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    Glenn Gould : une vie à contretemps

    Glenn Gould : une vie à contretemps

     

    Glenn Gould : une vie à contretemps / Sandrine Revel.- Paris : Dargaud, 2015 

     

     

     

     

     

    La biographie dessinée d'un génie de la musique.

    Glenn Gould, star planétaire de la musique classique, génie absolu et solitaire. Cette biographie retrace la vie du célèbre pianiste canadien pour tenter de comprendre sa personnalité cachée et en percer le mystère... Pourquoi a-t-il arrêté si brutalement sa carrière de concertiste ? Pourquoi est-il devenu une des premières figures de l'ère médiatique à vouloir disparaître ? Sandrine Revel met tout son talent au service de cette peinture magnifique d'un génie au mal-être tangible.

    présentation de l'éditeur


     Articles au fil de la presse...

     

    Quelle personnalité se cache derrière ce génie de la musique qui mit fin très tôt à une brillante carrière de concertiste pour se consacrer aux enregistrements en studio et à la production de documentaires radiophoniques ? Sandrine Revel met tout son talent graphique (et quel talent !) à explorer la vie d'un homme hors du commun. La biographie commence alors que Gould est victime de l'accident vasculaire cérébral qui lui sera fatal. Le scénario entremêle présent de l'hospitalisation et flashbacks sur les différents épisodes de la vie du musicien, éclairant ses manies et ses obsessions, ses rapports avec sa famille et ses proches, sa conception de la musique... S'entrecroisent petits épisodes narratifs ou graphiques, témoignages, interviews. Au final une biographie très documentée dans un très bel écrin graphique. - Le 01 09 2015, par Pascale Joncour (publié dans La Revue des livres pour enfants) 

     Quelle personnalité se cache derrière ce génie de la musique qui mit fin très tôt à sa carrière de concertiste pour ne plus se consacrer qu'aux enregistrements en studio et à la production de documentaires radiophoniques ? Dans un très bel écrin graphique où s'entremêlent petits épisodes narratifs ou graphiques, témoignages, interviews, une exploration très documentée de la vie de cet homme hors du commun, éclairant ses manies et obsessions, ses rapports difficiles avec ses proches et sa conception de la musique. - Le 01 11 2015 (publié dans La Revue des livres pour enfants. Sélection annuelle) 


    Livre BD « Glenn Gould, une vie à contretemps » : la biographie dessinée d'un génie de la musique

    Glenn Gould, star planétaire de la musique classique, génie absolu et solitaire. Cette biographie retrace la vie du célèbre pianiste canadien pour tenter de comprendre sa personnalité cachée et en percer le mystère... Sandrine Revel nous offre une biographie époustouflante de ce génie à la personnalité complexe.

    Livre BD  « Glenn  Gould, une vie à contretemps » : la biographie dessinée d'un génie de la musique
    Livre BD « Glenn Gould, une vie à contretemps » : la biographie dessinée d'un génie de la musique

    Pourquoi a-t-il arrêté si brutalement sa carrière de concertiste ? Pourquoi est-il devenu une des premières figures de l'ère médiatique à vouloir disparaître ? Sandrine Revel met tout son talent au service de cette peinture magnifique d'un génie au mal-être tangible.

    Un ami le définit ainsi : « Reste avec moi et tiens-toi à distance. » Pas facile à vivre, donc. Mais formidablement attachant sous le regard de Sandrine Revel, dont la vision empathique balaie toute forme de critique futile concernant son attitude, ses choix (il quittera la scène à 32 ans, en pleine gloire ) ou sa vie recluse. Une vie à contretemps fourmille d’anecdotes passionnantes, drôles et émouvantes racontées de manière virtuose au gré des souvenirs de chacun, au gré des flash-back entre l’enfance, la mort et la musique. Cette biographie vécue de l’intérieur, soutenue par un dessin aux couleurs magnifiques, plein de force et de douceur, est un voyage dans le génie et la solitude – voyage qui nous embarque même si on ne s’est jamais passionné pour Glenn Gould auparavant.


