• Roman

    Les délices de Tokyo / Durian Sukegawa

    traduit du japonais par Myriam Dartois-Akoet Isabelle Perrin.- Editions Albin Michel, 2016

     

     

     

     

     

     

     

    « Écouter la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges dont sont fourrés les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d'embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu'elle lui a fait partager.

    Magnifiquement adapté à l'écran par la cinéaste Naomi Kawase, le roman de Durian Sukegawa est une ode à la cuisine et à la vie. Poignant, poétique, sensuel : un régal.

    (présentation de l'éditeur)

     

     lu en janvier 2017 (emprunt médiathèque de lecture publique Françoise Giroud, Labarthe sur Lèze)

    Le récit débute comme un conte qui va prendre le lecteur par la main pour l'emmener vers une forme de sagesse où l'on explore les raisons qui donnent un sens à l'existence, à travers des personnages malmenés par les événements, exclus de la société et cherchant, chacun à leur façon des raisons d'espérer, de rêver, d'aimer. L'un a connu l'univers carcéral et se rachète une conduite en tenant un commerce de restauration, l'autre à vécu plus de 50 ans dans un monde hermétiquement clos, mise au ban de la société pour une raison que l'on découvrira au fil du roman, la troisième est une adolescente perdue entre une mère prositutée et un père absent. Tous partagent une extrême sensibilité et une pudeur qui ne les empêchera pas de se rapprocher autour d'une fameuse pâtisserie japonaise.

    Alors on apprend à écouter la nature, le vent dans les arbres, à observer le léger mouvement des cerisiers en fleur, compagnons de solitude vers l'universelle condition humaine.

     

     

     


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    The Revenant

    The revenant

    Film d'aventure, drame, Western (Etats-Unis, 2016, 156 min)

    Réalisation :  Alejandro González Iñárritu

    Scénario : Alejandro González Iñárritu, Mark L. Smithy, d'après Le Revenant de Michael Punke

    Musique : Ryuichi Sakamoto, Alva Noto et Bryce Dessner

    Avec... Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter, Fabrice Adde

    Production : New Regency Pictures, Anonymous Content, RatPac Entertainment

    Distribution :  20th Century Fox

     

    Synopsis :  

    Au début du XIXe siècle, Hugh Glass, accompagné par son fils, un Indien métisse, guide des trappeurs. Le convoi est attaqué par des Indiens et tente de leur échapper par les montagnes. Grièvement blessé par un ours, Glass est confié à John Fitzgerald, qui le déteste, et au jeune et innocent Jim Bridger. Fitzgerald tue le fils de Glass, ment à Bridger et le convainc d'enterrer le trappeur. Mais Glass parvient à s'extirper de sa tombe, bien décidé à retrouver celui qui lui a enlevé son fils. Affaibli par ses blessures, il peut compter sur sa soif de vengeance pour parcourir les 300 kilomètres qui le séparent de son pire ennemi...

     

    Dans la presse... 

