• Roman d'anticipation

    1984 / George Orwell

    1984

    [titre original : Nineteen Eighty-Four] traduit par Amélie Audiberti Editions Gallimard, collection Folio, 1950

     

     

     

     

     

     

     

    " De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée. "

    présentation de l'éditeur


     

    ANALYSE

    ‘1984’, publié en 1949, est le plus célèbre roman de George Orwell avec ‘La Ferme des Animaux’ ; ils figurent d’ailleurs tous deux dans la liste des cent meilleurs romans et nouvelles de langue anglaise de 1923 à nos jours (magazine Time).

    George Orwell, profondément de gauche, écrit ‘1984’ – communément considéré comme une référence du roman d’anticipation – juste après le Seconde Guerre Mondiale. Parabole du despotisme moderne, le roman est très clairement inspiré du régime soviétique. Il emprunte au nazisme, au stalinisme et au fascisme.

    Sa portée symbolique dans l’immédiate après-guerre justifie son succès et est l’enjeu d’une terrible bataille idéologique.

    L’histoire, qui se situe à Londres en 1984 (d’où le titre), décrit un monde en guerre régi par trois puissances : l’Océania , l’Eurasia et l’Estasia. L’Océania – comprenant les Amériques, les îles de l’Atlantique dont les îles Anglo-Celtes, l’Océanie et l’Afrique australe – est un Etat totalitaire dirigé par Big Brother, qui est l’objet de culte de la personnalité. Omniprésent sur les affiches propagandistes et les « télécrans » – à la fois un système de télévision qui diffuse en permanence les messages de propagande du « Parti », et de vidéo-surveillance –, il n’apparaît jamais en personne et est représenté par le visage d’un homme d’environ 45 ans, moustachu dans une expression qui se veut à la fois rassurante et sévère. Son image donne l’impression à quiconque la regarde qu’il vous épie et vous suit du regard où que vous vous trouviez, d’où la maxime officielle « Big Brother is watching you » (« Le Grand Frère vous regarde ») aujourd’hui connue de tous.

    Bien que très importante, la principale activité de Big Brother n’est pourtant pas de surveiller la population, mais de faire réécrire l’histoire en permanence afin qu’elle corresponde aux desseins du « Parti ». Winston Smith, 39 ans et personnage principal du roman, officie en ce sens au sein du commissariat des archives (« Commarch » en novlangue, langue du « Parti ») du Ministère de la Vérité (« Miniver » en novlangue). En revanche, son travail ne lui plaît guère, car – contrairement à la majorité de la population – il ne réussit à opérer cette amnésie collective et n’est dès lors en mesure d’adhérer à ce parti tyrannique et mensonger.

    Accablé par le doute et la solitude, Winston Smith va écrire son journal intime en cachette du télécran par peur d’être traqué par la « Police de la Pensée », une redoutable organisation de répression. Comment en effet ne pas douter lorsque vous êtes constamment surveillé et matraqué de slogans despotiques tels que « la guerre c’est la paix », « la liberté c’est l ‘esclavage » ou encore « l’ignorance c’est la force » et que la délation est érigée en principe de vie ?

    Lors des « Deux Minutes de la Haine », moment rituel de la journée durant lequel le peuple est obligé de regarder l’ennemi de « l’Angsoc » (socialisme anglais en novlangue), Emmanuel Goldstein, sur des écrans, Winston Smith rencontre Julia. Il croit tout d’abord qu’elle est une espionne de la « Police de la Pensée », car elle le suit à plusieurs reprises : il souhaite l’éliminer en lui écrasant le crâne avec un pavé… Il changera d’avis lorsqu’il apprendra que cette femme est en fait amoureuse de lui. Naît alors une sulfureuse histoire d’amour entre eux. Ils se retrouvent à l’abri des regards indiscrets dans une mansarde louée dans le quartier des prolétaires, l’amour et toute autre émotion positive étant interdite, car l’individu doit une obéissance fidèle et aveugle à l’Etat uniquement.