    Partagée entre l’illustration jeunesse et la bande dessinée, Sandrine Revel compte, depuis 1995, une vingtaine d’albums, mélangeant les genres, les styles et les techniques graphiques. Elle assure également de nombreux travaux d’illustration dans la presse, notamment pour Sud Ouest et Milan Presse ; l’idée de départ d’Un drôle d’ange gardien est d’ailleurs née d’un de ces travaux. En 2001, cette série reçoit l’Alph-Art jeunesse 7-8 ans à Angoulême. La peinture l’attire ; elle expose à Paris et à Bordeaux en 2012 une série de tableaux sur le thème de l’enfance.

    (source : France Musique)

     

    Lu en décembre 2018 (collection Médiathèque de Labarthe sur Lèze, Marianne)

     

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    Rocher de Brighton
    Rocher de Brighton

    Rocher de Brighton [titre original : Brighton rock] / Graham Greene, trad. de l'anglais par Marcelle Sibon.- Paris : Robert Laffont, 2016 (Collection Pavillon poche)

    (première édition originale : 1938)

     

     

     

     

    Pinkie Brown, jeune bandit de dix-sept ans à la cruauté sadique et au charme envoûtant, est prêt à tout pour venger le meurtre de Kite, le chef de son gang… y compris à épouser Rose, serveuse naïve et sans grâce. Son but est d’empêcher la jeune fille de témoigner contre lui dans l’affaire de la disparition d’un journaliste soupçonné d’avoir assassiné Kite.
    Lorsque Ida Arnold, séduite par le journaliste juste avant sa disparition, décide de stopper les agissements meurtriers de Pinkie, une course contre la montre s’engage.
    Entre les personnages hauts en couleur qui dominent l’histoire se joue un drame de vengeance, de férocité et de mort.
    Graham Greene a toujours avoué son penchant pour ce roman paru en 1938, mi-thriller, mi-fable morale, qu’il considérait comme l’un de ses meilleurs.

    présentation de l'éditeur


     Articles au fil de la presse...

     

    Avec "Brighton Rock", paru en 1938, Graham Greene révélait la face interlope de la station balnéaire anglaise, pourtant très prisée des familles. Une identité double, un mélange de grâce et de péché qui fascinait l'écrivain britannique. Qu'est devenue cette ville ? Retour à Brighton.

    Ce sont ses dernières minutes à vivre, mais il ne le sait pas encore. Ce journaliste, qui descend la Queen's Road en sortant du train de Londres, a eu le tort de revenir là où il peut être reconnu par les hommes de la bande à Pinkie Brown. Dans ce film de John Boulting (Brighton Rock, 1947), Brighton est la ville du meurtre, celle où les bandes rivales jouent du rasoir. Il a fallu négocier ferme pour le tournage, car autorités et notables ne voyaient pas d'un bon œil un film qui ne montrait pas la station balnéaire sous son jour le plus avantageux. Graham Greene (1904-1991), qui a coécrit le scénario, n'en fut d'ailleurs guère étonné : « Se seraient-ils formalisés davantage, écrit-il dans Les Chemins de l'évasion (1980), s'ils avaient su qu'en réalité la description de Brighton avait été, de ma part, œuvre d'amour et non de haine ? Aucune ville avant guerre, pas plus Londres que Paris ou Oxford, n'exerçait sur moi une telle emprise sentimentale. »

    “Si Brighton a toujours attiré 
    les familles, elle a aussi toujours 
    caché ses zones interlopes.”
    Geoffrey Mead, universitaire

    Si Brighton Rock est aussi resté dans les mémoires dans la longue bibliographie de l'auteur – plus d'une trentaine de livres –, c'est aussi parce que l'on y a vu une œuvre charnière, celle d'un homme converti au catholicisme en 1926. Or, « depuis le Rocher de Brighton, écrivait-il dans Les Chemins de l'évasion, j'ai été obligé de déclarer à de nombreuses reprises que je n'étais pas un écrivain catholique, mais un écrivain qui se trouve être catholique. » Brighton Rock, prototype presque parfait de ce qu'on a appelé le « greeneland », autre expression qu'il a réfutée, rassemble à la fois l'univers souterrain et à intrigue que Greene affectionnait et les thématiques qui lui étaient chères : la grâce et le péché, la souffrance sociale et la sexualité, la lutte entre le bien et le mal.