    « Nous sommes tous des sauvages. » Voilà ce qu'on peut lire sur un écriteau accroché au cou d'un pendu, au milieu du film. C'est une jungle glacée que filme Alejandro González Iñárritu. Le héros (Leonardo DiCaprio), un trappeur grièvement blessé et dramatiquement seul, y lutte à chaque instant pour sa survie. Tout lui est hostile et vio-lent : le froid hivernal du Nord-Ouest américain, les Indiens, les bêtes, et même ses anciens coéquipiers, dont certains l'ont trahi et abandonné. Il ne songe plus qu'à se venger. Les faits historiques, situés autour de 1820, ont déjà inspiré Le Convoi sauvage, de Richard Sarafian (1971). Sous la direction du réalisateur mexicain le plus en vue à Hollywood (oscarisé l'an dernier), l'épopée perd son classicisme au profit d'une démesure baroque. Iñárritu, habilement, élabore un grand mixte avec le gigantisme des paysages enneigés, les images mentales qui traversent le cerveau du trappeur supplicié, les effusions de violence et la contemplation méditative. Tout comme il opère la synthèse entre le cinéma d'auteur symboliste (Terrence Malick, dont son chef opérateur importe le style) et le cinéma de genre dernier cri : The Revenant est, dans le jargon industriel, un « survival », un film de survie extrême. Dans ce foisonnement, s'imposent des visions de terreur, qui parlent d'abord du rapport entre l'humanité et l'animalité. Une ourse attaque et mutile le trappeur au début de l'histoire : elle paraît non seulement l'agresser, mais littéralement le violer. L'homme qu'il devient ensuite a tout d'un être hybride, fruit de ce viol. Une créature sans mots (la gorge abîmée), grognante, presque rampante, couverte de peaux animales, dont la barbe et les cheveux se confondent avec la fourrure. Plus tard, après une attaque des Indiens, le héros, frigorifié, évide le corps d'un cheval tout juste tué et s'engouffre dans la chaleur de sa carcasse. Il en ressort au matin, nu et ensanglanté, mi-poulain, mi-nourrisson. Ces hybridations monstrueuses pourraient bien relever de l'obsession chez un cinéaste dont le premier film, Amours chiennes, identifiait des dresseurs à leurs bêtes, et le dernier, Birdman, fusionnait un homme et un oiseau. Le fil conducteur, autant que la souffrance est, plus que jamais, la performance — clé de l'oeuvre d'Iñárritu. Il y a une folie hollywoodienne, captivante en soi, dans cette succession d'épreuves inhumaines, qui sont autant de défis lancés à tous : réalisateur, techniciens, comédiens et spectateurs. Vu ce contexte paroxystique, l'adresse fabuleuse de Leonardo DiCaprio, en pur acteur de cinéma, consiste à soustraire. Son exploit à lui est de n'en faire jamais trop. Sous l'hyperréalisme de ses oripeaux, il reste une figure spectrale, un énigmatique mort-vivant. Contrairement aux derniers Tarantino, The Revenant redonne à la vengeance toute son ampleur tragique. Tant qu'elle demeure l'horizon lointain du héros, elle le maintient en vie, alors qu'il devrait mourir cent fois. Mais dès qu'elle devient réalité, le justicier paraît se désarticuler, il ressemble à un simple amas de cellules sans nécessité. Aucune joie ni satisfaction dans cet assouvissement. Le film est accompli aussi en ce sens : le regard que le survivant nous lance en bout de course, hagard et sans défense, laisse entrevoir, enfin, un au-delà de la sauvagerie. — Louis Guichard (Télérama, février 2016)

     

     

     

     Vu le 7 janvier 2017 (collection personnelle) 

     

     

      

     

     


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    Invincible

    Invincible

    Film de guerre, drame (Etats-Unis -titre original : Unbroken, 2015, 137 min)

    Réalisation : Angelina Jolie

    Scénario : Joel et Ethan Coen, Richard LaGravenese et William Nicholson ( Le scénario est basé sur le livre Unbroken: A World War II Story of Survival, Resilience, and Redemption (2010) de Laura Hillenbrand)

    Musique : Coldplay

     

    Avec... Jack O'Connell, Domhnall Gleeson, Garrett Hedlund, Alex Russell, Jai Courtney, Miyavi

    Production : Legendary Pictures, Jolie Pas, 3 Arts Entertainment, Walden Media

    Distribution :  Universal Pictures International France

     

    Synopsis :  

    L'incroyable destin du coureur olympique et héros de la Seconde Guerre mondiale Louis "Louie" Zamperini dont l'avion s'est écrasé en mer en 1942, tuant huit membres de l'équipage et laissant les trois rescapés sur un canot de sauvetage où deux d'entre eux survécurent 47 jours durant, avant d'être capturés par la marine japonaise et envoyés dans un camp de prisonniers de guerre.

     

    Dans la presse... 

    "Angelina Jolie s'était aventurée sur le terrain guerrier en 2011 avec Au pays du sang et du miel, son premier film en tant que réalisatrice, qui traitait de la guerre en Yougoslavie. Elle récidive avec Invincible, l'histoire vraie (précision lourdement spécifiée au début du film) de Louis Zamperini, médaillé de bronze du 5 000 m aux JO de 1936 qui vit un calvaire pendant la Seconde guerre mondiale, depuis ses 47 jours de dérive dans le Pacifique à bord d'un canot de sauvetage jusqu'aux tortures infligées par un caporal japonais dans différents camps de prisonniers GI.