    Mais cette belle et passionnée idylle – découverte par un « télécran » caché dans la chambre par le propriétaire Monsieur Charrington – se voit mise à mal par l’arrestation de Winston et Julia par la « Police de la Pensée » qui sont amenés au « Ministère de l’Amour ». Winston y sera torturé et humilié durant un long moment jusqu’à ce qu’il perde toutes ses valeurs morales et soit sincèrement enclin à adhérer à toutes les idées du « Parti », aussi contradictoires soient-elles… Le but du « Parti » étant d’éradiquer toute pensée allant à son encontre, la « rééducation » – sous la torture – de Winston se termine lorsqu’il trahit et renie Julia, la femme qu’il a pourtant profondément aimée. Libéré, Winston n’est plus qu’une épave vide de dignité et de sentiments. Un jour, il croise par hasard Julia qui l’a aussi trahi sous l’emprise des méthodes sadiques de la police. Leur amour ne peut renaître de cette déloyauté réciproque, ils décident alors de ne plus se revoir.

    À la suite du succès du roman, Big Brother est devenu la représentation de l’État policier et de la perte des droits individuels de la population dans la culture populaire anglo-saxonne.

    source : http://www.1984-orwell.fr


    1984, de George Orwell

    Il existe des livres et des auteurs qui resteront gravés dans l’Histoire. L’écrivain britannique George Orwell et son roman 1984, pièce maîtresse de son oeuvre littéraire, en font partie. Ecrit en 1948 par un homme mourrant, 1984 est un des plus grands ouvrages du XXe siècle, c’est certain. Mais il est toujours bon de le faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas.

    George Orwell, de son vrai nom Eric Blair, né en Inde en 1903, fut policier dans son pays, clochard et plongeur dans un restaurant à Paris, combattant au côté des Républicains espagnols en 1936, homme de gauche engagé avec les communistes, speaker à la BBC, maître d’école, employé d’une librairie, journaliste, mais surtout un grand écrivain en son siècle. Farouche défenseur des libertés, il dénonça les crimes communistes et écrit de nombreux romans et essais.

    "La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force." répète le régime de Big Brother en 1984, société la plus totalitaire imaginée en littérature. Orwell, qui a eu pour professeur de Français Aldous Huxley, auteur du Meilleur des Mondes, décrit ici un monde terrifiant, où la Police de la pensée règne. Winston Smith est employé au Commissariat des Archives, dans le ministère de la Vérité, où il falsifie l’Histoire pour ne pas compromettre le pouvoir qui se serait trompé dans le passé. Tout est réécrit : il n’y a plus aucune trace de l’erreur, il n’existe qu’une seule version des faits, celle de Big Brother, dictateur à la grosse moustache noire… Depuis des années, on mène une guerre sans fin et patriotique au bout du monde, la pensée est contrôlée, les opposants sont torturés par le ministère de l’Amour qui détruit leur mémoire et leur existence, la propagande s’affiche quotidiennement, et, partout, "Big Brother" nous regarde. Dans une société où l’Humain et ses sentiments ont été éliminés, Winston recherche l’amour et la liberté. Il se met à écrire secrètement dans son carnet, parmi des êtres totalement asservis.

    George Orwell, qui s’emploie à dénoncer les régimes totalitaires de son époque et ceux qui les suivront en exemples, écrit une histoire assez simple au premier abord, celle de Winston et de cette société. Mais ce chef d’oeuvre est beaucoup plus qu’une simple critique : c’est une réflexion en profondeur sur le totalitarisme, la liberté, la pensée et l’humain. Roman de science-fiction ou thèse politique, 1984 nous montre que personne n’est à l’abris du contrôle de la pensée, même Winston qui, pourtant, y est symbole de la révolution contre la dictature… Orwell, écrivant avec violence des passages sur la torture et les pires sentiments humains, ne tombe pas dans le simplisme mais étudie le phénomène totalitaire. Que dire de ces personnages, Syme, qui restreint Staline_3le vocabulaire pour créer le "Novlangue" afin de limiter la pensée, ou Parson, esclave du Parti, qui se fait dénoncer par sa fille et en est tout de même fier, si ce n’est y trouver un terrible – mais réaliste – parallèle avec tous ceux dont la pensée libre a été supprimée au point de les anéantir humainement ?