    Le mal ? Dans Brighton Rock, c'est Pinkie Brown, le « gamin », chef de bande de 17 ans, flottant dans un costume trop large, sorte de petit format haineux au visage hermétique. Il arrache les pattes des mouches et joue du rasoir, est orgueilleux à l'extrême et, pris de nausée à la moindre allusion sexuelle, ne cache que difficilement sa répugnance pour le « jeu » amoureux et tout contact charnel. Entouré de ses sbires, Cubitt, Spicer et Dallow, il sillonne les rues de Brighton et jalouse Colleoni, chef d'une bande rivale.

    Le bien ? Disons la candeur et l'innocence, c'est Rose, 16 ans, aveuglément amoureuse de Pinkie. Pour nuancer ce tableau trop évident, Ida vient s'interposer : un peu alcoolique, un peu trop offerte, elle incarne une forme de rédemption en voulant sauver Rose des pattes du petit malfrat. Quant à la ville, elle est ensoleillée et joyeuse, ou pluvieuse et inquiétante, à la fois paradis estival et enfer moral. Toujours ambivalente, comme elle le fut encore dans les années suivantes quand les mods et les rockeurs, « troublemakers », comme disaient les actualités, s'affrontaient à coups de transats.

    Les dactylos, les vendeuses et les coiffeuses 
    qui “attendaient qu'on les ramasse”, comme écrivait 
    Graham Greene, sont peut-être toujours là.

    En cette mi-juillet, la plage est presque déserte, balayée par un vent violent et battue par une mer verte crachant écume et embruns. Le spectre du West Pier, vestige calciné du XIXe siècle, a l'apparence d'une immense cage à oiseaux anthracite. L'autre jetée, le Brighton Pier, est toujours illuminée et attire les touristes. Les bandes d'aujourd'hui n'ont rien d'un film noir et blanc. Vers six heures du soir, des grappes de filles en débardeur fluo, juchées sur des talons hauts comme des échasses, avancent dans le vent derrière leurs poings serrés pour se protéger le visage ; des hordes d'écoliers espagnols se déplacent en dévorant les doughnuts achetés aux baraques du Brighton Pier, surveillées par des mouettes à l'affût.

    La fête bat son plein : une musulmane voilée crie de peur (ou de joie) dans un wagonnet tournoyant, et les pubs bruissent de rires et d'éclats de voix. Romance et bière. Les dactylos, les vendeuses et les coiffeuses qui « attendaient qu'on les ramasse », comme écrivait Graham Greene, sont peut-être toujours là, déambulant devant les hôtels victoriens par deux ou trois avec leurs épaisses nattes aux reflets de cuivre. A moins qu'elles n'aient laissé la place à ces promeneuses solitaires qui marchent sac à dos et appareil photo en bandoulière, regards tournés vers la mer plutôt que vers les quelques punks bien tranquilles dont les chevelures griffées sont les seules aspérités menaçantes. Les airs aussi ont changé. Ce ne sont plus les rythmes des Who ni des Stray Cats, qui ont chanté Brighton, mais ceux, plus saccadés, de Rihanna, dont les « Na na na na na come on » giclent des voitures jusque tard dans la nuit.

    “C'est aux marges des sociétés qu'on en sent 
    l'amplitude, c'est dans leur paroxysme qu'on 
    comprend les mouvements de l'homme.” 
    Graham Greene

    La dégaine de Pinkie, on peut la retrouver dans les boutiques de mode ou de surplus vintage, près de Kensington Street, où les promeneurs chinent des tee-shirts ou des robes tamponnées années 1960. Non loin du Royal Pavilion, l'invraisemblable meringue architecturale construite au début du XIXe siècle, se trouvent encore les bâtiments prolétaires de Milner Flats, là où certains immigrés anglicisent leur nom pour trouver du travail. « Les écrivains le savent, déclarait Graham Greene à Téléramaen avril 1983, c'est aux marges des sociétés qu'on en sent l'amplitude, c'est dans leur paroxysme qu'on comprend les mouvements de l'homme. » En cherchant bien, son Brighton est toujours là, obscur et phosphorescent, bruyant et chuchotant. Le romancier avait bien choisi sa ville.

