

      

     

     


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  • The immigrant
    The immigrant

    Drame, romance (Etats-Unis, 2013, 120 min)

    Réalisateur : James Gray

    Scénario : James Gray et Ric Menello

    Musique : Christopher Spelman

    Photographie : Darius Khondji

    Montage : John Axelrad

    Décors : Happy Massee

    Direction artistique : Pete Zumba

    Production : James Gray, Anthony Katagas, Greg Shapiro, Christopher Woodrow

    Producteurs délégués : Maria Cestone, Molly Conners, Vincent Maraval, Agnès Mentre, Hoyt David Morgan, Sarah Johnson Redlich

    Sociétés de production : Worldview Entertainment, Kingsgate Films, Keep Your Head

    Productions Distribution : Wild Bunch (France), The Weinstein Company (Etats-Unis)

    Avec : Marion Cotillard : Ewa Cybulska, Joaquin Phoenix : Bruno Weiss, Jeremy Renner : Orlando le magicien / Emil, Dagmara Dominczyk : Belva, Jicky Schnee : Clara, Elena Solovey : Rosie Hertz, Maja Wampuszyc : Edyta Bistricky,  Ilia Volok : Wojtek Bistricky/span>

     

     

    Synopsis :  

    Arrivée en 1920 de Katowice, en Pologne, avec sa sœur malade, Ewa veut partager le rêve américain. À l'arrivée à New York sa sœur est placée en quarantaine à Ellis Island car elle est atteinte de tuberculose. Ewa ne pense qu'à aller la rechercher. Pour réunir l'argent nécessaire, elle accepte de travailler pour un homme (Bruno) qui semble disposé à l'aider alors qu'il a tout manigancé après avoir repéré sa beauté, elle ne réalise que peu à peu que sous couvert d'une minable troupe de cabaret, Bruno est un proxénète qui va la faire travailler tout en tombant amoureux d'elle. Ewa va tout accepter pour réunir la somme nécessaire à la sortie de sa sœur.

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Le visage d'une femme. Dans cette église où elle s'est réfugiée pour s'abandon­ner, enfin, au chagrin, James Gray filme ­Marion Cotillard comme une héroïne de tragédie, accueillant soudain en elle une grâce qu'elle n'espère plus... Les Deux ­Orphelines : on y pense, bien sûr, en voyant débarquer ces deux jeunes Polonaises, au début des années 1920, dans une Amérique que les immigrés rêvent encore ­en Terre promise. Magda, la cadette, soup­çonnée d'être tuberculeuse, est aussitôt mise en quarantaine. Ewa veut la délivrer avant leur expulsion et devient vite la victime d'un proxénète (Joaquin Phoenix, plus sobre qu'à l'ordinaire), tout droit sorti d'un roman russe du xixe siècle, fondé sur la faute et le remords. C'est exactement ce qu'il éprouve devant cette femme qui lui résiste : plus Ewa s'abaisse, plus elle se purifie, plus elle s'élève. Plus elle s'éloigne de lui, plus il découvre, dans la passion qu'il lui voue, le sacrifice et le don de soi...

    James Gray transforme le New York du début du xxe siècle en décor d'opéra ocre et sombre. Ellis Island, lieu d'espoir des immigrés, devient un château maléfique à la Dumas, alors que les ruelles grouillantes de la ville évoquent le réalisme poétique de L'Opéra de quat' sous... Toute cette noirceur est bousculée, niée par la lumière que dégage Ewa, qui résiste à l'infamie. C'est une guerrière devant laquelle le mal s'efface, interloqué. — Pierre Murat, Télérama

     

    Film étrange : si l'intérêt historique de voir de quelle manière les immigrnats étaient accueillis à New York après la 1ère guerre mondiale sur Ellis Island ne fait pas de doute, en revanche, les premiers pas dans New York de l'héroïne polonaise interprétée par Marion Cotillard ne sont pas convaincants. Marion Cotillard est affublée d'un curieux accent qui sonne faux, le traitement des rapports entre les personnages est plutôt baclé. Quelques jolies scènes néanmoins sauvent  le film, tels ce surprenant numéro de magicien présenté aux immigrants reclus sur la fameuse île (Jeremy Renner). Joaquim Phoenix s'en tire pas mal non plus. Le jeu d'actrice de Marion Cotillard, décevant, ne souffre pas la comparaison. Vu en mai 2018 (Netflix) (Marianne)

     

     

      

     

     


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  • Fatima
    Fatima

    Drame social (France, 2014, 83 min)

    Réalisateur : Marianne Tardieu

    Avec : Soria Zeroual : Fatima, Zita Hanrot : Nesrine, Kenza Noah Aïche : Souad, Chawki Amari : le père, Dalila Bencherif : Leila, Edith Saulnier : Séverine, Corinne Duchesne : la propriétaire de l'appartement, Zakaria Ali-Mehidi : Sélim

     

     

    Synopsis :  

    Quittée par son mari, Fatima fait ce qu'elle peut pour élever ses deux filles, très différentes. Alors qu'elle a du mal à maîtriser le français, ses enfants parlent à peine l'arabe. Si son aînée, qui s'apprête à entrer en fac de médecine, la respecte, un fossé s'est creusé entre Fatima et sa cadette Souad, 15 ans, pas tendre avec elle. Fatima accumule les heures de ménage pour un salaire minuscule. Jalousée par ses voisines qui lui envient l'ambition de sa fille, elle fait des heures supplémentaires chez une bourgeoise condescendante. Très fatiguée, Fatima chute dans un escalier. En arrêt de travail, elle couche ses espoirs et frustrations sur papier...