    1984 est finalement un miroir de l’Homme et de ses pensées les plus dangereuses. George Orwell a réussi à mêler dans son récit à la fois une intrigue bien menée et une véritable réflexion (à gauche, comme tous les essais de l’écrivain, mais 1984 dépasse évidemment les clivages politiques). Nous avons là la description détaillée de Londres imaginée en ruines, où le regard de Big Brother (à propos, qu’en aurait pensé Staline à la lecture de l’ouvrage ? …) est omniprésent, dominée par les ministères de l’Amour (respect de la loi), de la Vérité (information), de la paix (la guerre). Le roman d’Orwell pose aussi la question de la liberté et de la conscience morale – de la responsabilité : comment ne pas douter du bien-fondé d’une société fondée sur la terreur, la délation et le mensonge, en particulier lorsqu’on participe personnellement à l’élimination systématique de toute pensée autre qu’officielle ? Publié en pleine guerre froide, 1984 est forcément un grand livre (par sa portée philosophique et la personnalité de son auteur), qui a osé traiter d’un sujet épineux mais à qu’on ne pouvait ignorer à l’époque, le totalitarisme et la métamorphose des "révolutions" en systèmes despotiques. On accusa Orwell d’anticommunisme et utilisa (après sa mort) son livre aux Etats-Unis contre l’URSS. Alors qu’il n’était jamais rentré en Union soviétique, il avait réussi à décrire le quotidien des cadres du Parti, d’après certains concernés… 1984 n’est pas une vision terrifiante de l’avenir politique (et humain) du monde, mais un condensé (personnalisation du pouvoir, propagande, violence…) de toutes les idées totalitaires qu’ont acceptées nombre de personnes au nom de la "révolution".

    Roman très sombre et pessimiste (Orwell n’était sans doute pas confiant en l’avenir en 1948…), 1984 dépassera toutes les époques, car jamais un livre n’a autant démontré que l’Homme est dangereux pour lui-même par ses actes et sa pensée. C’est un rappel à chaque génération que la liberté de la pensée reste pour une société démocratique la première obligation. La littérature, avec ce livre et cet auteur en références entre autres bien sûr, s’est emparée de l’engagement pour la force de la pensée. (Image : affiche de propagande, 1937, Collection David King)

    source : http://pitou.blog.lemonde.fr

     

     lu en février 2017 (prêté par Matthieu Tonneau)

     

     

      

     

     


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    Les démineurs

    Les démineurs

    Film dramatique USA, 2009, 104 min), titre original : The Hurt Locker

    Réalisation :  Kathryn Bigelow

    Scénario : Mark Boal

    Musique : Marco Beltrami, Buck Sanders

    Photo : Revan Radween

    Montage : Thomas Bachmann

    Avec... Jeremy Renner, Anthony Mackie, Brian Geraghty, Guy Pearce, Ralph Fiennes, David Morse, Evangeline Lilly, Christopher Sayegh...

    Producteurs : Kathryn Bigelow, Mark Boal, Nicolas Chartier, Greg Shapiro, Donall McCusker, Tony Mark (producteur exécutif)

    Production : First light production, Kingsgate films

    Distribution :  SND

     

    Synopsis :  

    A Bagdad, le sergent-chef James vient d'être nommé à la tête de la meilleure équipe de déminage de l'armée américaine. La mission de ses hommes est l'une des plus dangereuses qui soient : désamorcer des bombes. James surprend deux de ses subordonnés, Sanborn et Eldridge, par ses méthodes peu orthodoxes. Le sous-officier ne semble pas avoir peur de la mort et entraîne ses hommes dans des missions toujours plus dangereuses, sans vraiment se soucier de leur sécurité. Grisé par le danger, James est impossible à canaliser. Lorsque la ville plonge dans le chaos de la guérilla urbaine, la vraie nature de James se révèle. Elle va marquer pour toujours ses subordonnés...

     

    Dans la presse :

    C'est de la pure. Pardon ? Un shoot de pure adrénaline. Montrer la guerre comme une drogue à même de procurer du plaisir, c'est sans doute une première. Explosive. Nous sommes en Irak, à Bagdad, truffé de mines. Une unité spéciale composée de trois soldats américains est chargée de les désamorcer. Mission très dan­gereuse. Pour nous plonger dans le vif du sujet, la réalisatrice nous montre en pleine action celui qu'on imagine être le premier rôle et, boum ! il trépasse. Débarque alors un phénomène, le sergent-chef William James. C'est Jeremy Renner, faux air d'Eminem et de Fassbinder, qui l'inter­prète. Malgré sa mine de nounours, Wil­liam James est une tête brûlée. Qui affole même les deux soldats qui le secondent. Un têtu au sang-froid énorme, capable de blaguer dans son face-à-face avec la mort.