    Gilles Heuré (Télérama)


     

     

     

    Roman noir. Brighton est la toile de fond d'un drame. Il y est question de jeunes gens vivant dans la misère pécuniaire et affective, la peur de la sexualité,... aspirant à gagner qui un peu de soleil, qui un peu d'amour. L'auteur sème des petits cailloux dans son intrigue policière : le Rocher de Brighton, sucrerie typique de la ville britannique, le disque vinyle que l'on enregistre sur la promenade balnéaire pour les 'souvenirs'. Boulogne qui scintille au loin, sur la côte française. La misère côtoie aussi bien la pègre que les Londoniens en villégiature

    Lu en novembre 2018 (collection Médiathèque de Labarthe sur Lèze, Marianne)

     

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    Un printemps à Tchernobyl
    Un printemps à Tchernobyl

    Un printemps à Tchernobyl / Emmanuel Lepage.- [Paris] : Futuropolis, 2012

     

     

     

     26 avril 1986. À Tchernobyl, le coeur du réacteur de la centrale nucléaire commence à fondre. Un nuage chargé de radionucléides parcourt des milliers de kilomètres. Sans que personne ne le sache… et ne s’en protège. C’est la plus grande catastrophe nucléaire du XXe siècle. Qui fera des dizaines de milliers de victimes. À cette époque, Emmanuel Lepage a 19 ans. Il regarde et écoute, incrédule, les informations à la télévision.

    22 ans plus tard, en avril 2008, il se rend à Tchernobyl pour rendre compte, par le texte et le dessin, de la vie des survivants et de leurs enfants sur des terres hautement contaminées. Quand il décide de partir là-bas, à la demande de l’association les Dessin’acteurs, Emmanuel a le sentiment de défier la mort. Quand il se retrouve dans le train qui le mène en Ukraine, où est située l’ancienne centrale, une question taraude son esprit : que suis-je venir faire ici ?

     présentation de l'éditeur

     

     Articles au fil de la presse et des blogs...

     

    Publié en 2012 chez Futuropolis, ce carnet d’un voyage à Tchernobyl, exécuté en bande dessinée par Emmanuel Lepage, constitue sans doute l’un des travaux les plus impressionnants existant sur l’après-catastrophe nucléaire contemporaine, n’étant surpassé, peut-être, que par le beau et glaçant de sobriété « Week-end à Pripiat » de Patrick Imbert.

    Le compte-rendu minutieux de cette résidence d’artiste destinée au témoignage, effectuée vingt-deux ans après la catastrophe de 1986, parvient à dégager, avec beaucoup d’honnêteté, le complexe entrelacement de données et de sensations entourant encore aujourd’hui le désastre nucléaire une fois, justement, « lâché dans la nature », ayant échappé à son confinement technologique : angoisse de la radiation, de la poussière et de la cellule mutante, matérialisée par le souci constant du dosimètre (angoisse qui était peut-être en soi la pièce centrale du « Fukushima – Dans la zone interdite » de William T. Vollmann en 2011) ; hommage paradoxal aux milliers de « nettoyeurs »  et « liquidateurs » sacrifiés pour éviter une catastrophe d’encore plus grande ampleur, lorsqu’il s’agit à l’époque de colmater tant bien que mal le réacteur fondu toujours terriblement menaçant ; réflexion sourde, désenchantée et ambiguë, tant chez les reporters français dessinateurs que chez les populations locales qui les accueillent, autour de la fin du communisme en Union Soviétique, symboliquement accélérée entre 1986 et 1991 par cette faillite technologique brutale intervenant au sein d’une faillite économique et politique alors presque inexorable, avec tous ses éléments de nostalgie pas si paradoxale, exprimée avec tant de justesse et de vérité par la Svetlana Alexievitch de « La fin de l’homme rouge » (2013), après justement son « La supplication » (1997), consacré aux habitants de Tchernobyl et de ses environs, et toujours interdit de nos jours en Biélorussie ; étrange malaise ressenti tout au long du séjour par les artistes français, se demandant par moments quel peut être le sens de leur action et de leur témoignage, confronté à la manière dont les Russes, Biélorusses et Ukrainiens du périmètre maudit vivent, meurent et s’accommodent comme ils le peuvent des résidus mortels de l’apocalypse localisée vécue ici.