    A la fois biopic et survival movie, Invincible s'ouvre sur une bataille aérienne visuellement impressionnante. Las, les choses se gâtent très vite. Totalement accaparée à reconstruire chaque étape du "miracle" Zamperini, Angelina Jolie fait de son film un long chemin de croix de 2h15, où l'acteur principal (Jack O'Connell, une des têtes brûlées de la série Skins) subit toutes formes d'humiliations et de sévices. On a connu les frères Coen, scénaristes du film, nettement plus inspirés. Soldat martyr La mise en scène d'Angelina Jolie choisit de montrer, sous toutes les coutures, la souffrance de son increvable héros, au point de mettre le public mal à l'aise (six personnes sont parties de la salle où j'étais). Son corps porte les stigmates des épreuves qu'il traverse : visage brûlé par le soleil, extrême maigreur, nez et cheville cassés, oreille meurtrie, etc. Louis Zamperini, dont la piété est évoquée à plusieurs reprises, est portraitisé en soldat-Jésus-Christ. Un symbolisme qui confine au ridicule avec la scène dans laquelle il est sommé de porter indéfiniment une planche à bout de bras, position dont l'ombre portée reproduit la Crucifixion de Jésus.

    C'est peu dire qu'Angelina Jolie ne fait pas dans la dentelle, là où un sujet aussi sensible que la guerre du Pacifique mériterait une approche plus complexe de la situation. Les scènes impliquant Zamperini et le caporal Watanabe sont un monument de manichéisme, pour ne pas dire de racisme antijaponais, qu'Angelina Jolie tente d'étoffer avec une lecture psychologisante du sadisme du bourreau : il ferait ça pour être aussi fort que papa. Sans rire. A-t-on déjà vu un film de guerre traitant la violence avec autant de complaisance, sans le moindre recul ? La guerre, ce fabuleux spectacle... Derrière la littéralité du scénario d'Invicible se cache une ambition à mes yeux plus regrettable. On ne saurait reprocher par principe à Angelina Jolie, icône glamour et maternelle, de s'attaquer à un film de guerre. L'exemple Kathryn Bigelow nous a montré que les femmes aussi pouvaient filmer les conflits avec brio et intelligence. Mais Angelina Jolie semble davantage attirée par l'aspect spectaculaire et romanesque de la guerre que par sa dimension monstrueuse. Son premier film rejouait Roméo et Juliette en Yougoslavie, son second délocalise le Nouveau testament dans le Pacifique. A croire que pour elle, la guerre se résume à de bonnes histoires, qu'elle en est même l'une des meilleures pourvoyeuses. On aimerait quand même sentir un peu plus de dépit face à la tragédie chez Angelina Jolie. Moins d'opportunisme. La fin du film trahit cette forme d'inconséquence. Alors qu'on a passé deux heures à souffrir le martyr avec le protagoniste, elle fait un bond de cinquante ans et montre des images du vrai Zamperini, galopant dans une ville japonaise avec la flamme olympique à l'occasion des JO de Nagano. Happy end ! Comme si de rien n'était. Le syndrome du stress post-traumatique est évacué en une phrase, de même que la problématique du pardon. L'important, c'est que les images produisent un choc, et tant pis si le spectateur a l'impression de recevoir une tonne d'eau glacée sur le corps après avoir cramé au soleil pendant tout un après-midi. Une mission réussie à long terme ? Angelina Jolie n'offre pas non plus grand chose de neuf en termes visuels. Invicible est un patchwork de films autrement plus costauds sur les thèmes qu'elle brosse (la force mentale, la camaraderie, la foi...). Les scènes de sport = Les Chariots de feu. La survie au milieu de l'océan = L'Odyssée de Pi. Le sadisme du bourreau = Furyo (ou La Colline des hommes perdus, au choix). Dans le détail, certains "trucs" de mise en scène sont également des emprunts : la crainte d'une exécution qui finit en scène de douche = La Liste de Schindler. Les ombres noires des soldats sur ciel orangé = Valse avec Bachir. Les pieds qui s'affolent dans la boue pour échapper à la mort = Twelve Years a Slave. Angelina Jolie réussit en revanche sur un point : associer cette histoire à sa propre personne, et ainsi construire un peu plus son mythe. Depuis qu'elle a subi une double mastectomie, l'épouse de Brad Pitt est volontiers présentée comme une "battante", voire une "guerrière". Les médias saluent son courage et son engagement au sein du Haut Commissariat aux Réfugiés. Cette image, elle l'entretient avec soin. J'ai été frappée de voir, par exemple, qu'elle avait demandé à une reporter de guerre de faire son portrait pour Vanity Fair, et non une journaliste "classique". Idem pour ses récentes rencontres avec le pape François et la reine Elizabeth (comme par hasard, en pleine promotion pour son film)... Je la préférais, plus délirante et second degré comme actrice dans Maléfique. Mais vilaine, ce n'est pas un projet de carrière. Celle qui se dit prête à entrer en politique ne se fait pas d'illusions : aux Etats-Unis, le cinéma est une arme comme une autre." Ariane Nicolas (Chronique parue dans 'Contre-champ', France-Info)