    Le déminage réveille de lointains souvenirs, Un taxi pour Tobrouk, par exemple : du suspense en concentré. Voilà ce qu'offre le film, tendu à l'extrême, offrant peu de répit, le plus souvent suspendu entre vie et mort. Un grain de sable qui tombe, la main qui coupe le mauvais fil et c'est la fin. Le geste est d'autant plus difficile que le démineur est encombré par une lourde combinaison de protection d'au moins 30 kilos. Une tenue un peu grotesque qui le ralentit et lui donne l'air d'un cosmonaute s'étant trompé de planète. Le job exige d'être concentré, minutieux, patient, mais aussi rapide, car la mort, elle, n'attend pas – séquence terrible de compte à rebours avant un attentat-suicide par un Irakien en proie au doute. Démineurs joue ainsi avec nos nerfs en variant les plaisirs.

    Bravant l'hypocrisie, la réalisatrice tend de fait un étrange miroir au spectateur : qu'attend-il du film de guerre, sinon le spectacle de la mort ? L'originalité tient ici à l'absence d'ennemis, de fusillades. La seule scène de combat stricto sensu, au demeurant très forte, a lieu en plein désert, où le sergent-chef James et ses hommes, plantés en haut d'une dune, essuient des tirs, répliquent en visant des ombres à près d'un kilomètre. Et attendent, des heures durant. Sans bouger.

    Si Kathryn Bigelow n'avait pas été cinéaste, elle aurait pu briller en chimie ou en physique. Pressurisation, combustion, déflagration, voilà à quoi la dame la plus « vi­rile » de Hollywood carbure depuis plus de vingt ans. Dans le trip de surfeurs (Point Break), l'addiction aux images (Strange Days), le frisson des abysses en sous-marin (K-19, le piège des profondeurs), elle aime repousser les limites.

    Et les Irakiens ? direz-vous. Il n'y a pas, dans ce film conçu comme une bulle, de regard géopolitique ni d'éclairage sur l'intervention américaine. Mais c'est pourtant bien d'engagement qu'il est question. Engagement absolu d'un soldat volontaire, un peu fou mais consciencieux, sauf lorsqu'il abuse de ses sensations fortes. Peut-on parler de héros ? De retour aux Etats-Unis, le sergent-chef donne l'impression d'être un sujet ordinaire. Cet homme, qui a tout pour être heureux et qui trouve l'existence bien fade hors de sa passion, a soudain quelque chose de nous.

     — Jacques Morice (Télérama)

     

     

    Terrifiant. La guerre filmée à hauteur d'homme, sans romance, dans un style sobre et documentaire.

    Vu le 6 mars 2017 (diffusion Arte-tv) 

     

     

      

     

     


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    L'hirondelle

    L'hirondelle

    Film dramatique Suisse, 2016, 102 min)

    Réalisation :  Mano Khalil

    Scénario : Daniel Casparis, Daniele Baumgärtl, Mano Khalil, Martina Klein

    Son : Jürg Lempen

    Photo : Revan Radween

    Montage : Thomas Bachmann

    Avec... Lilian Naef, Dejin Cemil, Christian-Samuel Weber, Bangen Ali...

    Producteurs : Mano Khalil, Tunje Berns

    Distribution :  Columbus Film

     

    Synopsis :  

    Citoyenne suisse, Mira, 28 ans, s'apprête à emménager avec Stefan, son compagnon. C'est alors qu'elle retrouve chez sa mère de vieilles lettres de son père. Elle découvre que contrairement à ce qu'elle a toujours cru, il n'est pas mort avant sa naissance, mais qu'il est retourné vivre en Irak. Mue par le besoin de renouer les fils de son histoire familiale, elle décide de partir à sa recherche. A peine arrivée à Erbil, elle fait par hasard la connaissance de Ramo, qui a vécu quelques années en Allemagne. Le jeune homme propose de lui servir d'interprète et de chauffeur au cours de son séjour. Confiante, Mira accepte...

     

    Dans la presse :

    Cinéaste d'origine kurde (né en Syrie), Mano Khalil connaît l'histoire de son peuple par coeur, pour en avoir rendu compte dans plusieurs documentaires, tous inédits en France. Sorti en salles uniquement en Suisse, son premier long métrage de fiction est un road movie, dans lequel une jeune Helvète sillonne le Kurdistan irakien en voiture à la recherche de son géniteur. Sans le savoir, elle est guidée par un homme qui traque la même personne, désireux de se venger — donc tueur éventuel (piste à peine explorée) en même temps qu'amant potentiel. La mise en scène retranscrit subtilement le vertige des personnages, confrontés à une histoire qui les dépasse. Ils sont filmés soit en plans serrés dans l'habitacle de leur voiture, avec un point de vue forcément limité sur la situation, soit en plans larges, héros minuscules perdus dans des paysages immenses.