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    L’une des réussites les plus exemplaires, et peut-être les surprenantes, de cette bande dessinée de témoignage est sa capacité, au-delà de la seule splendeur de ses images, à restituer vivement les deux paradoxes les plus puissants à l’œuvre dans ce que le philosophe et épistémologue Jean-Pierre Dupuy appelle la « métaphysique des catastrophes » (« Retour de Tchernobyl – Journal d’un homme en colère », 2006) : le contraste entre le péril permanent, mortel et invisible, qui demeure là, alors qu’une nature magnifique, livrée à elle-même en apparence, se développe avec fureur, d’une part, et l’écart entre la crainte, rationnelle ou irrationnelle, des visiteurs et la résignation légèrement fataliste des habitants confrontés au quotidien à un « Il faut bien vivre ici » qui semble dépasser l’entendement, d’autre part.

    Les droits de ce deuxième documentaire dessiné d’Emmanuel Lepage (après son « Les îles de la désolation », consacré en 2011 aux Terres australes et antarctiques françaises) ont été reversés à l’association « Enfants de Tchernobyl ». La BD « Les fleurs de Tchernobyl – Carnet de voyage en terre irradiée », qui constituait le résultat direct de la résidence (« Printemps à Tchernobyl » étant plutôt, d’une certaine manière, la mise en abîme de la résidence elle-même), publié en 2008, a été réédité fin 2012 dans une version revue et augmentée à la Boîte à Bulles.

    Avec ses immenses qualités, et même ses quelques défauts, ses paradoxes honnêtement livrés et ses naïvetés confrontées à la dureté et à la complexité du réel, cet album de 160 pages est sans doute l’un des plus réussis documentaires dessinés de ces dernières années.

    charybde27-le blog

     Anthony Boyer, rue89 (nouvelobs.com)


    Emmanuel Lepage est né à Saint-Brieuc en 1966 et vit toujours en Bretagne. Sa vocation naît dès son enfance, marquée par la rencontre avec Jean-Claude Fournier, dessinateur de Spirou. Une partie de son œuvre manifeste un goût pour le voyage et l’aventure, tant pour la réalisation de carnets de voyage (BrésilAmerica, 2003) que pour des fictions (La Terre sans mal, scénario Anne Sibran, 1999) ou encore des documentaires (Australes – deux récits du bout du monde, 2011-2014). Un printemps à Tchernobyl est publié en même temps qu’un carnet de voyage intitulé Les Fleurs de Tchernobyl aux éditions La Boîte à bulle, dont les profits ont été reversés à l’association Les enfants de Tchernobyl.

    Résumé

    En 2008, l’auteur a décidé de rejoindre le collectif des Dessin’Acteurs [Une association militante qui vise à mener des actions concrètes pour publier des ouvrages dont les fonds sont collectés au profit des causes défendues] pour participer à une résidence d’artistes dans la zone interdite de Tchernobyl, en Ukraine, irradiée après l’explosion du réacteur nucléaire le 26 avril 1986. Emmanuel Lepage arrive dans le village de Voldarka, à 20 kilomètres de la zone interdite, où il résidera pendant plusieurs semaines. La découverte de Tchernobyl est celle d’une ville fantôme, avec des infrastructures modernes et des réacteurs encore inachevés. À chaque sortie à l’air libre, il faut se protéger et surveiller le dosimètre pour ne pas s’exposer trop dangereusement.  Les soirées fournissent des occasions de rencontrer la population locale, et comprendre combien leurs vies sont attachées à la présence du réacteur. Pauvres et sans illusions, ils n’imaginent pourtant pas vivre ailleurs et gardent une force morale à toute épreuve.

    Au fur et à mesure que les jours passent, Emmanuel Lepage découvre que le monde dans lequel il est plongé n’est pas uniformément empoisonné, d’abord parce que la joie de vivre des habitants rompt avec l’image funeste attendue, mais aussi parce la zone a été contaminée de façon aléatoire, laissant certains espaces purs. Les images en noir et blanc (lavis d’encre de chine ou aquarelle couleur sépia) laissent subitement place à des représentations colorées (craies et pastels de couleurs vives) de la nature en pleine zone radioactive, ce qui surprend et même met mal à l’aise l’auteur, qui voit son projet de témoignage de la catastrophe détourné malgré lui. La contamination est invisible, et si la résilience de la nature est spectaculaire, la menace d’un danger impalpable reste pesante. Ambiguë, l’expérience est ambigüe, elle relève tantôt de la survie en milieu hostile, tantôt de la robinsonnade insouciante. Loin d’être un voyage en enfer, elle se présente plutôt comme une rencontre avec la vie, dans ce qu’elle est de plus primitif, une énergie qui se déploie et croît sans espoir de devenir. Bien que relevant du genre documentaire, cette bande dessinée rejoint le récit initiatique.