     

     

     

     Vu le 8 janvier 2017 (prêt amical) 

     

     

      

     

     


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  • Roman

    Un homme très recherché / John Le Carré

    Un homme très recherché

    traduit de l'anglais par Mimi et Isabelle Perrin.- Editions du Seuil, 2008 (titre original : A most wanted man

     

     

     

     

     

     

     

    Issa, jeune musulman russe affamé, arrive clandestinement à Hambourg en pleine nuit, avec autour du cou une bourse renfermant une somme substantielle d’argent liquide et les reliques d’un passé mystérieux. Annabel, jeune avocate idéaliste travaillant pour une association d’aide aux immigrés, se jure de sauver Issa de l’expulsion, au point de faire passer la survie de son client avant sa propre carrière. Tommy Brue, patron sexagénaire d’une banque anglaise en perdition sise à Hambourg, détient les clefs de l’héritage interlope du père d’Issa. Ces trois âmes innocentes forment un triangle amoureux désespéré, sur lequel vont fondre les espions de trois nations différentes, tous résolus à marquer des points pour leur camp dans la guerre avouée contre le terrorisme et la guerre inavouable entre leurs services respectifs. Peuplé de personnages inoubliables, Un homme très recherché fait la part belle à un humour caustique, tout en entretenant une tension croissante jusqu’à une scène finale poignante. Cette œuvre pleine d’une profonde humanité, ancrée dans les turbulences de notre époque où des forces en constante mutation se percutent partout dans le monde, révèle une vision d’ensemble réfléchie, sombre, impressionnante de logique et d’acuité.

    John le Carré est né en 1931. Après des études universitaires à Berne et Oxford, il enseigne à Eton, puis travaille pendant cinq ans pour le Foreign Office. Parmi ses derniers livres parus, La Constance du jardinier a connu un grand succès international et a été adapté à l'écran par Fernando Meirelles. Un homme très recherché est son vingt et unième roman. Il est commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres. (présentation de l'éditeur)

     

     lu en décembre 2016 (emprunt médiathèque de lecture publique Françoise Giroud, Labarthe sur Lèze)

    Dans la lignée de "la Constance du jardinier", un roman qui mêlerait presque roman d'espionnage et comédie romantique. Un récit doux amer sur les questions que posent en Occident la peur du terrorisme islamiste et le sentiment de paranoia qui en découle après les nombreux attentats perpétrés par la nébuleuse djihadiste dans les capitales occidentales durant les décades 1990, 2000 et 2010 (Madrid, Londres, New-York, Paris...)

    Autour d'Issa, personnage principal en clair-obscur, orphelin perdu, russe par son père (il hérite de on père d'un placement financier douteux, le fameux compte Lipizzan, blanchisseuse d'argent 'sale'), tchétchène par sa mère, se raccrochant à la religion de sa mère pour y trouver une ligne de conduite après avoir été terriblement malmené voire torturé par de nombreux séjours en prison (il veut faire des études de médecine pour sauver ses "frères") Annabel et Tommy sont les pièces d'un jeu d'échecs dont ils ne maîtrisent rien -pas plus, semble-t-il que les Services secrets allemands. Et le jouet de l'arbitraire (et des influences souterraines et redoutables des Services secrets américains).