    Si Khalil est démonstratif par moments, il se montre plutôt inspiré pour décrire la tragédie d'un pays qui n'existe pas, miné par la guerre et les rivalités intestines entre peshmergas. Ici, la nature semble paisible mais les traces du chaos sont partout : douilles sur le sol, palais de Saddam Hussein en ruine, rite d'initiation à la kalachnikov. Et, l'image la plus forte du film : un chantier à l'abandon, où des pelleteuses côtoient des immeubles inachevés. « Nous construisons le Kurdistan », proclame une pancarte. Ironie tragique. — Nicolas Didier (Télérama)

     

     

     Ce film évoque le douloureux sujet des Kurdes d'Irak dont certains furent enrôlés dans des milices par Saddam Hussein. Dans la propagande baasiste, ces paramilitaires kurdes étaient désignés les 'Cavaliers de Salahadin'. Dans l'usage kurde, les forces auxiliaires de la dictature baasiste étaient parfois collectivement désignées sous le nom de Jashayati. Après la chute de Saddam Hussein en mars 2003, ces combattants ne furent pas sanctionnés par les partis kurdes et le nouveau pouvoir de Bagdad les amnestia mais de nombreux Kurdes, et en particulier les soldats (Peshmergas) les considèrent comme des traitres. (source : note de synthèse rédigée par l'OFPRA en mai 2015 Kurdistan : situation des anciens paramilitaires kurdes ayant servi le régime de Saddam Hussein .

    Vu le 3 mars 2017 (diffusion Arte-tv) 

     

     

      

     

     


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  • Roman graphique

    Couleur de peau : miel / Jung 

    Couleur de peau : miel

    roman graphique.- Editions Soleil (Collection Quadrants), 4 tomes, 2007-2016

     

     

     

     

     

    Jun Jung-sik errait dans les rues de Séoul quand un policier l’a pris par la main pour l’emmener au Holt, un orphelinat américain. Il avait alors 5 ans. Quelques photos, un rapport d’orphelinat… Ses souvenirs tiennent à un fil. Mais les questions le taraudent.
    2007 : Jung décide de remuer les souvenirs ou les fantasmes de sa vie, en tout cas d’en finir avec une certaine période teintée de l’incertitude qui ronge. Il se raconte dans ce récit terriblement intime : sa survie en Corée, sa nouvelle famille belge. Une adoption pas toujours très réussie, contrairement à d’autres gamins. Mais cette histoire est la sienne : il a grandi avec, s’est construit avec, jours après jours, vaille que vaille. Les fous rires, les drames, le quotidien, les bêtises de gosses et les questions sans réponses… Sans aucune réponse ?

    (présentation de l'éditeur)

     

    Biographie de l'auteur

    Jung Sik Jun est né le 2 décembre 1965 à Séoul, en Corée. Adopté par une famille belge en 1971, il prend pour nom d'adoption Jung Henin. Il suit des études d'Humanités Classiques (latin et mathématiques) à l'Athénée Royal de Rixensart, avant de fréquenter un an, en 1985, l'atelier Saint-Luc de Bruxelles. Il étudie ensuite à l'académie des Beaux-Arts de Bruxelles, en section Illustration. Parallèlement, il fait un bref passage dans le dessin animé, à la Cambre. C'est en 1987 que sa carrière prend un tournant décisif, puisqu'il rencontre Marc Michetz, qui le présente au magazine Spirou. Cela lui permet d'illustrer quelques courts récits dans Spirou et Tintin. Il travaille alors quelques mois dans l'atelier d'Yslaire et de Darasse, et illustre aussi les couvertures du Belgian Business Magazine. En 1991, Jung publie le premier des quatre tomes de Yasuda, chez Hélyode-Lefranc. La finalité de ses dessins est pour lui de faire transparaître des émotions, des sentiments, avec des personnages bien présents, vivants. En 1997, en collaboration avec Martin Ryelandt, il réalise La Jeune Fille et le Vent, aux éditions Delcourt. L'univers asiatique de cette série d'heroïc-fantasy est un retour à ses origines coréennes, et le fantastique lui permet de renforcer le côté évocateur de son dessin, notamment pour le héros : le Vent. Il signe avec Kwaïdan son premier scénario, une nouvelle série qui frappe par la beauté des couleurs directes et la poésie subtile et raffinée qui émane de ce conte nippon.