    La présence de la question environnementale dans le texte :

    Les thèmes écologiques sont-ils centraux ou marginaux dans le texte ?

    Les conséquences de la catastrophe nucléaire constituent le point de départ de ce récit, qui se présente comme un témoignage du monde irradié. Mais la sensibilité écologique de cette BD est plus subtile que ne le serait une description d’un monde post-apocalyptique, car l’auteur, par l’observation attentive de son environnement, découvre un nouvel équilibre où cohabitent une nature préservée et une nature empoisonnée, qui sont si étroitement mêlées qu’il est difficile d’en trouver une juste représentation.

    Les événements liés à l’écologie sont-ils réels ou imaginaires ?

    La catastrophe de Tchernobyl est un événement réel qui demeure un traumatisme dans la mémoire collective. Emmanuel Lepage, qui a 20 ans au moment des faits, a lui-même été marqué par ce qu’il a pu en apprendre par les médias et à travers les discours politiques.

    Le texte et/ou les images font-ils apparaître des personnages assimilables à des figures typiques en lien avec l’écologie ?

    Non.

    Citation

    Planche double pages 112-113 : Une bande de six cases carrées en noir et blanc représentent l’auteur en train de dessiner en pleine forêt. Case 1 : « ce que j’ai face à moi, ce que je dessine n’est pas la vérité », case 2 : « Je ne vois pas le désastre, mais une explosion de couleurs resplendissantes. », case 3 : « Seul le compteur me dit :’C’est contaminé, ne reste pas là !’ », case 4 : « Comment dessiner l’invisible ? », case 5 : « J’avais imaginé dessiner des forêts noires, des arbres tordus, décharnés, étranges ou monstrueux… / J’avais mes craies noires, mes encres sombres, mes fusains… », case 6 : « Mais la couleur s’impose à moi. »

    En-dessous, pleine page, le dessin à la craie dans des couleurs vert acidulé, bleu, jaune des troncs de la forêt : « Mon dessin ne dit rien du réel. / Quelle étrangeté que de devoir représenter ce que je ne vois pas, ne ressens pas ! Mes sens me disent le contraire de ce que m’indique le dosimètre ! / Je suis pris de vertige. / Pripiat, ville désolée, colle à ce que j’imaginais de la catastrophe, correspond à l’image que je me faisais du désastre. / Mais ici, dans la zone ? Cette vibration subtile des couleurs couvre l’effroyable réalité qui se cache à mes yeux. / Dessiner, c’est soulever la surface du visible et je me sens impuissant. / Va pour Pripiat et ses rues vides et grises, mais les forêts bleues ? / Quoi, alors ? La beauté ? Comment ça, la beauté ? »

     

    ecolitt.univ-angers.fr

    Lorsque Frédéric Boyer, notre professeur de Français (en 1983, j'étais peut-être en 4e, j'avais 13 ans) nous demanda tout à trac de rédiger une petite dissertation ayant pour sujet "l'atome" je me souviens avoir été effleurée par l'envie d'écrire un texte à charge contre les dcéouvertes qui nous valent ces sinistres cheminées de refroiudissement d'où s'échappent des volutes de vapeur. Et puis j'ai eu peur d'apparaître rétrograde, j'avis eu des conversations avec mon père qui était plutôt confiant, si ma mémoire ne me trahit pas, dans cette technologie 'miraculeuse'. Alors j'ai écrit un devoir très tiède et tempéré, dans lequel je m'accommodais un peu vite du progrès... Avec le recul, je réalise que la catastrophe de Tchernobyl s'est déroulée 3 ans plus tard.

    Les planches d'Emmanuel Lepage, tout comme ce courageux projet de se rendre à Tchernobyl pour restituer l'innommable, 20 ans après le drame, au mépris des dangers, sont lumineuses, aussi bien que les rencontres humaines, et cette étonnante conclusion : la zone contaminée, condamnée, se couvre d'une végétation chatoyante : un paradis désormais perdu pour l'homme, trop fragile pour risquer de subir les puissantes radiations du césium 137,  du strontium 90 etc. disséminées partout.