    Le dénouement est, comme souvent chez John Le Carré, brutal, dramatique, décrit dans une écriture composée de phrases sèches et abruptes, contrastant avec le soin méticuleux qu'il apporte à la mise en place de l'intrigue et la description de la psychologie de chaque personnage. Ceux-ci, qui deviennent familiers, semblent subir avec nous les foudres d'un démiurge qui laboure la scène en fin de partie.

     

     

     


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    Timbuktu

    Timbuktu

    Film - drame politique (France, Mauritanie, 2014, 97 min)

    Réalisation : Abderrahmane Sissako

    Scénario : Katell Quillévéré, Mariette Désert

    Musique : Clint Eastwood

     

    Avec... Ibrahim Ahmed dit Pino : Kidane, Toulou Kiki : Satima, Abdel Jafri : Abdelkrim, Fatoumata Diawara : la chanteuse, Hichem Yacoubi : le djihadiste, Layla Walet Mohamed : Toya

    Production : Move movie

    Distribution : Mars films

     

    Synopsis :  

    Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa vache préférée. Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…

     

    Dans la presse... 

    " Timbuktu n’était pas le film le plus attendu de la compétition cannoise, pourtant, pour le premier jour de la compétition, il a déjà placé la barre haut. Il appartient à cette catégorie des outsiders, petit par le budget et l’absence de noms en tête d’affiche, mais qui repart grandi de sa sélection où il a su susciter l’engouement des festivaliers, de par sa maîtrise cinématographique et ses propos cruellement d’actualité. Alors que sa structure narrative apparaît sobre et sans artifice, la force du nouveau Abderrahmane Sissako réside principalement dans son discours politique qui fait écho au désarroi d’une partie de l’Afrique, visée par l’intégrisme islamiste.

    Le cinéaste a posé sa caméra au Mali, plus précisément à Tombouctou (comme le titre l’indique), pour filmer l’horreur de l’obscurantisme religieux, et ici particulièrement les atteintes aux libertés par la police islamique, qui s’est emparé de la ville. Elle circule donc le jour et la nuit, propageant des menaces à l’aide d’un mégaphone, et rappelant les « règles » à respecter dans la ville : les femmes doivent porter des gants noirs, des chaussettes, le football est interdit, la musique aussi, et il est strictement interdit de flâner dans les rues. Face à ces lois autoritaires qui désavouent les libertés de chacun, les habitants de Tombouctou vivent dans la terreur, privés de tout accès à la culture, au savoir... C’est cette atteinte aux droits de l’Homme, la violence qu’elle génère et l’absurdité des situations endurées par les habitants de la ville qu’Abderrahmane Sissako dénonce avec justesse, tout en évitant de tomber dans un manichéisme grossier ; il nuance et humanise ses personnages, allant même jusqu’à introduire quelques notes d’humour dans un contexte lourd en conséquences. Cela permet à Timbuktu de trouver le parfait équilibre pour éviter le pathos alors que le fond grave et préoccupant se traduit aussi par quelques scènes dures et glaçantes.

    Le cinéaste appose une douceur éphémère (les relations familiales, par exemple) avec une violence brute (les arrestations, les exécutions). Pour cela, Sissako s’est inspiré de faits divers maliens violents, parfois passés inaperçus, qu’il dénonce à travers sa caméra témoin d’un tiers-monde en déliquescence. La mise en scène fine et juste d’Abderrahmane Sissako, qui cadre habilement ses sujets et déploie un dispositif technique judicieux (le montage image/son et l’emploi de la musique), touche au plus près le public. Cette oeuvre mérite bien les flots d’éloges reçus sur la Croisette. Il provoquera sans nul doute émoi et indignation chez le spectateur qui se doit, autant par citoyenneté que par cinéphilie, de découvrir ce formidable message d’alerte. Ce film politique volontaire et combatif, symbole de la lutte contre l’extrémisme religieux, a brillamment ouvert les festivités cannoises aux côtés de Mr. Turner de Mike Leigh." Franck Nouchi (blog avoir alire.com)

     

     

     

     Vu le 4 décembre 2016 (France télévision, France 4) 

     

     

      

     

     


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