     En 2006 , toujours en collaboration avec Jee Yun , il publie Okiya, un conte érotique japonais (1 tome). En 2007 le premier tome de Couleur de peau : miel, un récit autobiographique en noir et blanc pour les éditions Quadrants (MC productions), sort en librairie en même temps que le premier volume de la trilogie Kyoteru (Delcourt). En 2008 sort en France le second tome très attendu de Couleur de peau : miel. L’adaptation cinématographique qu’il a co-réalisé avec Laurent Boileau sort dans les salles de cinéma le 6 juin 2012.
     
     

     lu les 3 premiers tomes en février 2017 (emprunt médiathèque de lecture publique Françoise Giroud, Labarthe sur Lèze)

     

     

     


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    My sweet pepper land

    My sweet pepper land

    Film dramatique (France, Allemagne, Kurdistan, 2013, 95 min)

    Réalisation :  Hiner Saleem

    Scénario : Hiner Saleem, Antoine Lacomblez

    Musique : David Hirschfelder

    Image : Gale Tatersall

    Avec... Golshifteh Farahani, Korkmaz Arslan, Suat Usta...

    Producteurs : Marc Bordure et Robert Guédiguian

    Production : Agat films, Arte France cinéma 

    Distribution :  Memento Films distribution (France), Films Distribution (international)

     

    Synopsis :  

    Baran, ancien résistant contre Saddam Hussein et en faveur de l'indépendance kurde, retrouve sa vieille mère après une longue période éloigné d'elle. Celle-ci organise aussitôt de ridicules rencontres avec des jeunes filles dans le but de le marier au plus vite. Il fuit alors pour échapper à cette emprise familiale et accepte un poste de policier au commissariat d'un village isolé au nord du Kurdistan irakien, près de la frontière turque. Son prédécesseur a été assassiné, mais il va se donner pour digne mission de lutter contre la corruption et d'affirmer son autorité et celle de l'État pour que le pays retrouve la paix et la sécurité. Il se trouve très vite confronté à Aziz Aga, chef tribal mafieux qui règne en maître sur la région, jusqu'à tenir la justice sous sa coupe. Aziz affirme à Baran que la loi ancestrale clanique ne peut être soumise à la loi de l'État. Les hommes de main d'Aziz Aga viennent menacer Baran à plusieurs reprises.

    Dans le même temps, la belle et rebelle Govend, jeune femme très instruite qui a vécu dans un milieu plus urbain, obtient l'accord de son père, malgré la réticence brutale et le machisme paternaliste de ses nombreux frères, pour devenir l'institutrice du même village du nord du Kurdistan, là tout est à construire en matière d'éducation, tant le village est reculé et arriéré. Mais sa venue au village suscite bientôt la méfiance car son aspect et son comportement trop progressistes sont jugés incompatibles avec les traditions locales.

    Aziz Aga et ses adjoints, nerveux de la gâchette, règnent sur la région. Ils en veulent autant à l'institutrice qu'au policier, qui cherche à mettre son nez dans leurs petits trafics de drogue et de médicaments. Ils font courir la rumeur selon laquelle les deux nouveaux arrivants enfreignent les bonnes mœurs par une liaison amoureuse alors qu'ils ne sont pas mariés. Baran et Govend ne font pourtant que se rencontrer et échanger quelques impressions sur la musique, se soutenant l'un l'autre, alors que naît un sentiment entre eux. Les villageois, se sentant salis par ce supposé déshonneur, décident de retirer leurs enfants de l'école. Alors qu'Aziz Aga et ses miliciens entreprennent d'éliminer Baran, Govend, désespérée et dans une impasse, se décide à quitter le village, mais revient finalement dans les bras de Baran.

    En représailles d'une attaque, un groupe de résistantes kurdes décime le groupe d'Aziz Aga. Les frères de Govend essayent de la forcer à revenir vers leur père. En vain.

     

     

     Édifiant, instructif, ce récit rend hommage aux paysans britanniques qui surent s'organiser pour défendre leur dignité face à des propriétaires terriens qui les affamaient et les réduisaient à l'état d'esclaves, cela au milieu du XIXe siècle. Dans cette expression de la volonté de chaque homme d'être libre, courageux et digne, qui passe ici par une forme de confrérie clandestine par nécessité on pense à l'émergence des loges maçonniques qui ne sont pas l'apanage des classes supérieures de la société.

    Le mode de narration, les choix esthétiques, jusqu'à l'accent très heurté des personnages, les nombreuses ellipses qui jalonnent le film sont autant d'éléments qui bouleversent le spectateur.

    Vu le 1er mars 2017 (diffusion Arte-tv) 

     

     

      

     

     


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