    Lu le 10 octobre 2018 (mediathèque de Labarthe sur Lèze,  Marianne)

     

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    Un homme heureux
    Un homme heureux

    Un homme heureux [titre original : Onnellinen mies] / Arto Paasilinna, trad. du finnois par Anne Colin du Terrail.- Paris : Gallimard, 2007 (Collection Folio)

     

     

     

     

    L'ingénieur Akseli Jaatinen a été chargé de construire un nouveau pont dans le village de Kuusmäki, à l'endroit même où, pendant la guerre civile de 1918, une sanglante bataille a opposé blancs et rouges – épisode dont la mémoire continue de diviser les habitants de la commune. 
    Dans ce milieu fermé, Jaatinen aura vite fait de s'attirer des inimitiés par ses méthodes peu conformistes. De bisbilles en provocations, les relations se tendent entre les notables locaux et le nouveau venu, qui se fait non seulement rosser et humilier, mais aussi finalement renvoyer de son poste d'ingénieur. Mais Jaatinen n'est pas homme à se laisser faire. Méthodiquement, il met en œuvre une diabolique vengeance dont ses persécuteurs se mordront amèrement les doigts… 
    Maître de la satire, Paasilina récidive avec Un homme heureux et offre une fable politique grinçante, mâtinée de western à la sauce finnoise, où il brocarde avec plaisir l'hypocrisie et le conformisme.

    présentation de l'éditeur


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    Roman atypique, satirique, relatant les tribulations d'un ingénieur en génie-civil dans un petit village au fin-fond de la Finlande (dans la même 'veine' que 'Le lièvre de Vatanen' du même auteur, qui narrait les aventures d'un journaliste en rupture de ban avec la société, qui s'essayait à toutes sortes de petits métiers de journalier, au gré de son voyage. Mais ici nous avons à faire à un ingénieur / entrepreneur très talentueux qu'aucune difficulté technique n'arrête, confronté à une  administration municipale frileuse et routinière. Les parallèles avec ce que nous pouvons connaître des administrations locales en France sont amusants.

    Lu en septembre 2018 (collection personnelle Marianne)

     

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    Le suspendu de Conakry
    Le suspendu de Conakry

    Le suspendu de Conakry / Jean-Christophe Rufin.- Paris : Flammarion, 2018

     

     

     

     

     

     

    Comment cet Aurel Timescu peut-il être Consul de France ? Avec son accent roumain, sa dégaine des années trente et son passé de pianiste de bar, il n’a pourtant rien à faire au Quai d’Orsay. Il végète d’ailleurs dans des postes subalternes.

    Cette fois, il est en Guinée, lui qui ne supporte pas la chaleur. Il prend son mal en patience, transpire, boit du tokay et compose des opéras… Quand, tout à coup, survient la seule chose au monde qui puisse encore le passionner : un crime inexpliqué.

    Suspendu, ce plaisancier blanc ? À quoi ? Au mât de son voilier, d’accord. Mais avant ? Suspendu à des événements mystérieux. À une preuve d’amour qui n’arrive pas. À un rêve héroïque venu de très loin… En tout cas, il est mort. Son assassinat resterait impuni si Aurel n’avait pas trouvé là l’occasion de livrer enfin son grand combat.

    Contre l’injustice.

    Avec tout son talent d’écrivain (Rouge Brésil, prix Goncourt 2001, Le Collier rouge, Immortelle randonnée…) et son expérience de diplomate (comme ambassadeur de France au Sénégal), Jean-Christophe Rufin donne vie à Aurel et nous le présente dans une première histoire. Ne nous y trompons pas : suivre cet anti-héros au charme désuet est un plaisir de lecture mais aussi un moyen de découvrir les secrets les mieux gardés de la vie internationale.

    présentation de l'éditeur


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    Roman policier : l'excentricité du personnage principal, Aurel, vice-consul de France originaire de Roumanie, fait tout  le sel de cette énigme policière menée tambour battant dans la marina de Conakry. Divertissant, rythmé !

    Lu en juillet 2018 (collection personnelle Marianne)

     

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