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Fatima est le portrait d’une femme de ménage d’origine marocaine, prête à tous les sacrifices pour offrir à ses filles les études dont elle a été privée. Une chronique aussi solaire et tendre que La Désintégration, le précédent film de Philippe Faucon sur trois jeunes musulmans basculant dans le terrorisme, était sombre et âpre.

    Fatima, quadragénaire née au bled, fait partie de ces individus « invisibles » que la société ignore, alors qu’ils lui sont indispensables. Les cadrages épurés du cinéaste, son utilisation de la profondeur de champ soulignent la solitude de cette mère courageuse, écartée du monde en raison de son foulard, de son travail ingrat, qui la contraint à vivre en horaires décalés. Et, surtout, de son ignorance du français.

    Comment Fatima pourra-t-elle surmonter la barrière d’une langue qui, en plus de la handicaper dans sa vie quotidienne, la coupe de ses propres enfants ? C’est l’enjeu dramatique de ce mélo social, débarrassé de tout pathos, où la gravité n’exclut pas l’humour — euphorisantes scènes de drague entre ados, qui rappellent que Philippe Faucon est l’un des cinéastes les plus doués pour saisir la fougue et les indécisions de la jeunesse. Du beau visage las de Soria Zeroual, superbe interprète de Fatima, émanent une délicatesse, une humanité qui illuminent le film.

    (Samuel Douhaire, Télérama)

     

    Vu en mars 2018 (Arte) 

     

     

      

     

     


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  • Qui vive
    Qui vive

    Drame social (France, 2014, 83 min)

    Réalisateur : Marianne Tardieu

    Acteurs : Alexis Loret, Adèle Exarchopoulos, Reda Kateb, Rashid Debbouze, Serge Renko

     

     

    Synopsis :  

    Retourné vivre chez ses parents, Chérif, la trentaine, peine à décrocher le concours d’infirmier. En attendant, il travaille comme vigile. Il réussit malgré tout les écrits de son concours et rencontre une fille qui lui plaît, Jenny… Mais au centre commercial où il travaille, il perd pied face à une bande d'adolescents désoeuvrés qui le harcèlent. Pour se débarrasser d'eux, il accepte de rencarder un pote sur les livraisons du magasin. En l'espace d'une nuit, la vie de Chérif bascule...

     

    Dans la presse et au fil des blogs...

    Déterminisme au cœur de la cité, avec l’impeccable Reda Kateb, dans un premier film de Marianne Tardieu, qui s’accorde aux tendances du cinéma naturaliste français, en abordant le thème du harcèlement.

    Il faut casser le déterminisme. Témoin d’Aubervilliers où elle demeure, de l’inertie des pouvoirs publics dans les grands ensembles urbains où la jeunesse est désespérément laissée à elle-même, Marianne Tardieu réalise pour son premier long une œuvre qui lui tient à visiblement à cœur. Cette ancienne chef opératrice a passé des années sur ce projet qui s’inscrit dans un naturalisme urbain qui convoque le cadre d’un cinéma français du bitume. Sans partager l’optimisme et l’exubérance de La Cité rose où l’on évoquait les aléas de vivre en banlieue, dans une diversité tonique, elle revient également sur cette tentation qu’ont certains de vouloir échapper au conformisme de l’errance de quartier, tout en essayant d’y garder la tête haute, alors que l’étiquette de "boloss" vient vite peser sur celui qui regarde un peu trop ailleurs.
    Le personnage de Chérif, incarné par Reda Kateb, moins dur qu’à l’accoutumée, commute, espère devenir infirmier, comme dans Hippocrate, rêve de l’amour aux côté de l’épanouissante Adèle Exarchopoulos, que l’on retrouve enfin un an après La Vie d’Adèle. Une romance rattrapée par une réalité de pression de quartier, le harcèlement insupportable que subit le personnage de Chérif (Ketab), dont l’évolution ne convainc qu’à moitié... 
    La réalisatrice pose ses personnages entre figures un peu figées et ambiguïtés essentielles pour attirer l’adhésion du spectateur, mais les maladresses de ton du film et les contingences propres à ce type de petites productions en diminuent l’intérêt dans une deuxième partie bancale. Reste des acteurs aux regards déterminants, et l’on comprend alors la sélection dans l’exigeante section ACID du Festival de Cannes 2014, qui chaque année nous fait découvrir des artistes au discours social pertinent dans leur sensibilité et leur force de persuasion.

     (blog : avoir-alire.com)

     

    Vu le 27 avril 2017 (TV, TNT- Numéro 23) 

     

     

      

     

     


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